
De très longues séquences de travail dans des conditions plutôt rudes : un participant volontaire raconte son expérience de mise sous pli de la propagande électorale organisée par la préfecture dans la perspective des élections européennes.
Par Olivier SCAGLIA.
« Les services ne se sont pas rendu compte de ce qu’ils demandent aux gens, même s’ils viennent ici de leur plein gré », témoigne le fringant trentenaire. Il était au nombre des 670 volontaires mobilisés par la préfecture du Finistère pour la fastidieuse mise sous pli de la propagande électorale légale destinée aux 715 000 électeurs du département. Chaque administré doit la recevoir dans sa boîte aux lettres avant les élections programmées ce dimanche 9 juin pour renouveler le parlement européen. Il était sur l’une des quarante tables de six personnes aménagées dans l’une des salles du parc des expositions de Penvillers, à Quimper loué par la préfecture pour cette occasion. « Cette opération a eu lieu en régie, selon les règles habituelles en vigueur », indiquent les services de la préfecture.
« On a tout fait en courant »
Chaque table s’était vue assigner comme objectif quotidien la composition de 3 000 enveloppes contenant 27 feuilles de communication politique des candidats ayant pu en financer l’impression. « J’ai commencé à 7 h 45 et terminé à 20 h 30 avec dix minutes de pause le midi », rapporte ce participant qui préfère garder l’anonymat.
On a tout fait en courant. Ces conditions de travail nous ont tous fusillés
« J’ai compté douze heures trente de travail lors de ma seconde journée », précise-t-il, n’en revenant toujours pas des conditions plutôt difficiles dans lesquelles ont été organisées les longues séquences de mise sous pli. « On a tout fait en courant. Ces conditions de travail nous ont tous fusillés », commente-t-il en évaluant un sérieux problème d’organisation et soulignant la participation de retraités. « Je peux concevoir que la mission puisse être intense. Mais dans ce cas les organisateurs auraient dû prévenir ».
« Cet atelier s’est déroulé sur six jours en tout et s’est terminé dans les délais prévus. L’objectif de mise sous pli a ainsi été atteint grâce à cette organisation et à la mobilisation de l’ensemble de ces volontaires », répondent de leur côté les services de la préfecture.
Conditions de travail
Participant volontaire selon lequel la tension serait même montée dans l’éphémère collectif de travail payé à la tâche. « Nous ne connaissions pas exactement le montant de la rémunération jusqu’à ce que le préfet lui-même vienne confirmer le tarif de 54 centimes l’enveloppe », rapporte le trentenaire.
Je suis censé toucher 390 € nets pour une mission équivalant pour moi à 23 heures trente de travail
« Je suis censé toucher 390 € nets pour une mission équivalant pour moi à 23 heures trente de travail ». « Correct du point de vue du niveau de rétribution mais définitivement pas exemplaire du point de vue des conditions de travail », estime le jeune homme. « Un employeur de droit privé n’aurait jamais pu faire ça. On est ici dans un cadre dérogatoire, mais tout de même », dit-il en dénonçant l’invisibilité de la durée réelle de travail masquée par le principe du travail à la tâche.
Contactés et interrogés par différents canaux et à plusieurs reprises dans l’après-midi de ce mercredi 5 juin, les services de la préfecture n’avaient pas répondu à l’heure ou nous publions cet article.
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