Crise du logement en Bretagne : la double peine pour les jeunes, exclus de certains territoires (OF.fr-24/04/25)

En Bretagne, qui détient le record français du taux de propriétaires (66 %), les jeunes sont de moins en moins nombreux à acheter. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

En Bretagne, la moitié des 153 000 intentions d’embauche en 2024 étaient jugées difficiles par les patrons, en raison de la pénurie de logements, selon les données de la Région Bretagne. Tous les actifs sont touchés, confirme cette étude, mais les jeunes sont carrément exclus des territoires comme le littoral, où les prix de l’immobilier et des loyers sont trop chers.

Par Laetitia JACQ-GALDEANO.

La crise du logement est un frein à l’embauche, même en Bretagne, championne française de l’emploi fin 2024, avec 5,9 % de taux de chômage. Un chiffre en résume l’ampleur : la moitié des 153 000 intentions d’embauche en 2024 étaient jugées difficiles par les patrons, en raison de la pénurie de logements, selon les données de la Région Bretagne.

Tous les actifs sont touchés, confirme cette étude, mais les jeunes sont victimes de la double peine puisqu’ils « sont carrément exclus des territoires où les prix de l’immobilier et des loyers sont les plus chers, notamment sur le littoral », résume Fanny Chappé, (conseillère régionale chargée du logement et de l’habitat).

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« La tiny house, marqueur de la crise »

La Bretagne manque de logements sociaux et saisonniers. Ses foyers de jeunes travailleurs, ses habitats jeunes sont saturés. Les résidences étudiantes sont insuffisantes « notamment à Brest et à Rennes », observe Olivier David, vice-président chargé de la vie étudiante, de l’enseignement supérieur et de la recherche au conseil régional de Bretagne. Conséquences : les jeunes sont de moins en moins nombreux à acheter, un comble pour la région qui détient le record français du taux de propriétaires (66 %). La pauvreté augmente chez les moins de 30 ans et, selon un sondage d’Opinion Way en 2023, 17 % des 18-24 ans renonçaient à faire des études en raison des prix des loyers.

Pour répondre à l’urgence, « le tissu associatif très diversifié en Bretagne a pris le relais de l’absence de politique publique », note la géographe Solène Gaudin, directrice du laboratoire espaces et Sociétés à l’université de Rennes II. Ce réseau, réuni pour la troisième année consécutive à Rennes, jeudi 24 avril, a fait le point sur les solutions d’urgence. Celles qui marchent : des colocations séniors jeunes (177 jeunes accompagnés en 2023), des internats de lycée ouverts pour loger les saisonniers à Dinard et à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), des logements réversibles (transformables ou démontables) à Saint-Quay-Perros (Côtes-d’Armor) ou à Rennes, des tiny houses un peu partout… « Mais, note Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, la tiny house ne fait pas une politique de logements », même si « elle est le marqueur de la crise ».

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Rennes Métropole, où vivent « 100 000 à 120 000 jeunes », va investir 43 millions dans la construction de « 5 000 logements par an sur six ans ». | ARCHIVES OUEST-FRANCE

« Il faut produire du logement »

« Il faut des solutions structurelles et définitives. Il faut produire des logements », estime Honoré Puil, vice-président chargé de l’habitat et du logement à Rennes Métropole, où vivent « 100 000 à 120 000 jeunes ». Rennes Métropole va investir 43 millions dans la construction de « 5 000 logements par an sur six ans » mais, concède Honoré Puil, « résoudre la crise du logement, c’est forcément du long terme et cela suppose la mobilisation de tous ».

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En Bretagne, le Conseil régional, qui ne possède pas la compétence logement, est sur le pont. Il copilote un plan avec l’État pour améliorer les politiques publiques notamment en matière de logement pour les jeunes. Il met trois millions au pot pour construire 250 logements universitaires supplémentaires dans un programme cofinancé par le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous). Il revendique une action « de lobbying auprès de l’État ». Fanny Chappé plaide notamment pour une simplification administrative qui donnerait la possibilité aux maires de certains territoires de réguler les loyers. « Une politique du logement adaptée au territoire, ça ne se fait pas de Bercy. »

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Source: https://www.ouest-france.fr/societe/logement/crise-du-logement-en-bretagne-la-double-peine-pour-les-jeunes-exclus-de-certains-territoires-41c0bc92-211e-11f0-bf67-a97478b86af6

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/crise-du-logement-en-bretagne-la-double-peine-pour-les-jeunes-exclus-de-certains-territoires-of-fr-24-04-25/

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