La résidence Avel Genwerzh, qui accueille des personnes âgées à Concarneau (Finistère), connaît un mouvement de grogne du personnel paramédical. La direction comprend les revendications et subit une situation qui ne lui convient pas non plus, mais est contrainte, faute de candidats, de faire appel à l’intérim.
La banderole « SOS Ehpad. Ehpad en souffrance », ne sera restée affichée qu’une journée sur la grille d’entrée de la résidence pour personnes âgées Avel Genwerzh de Concarneau (Finistère).
Audrey Merlet, directrice de territoire pour la fondation Massé-Trévidy, la structure qui a en gestion la résidence, l’a rapidement fait enlever. Pas parce qu’elle est en désaccord avec le fond du message, mais plus pour la forme, et surtout parce que la situation peut avoir des répercussions anxiogènes pour les familles des résidents.
Pas assez de titulaires
« Il y a actuellement clairement des difficultés de ressources humaines dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), admet la cadre de santé. Le phénomène est accentué à Concarneau, du fait que l’établissement est récent. Nous avons construit une équipe de toutes pièces à l’ouverture de la résidence, il y a un peu moins de deux ans. »
Près de 23 mois plus tard, la fondation Massé-Trévidy n’est toujours pas parvenue à fonctionner avec une majorité d’agents titulaires, principalement sur les postes d’aides-soignants. Sur les 22 postes théoriques, dix sont pourvus par des titulaires, douze par des intérimaires.
À son ouverture, l’établissement a reçu une autorisation lui permettant d’accueillir 108 résidents. Quarante chambres ont été accordées à des personnes âgées originaires de la commune d’Ergué-Gabéric, qui ont déménagé avec leurs agents soignants en février 2021.
Appel à des intérimaires
Sur les soixante-huit chambres attribuées en gestion à la fondation Massé-Trévidy, seules soixante sont aujourd’hui occupées. « Depuis cet été, nous avons fait le choix de ne pas réaliser d’entrées pour soulager le personnel », regrette Audrey Merlet.
Reste qu’aujourd’hui, il est compliqué pour de nombreuses structures de recruter du personnel paramédical. « Nous faisons appel à des intérimaires, qui choisissent leurs horaires, sont remboursés de leurs frais kilométriques et ont des salaires majorés, avec une prime de précarité de 10 % et une autre du même montant pour les congés payés. »
Dans ces conditions, il est compliqué de lutter pour l’employeur. Le personnel sous statut intérimaire a reçu la même formation mais doit s’adapter au fonctionnement de l’établissement. « Ce temps d’adaptation nuit à l’efficacité, regrette Audrey. Il augmente aussi la charge de travail des titulaires qui sont beaucoup plus sollicités et s’épuisent. Finalement, c’est une prestation plus chère et de moins bonne qualité. »
Pour le moment, l’établissement ne peut que constater et subir une situation qui lui échappe. La balle est clairement dans le camp du législateur. Croisées dans les couloirs de l’établissement, les déléguées du personnel n’ont pas souhaité s’exprimer.
Philippe GUEGAN