Condamnation de Marine Le Pen : la France insoumise rappelle ses principes face à l’hypocrisie du RN (LI.fr-1/04/25)

Dans ses colonnes, L’insoumission rappelle les positions de LFI au sujet de la récente condamnation de Marine Le Pen par la justice pour avoir détourné 4,1 millions d’euros d’argent public. Des positions souvent déformées et caricaturées par la classe médiatique, cherchant toujours un moyen de dénigrer les positions du mouvement insoumis pour tenter de le disqualifier. Notre Désintox.

« Marine Le Pen est l’incarnation du système qu’elle prétend dénoncer » : ce que dit vraiment LFI au sujet de la condamnation de la cheffe de file du RN

À aucun moment la France insoumise n’a pris la défense de Marine Le Pen ou remis en cause la probité des juges. 

Les faits dont Marine Le Pen et 23 membres du RN ont été reconnus coupables en première instance sont d’une gravité exceptionnelle. Marine Le Pen a, selon le jugement, orchestré un système de détournement des assistants parlementaires européens de certains eurodéputés RN au profit du parti, soit 4,1 millions d’euros de préjudice. Ces faits sont dangereux pour la démocratie, car ils ont permis au RN de bénéficier de plus d’argent que les autres et donc de fausser le cours de la vie électorale du pays. Cela a donc valu à Marine Le Pen, au-delà de l’inéligibilité, une peine de quatre ans de prison, dont deux fermes.

La France insoumise a pris acte de la décision de justice. À cet égard, les menaces qui pèsent sur la juge ayant prononcé le jugement sont intolérables et montrent bien le danger que représente l’extrême droite. La France insoumise ne conteste pas non plus le principe d’une peine d’inéligibilité. Le programme « L’Avenir en commun » prévoit par exemple l’inéligibilité pour les personnes condamnées pour corruption.

En revanche, conformément à la position que LFI a toujours exprimée, les insoumis ne sont pas d’accord avec l’exécution immédiate de la peine d’inéligibilité (appelée « exécution provisoire » en droit). Cette dernière semble contestable du point de vue du droit à un recours effectif, principe fondamental de l’État de droit qui découle de l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cette position est d’ailleurs partagée par la vice-présidente de la LDH et magistrate honoraire Évelyne Sire-Marin. Comme les insoumis, elle sait que les dispositifs juridiques visant à priver les justiciables de leur droit de recours sont souvent utilisés dans la répression contre les syndicalistes, les militants écologistes ou le mouvement social en général. Ce n’est bien sûr pas le cas ici, mais pour les insoumis, les principes en la matière ne peuvent pas être à géométrie variable.

La France insoumise porte dans son programme une justice au nom du peuple, assurant la défense de l’intérêt général et l’égalité entre les justiciables. Les insoumis n’ont pas le droit à géométrie variable et s’opposent au principe de l’exécution immédiate dès lors qu’elle va contre le principe fondamental du droit à un recours effectif. Imaginons en effet qu’une peine d’inéligibilité exécutée provisoirement soit suivie d’une relaxe en appel. Dans cette situation, le peuple aurait été privé de sa souveraineté et du choix de ses représentants. 

Au-delà du cas spécifique de cette affaire qui ne semble pas en présenter de signes tant les faits semblent caractérisés, les risques d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques peuvent exister. Au Brésil, Lula a par exemple été empêché de se présenter à l’élection présidentielle de 2018 en raison d’une peine d’inéligibilité prononcée alors que tous les recours n’avaient pas été épuisés et que le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU demandait la levée de cette inéligibilité. L’élection s’était soldée par la victoire de Jair Bolsonaro. Lula a finalement été reconnu innocent en appel et il a pu se présenter et remporter les élections de 2022.

Dire cela, ce n’est en aucun cas soutenir Marine Le Pen et les faits qu’elle a commis. Au contraire, alors que LFI reste fidèles à ses principes, même quand cela peut sembler arranger des ennemis politiques, l’hypocrisie de Marine Le Pen et du RN, elle, éclate au grand jour. En 2004, Marine Le Pen disait : « tout le monde a piqué de l’argent dans la caisse sauf le Front national ». En 2013, elle se disait favorable à l’inéligibilité à vie pour toute personne condamnée pour détournement de fonds publics : « J’ai entendu le président de la République dire qu’il faudrait rendre inéligibles à vie ceux qui ont été condamnés, jusque-là j’étais complètement d’accord, c’était dans mon projet présidentiel, pour corruption et fraude fiscale. Et pourquoi pas le reste ? Pourquoi pas pour détournement de fonds publics ? ». Enfin, si le programme de Marine Le Pen était appliqué, elle devrait passer ses deux ans de prison ferme derrière des barreaux et non avec un bracelet électronique. 

Marine Le Pen est l’incarnation du système qu’elle prétend dénoncer. Certains de ses lieutenants ont, pour la défendre, estimé que la condamnation de Nicolas Sarkozy, qui a été corrompu par une puissance étrangère, était aussi une atteinte à la démocratie. Ce que le RN veut, c’est l’impunité pour une caste de privilégiés. Il n’a jamais eu un mot pour les Gilets jaunes, syndicalistes et militants associatifs victimes de répression. C’est pour cela que l’internationale réactionnaire, de Poutine à Trump en passant par Orban, s’est bousculée à sa rescousse. 

Les insoumis ont aussi mis en garde contre toute illusion qui consisterait à penser qu’une procédure judiciaire pourrait leur éviter de battre politiquement l’extrême droite. Les procès, et même les condamnations dans le passé récent de personnalités comme Donald Trump aux États-Unis ou Silvio Berlusconi en Italie ne les ont pas empêchés de continuer leur œuvre néfaste. Pour vaincre l’extrême droite, il faut se battre pied à pied, proposer une option de rupture avec le système et construire une alternative populaire anti-raciste. Les Insoumis continueront sur ce terrain avec la même détermination.

Cette affaire montre la nécessité de passer à la 6e République pour le respect de la souveraineté populaire. Les citoyens ne doivent pas être tenus à l’écart de la vie publique. C’est le fondement de la démocratie. Face à des faits aussi graves, le peuple doit pouvoir voter et choisir de destituer ou non les élus qui le représentent. C’est ce que permettrait le référendum d’initiative citoyenne, en donnant la possibilité de révoquer des élus dès lors qu’un nombre suffisant de signatures est réuni.

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Source: https://linsoumission.fr/2025/04/01/condamnation-le-pen/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/condamnation-de-marine-le-pen-la-france-insoumise-rappelle-ses-principes-face-a-lhypocrisie-du-rn-li-fr-1-04-25/↗

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