
Urgences. La Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques (Dress) du Ministère de la santé s’alarme d’un temps moyen aux urgences passant de 2 heures 15 d’attente en 2013 à 3 heures en 2023. Une situation aggravée par la casse structurelle du système de santé français. L’Insoumission revient sur les causes d’une telle catastrophe, amplifiée par les politiques macronistes. Notre article.
Aux urgences, un constat alarmant
Lors d’un entretien à la matinale de RTL (RTL, 20/03/2025), Pierre Schwob, infirmier aux urgences à Clichy, fait état d’un « système de santé à la dérive ». Selon lui, le nombre de patients a été doublé par deux en l’espace de douze ans, et le nombre de lits n’a pas cessé de baisser. Le taux d’occupation aux urgences est passé de « 80 % à plus de 200 % ». La crise des urgences est symptomatique de la défaillance du système. Près d’un quart des patients mentionnent en effet un problème pour obtenir un rendez-vous médical par ailleurs, et vont ainsi aux urgences selon la Dress.
Les urgences sont vite débordées en raison du manque chronique de personnels dans les services. Une situation particulièrement importante en Seine-Saint-Denis, premier désert médical de France où 92,8 % du département est considéré désert médical avancé par l’Agence régionale de santé (ARS) (Les Échos, 22/07/2022). Une autre enquête de la Dress datant de juillet 2024 faisait état de 8 % des services d’urgences ayant dû fermer complètement dans les trois mois précédant l’enquête, 23 % ayant dû réguler leur accès, 19 % déclaraient alors un manque de médecins. Enfin, entre 2013 et 2023, l’affluence dans les services a augmenté de 13 % (Le Monde, 12/07/2024).
Le travail des médecins urgentistes est ainsi de plus en plus difficile, voire impossible et la désorganisation des services les pousse progressivement à démissionner, aggravant encore le problème. En effet, selon une mission Flash commandée par le Ministère de la Santé, « La pénibilité de la permanence des soins entraînerait près de trois quarts des médecins à considérer l’hypothèse d’un départ de l’hôpital public dans les 5 ans » (Mission Flash, juin 2022). Ainsi un homme de 80 ans est décédé après 10 heures d’attente sur un brancard aux urgences du CHU de Nantes (L’Insoumission, 24/01/2025). Plus de 150 personnes ont été tuées à l’hôpital en un mois faute de moyens (L’Insoumission, 21/03/2024).
Pour aller plus loin : Macron et l’hôpital en 10 chiffres : pourquoi plus de 150 personnes ont été tuées en un mois faute de moyens ?
La politique macroniste au cœur des raisons de la crise
Ainsi, les urgences sont le réceptacle de tous les maux touchant au système de santé. Lors d’une allocution, Emmanuel Macron s’engageait devant les Français d’un désengorgement des services d’urgence d’ici à la fin de l’année 2024. Il promettait également des « solutions concrètes pour améliorer la vie quotidienne » des 10 millions de Français vivant dans les quartiers défavorisés, les zones rurales, les territoires d’outre-mer.
Deux ans plus tard, il n’en est rien. Les morts par inaction politique et par désengagement progressif en termes matériels et financiers dans l’hôpital public ne cessent d’augmenter chaque année. À la fin de l’année 2024, les urgentistes constataient la suppression de plus de 10 000 lits lors des deux années précédentes (Franceinfo, 31/12/2024).
À cela s’ajoutent des politiques structurelles aggravant la crise des hôpitaux publics. La réforme des retraites d’abord. En effet, en passant l’âge de départ légal de 62 à 64 ans, les travailleurs et travailleuses devront recourir davantage aux soins et pourraient participer à l’engorgement des systèmes de santé. Le projet de loi de finance de la Sécurité sociale passé en février 2025 devrait également coûter plus d’1 milliards d’euros aux hôpitaux publics, le Gouvernement leur ayant demandé de cotiser davantage à la caisse de retraite des agents hospitaliers et territoriaux (CNRACL).
L’exécutif avait par ailleurs prévu de soustraire 700 millions d’euros de dépense via des « optimisations d’achat à l’hôpital ». Un travail administratif d’analyse de la performance lourd pour les hôpitaux et une recherche de la performance au service non pas de la santé des patients, mais des économies supposées seulement. Certains arrêts de travail ont également vu leur couverture limitée par le PLFSS (Les Échos, 10/10/2024), l’exécutif espérant faire quelque 600 millions d’euros d’économie sur la santé des travailleurs et travailleuses.
En tout, ce sont près de 4 milliards d’économies annoncées par le Gouvernement. Une politique destructrice des services de santé français qui tue en conscience, et en silence.
Face à l’inaction, des solutions politiques nombreuses
Face à la crise, la France Insoumise propose de reconstruire durablement le service public hospitalier, de réouvrir des services d’urgences, d’engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social, de revaloriser les métiers et les revenus ou encore d’augmenter les capacités d’accueil des établissements de santé publics.
Une lutte efficace contre les déserts médicaux permettra de désengorger progressivement les urgences des hôpitaux publics via le recrutement de médecins publics, l’augmentation des moyens des facultés de médecine, la mobilisation de la médecine libérale et hospitalière. Ces mesures doivent passer par une revalorisation des métiers et des revenus des systèmes de santé.
Alors qu’aucune leçon n’a été prise depuis la crise de la Covid-19 par le Gouvernement macroniste et que des milliers de lits sont supprimés chaque année dans les hôpitaux publics, que rien n’est fait pour lutter efficacement contre les déserts médicaux en zones rurales ou dans les quartiers défavorisés, sans parler de la situation alarmante dans les territoires d’Outre-mer, l’alternative au système libéral est nécessaire à la survie des systèmes de soin français, et ainsi de leurs patients.
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Source: https://linsoumission.fr/2025/03/27/crise-urgences-casse-structurelle/
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