Crise en Haïti: heureusement que la Chine et la Russie sont là, au Conseil de Sécurité (site PC du Québec -8/07/23)

Depuis des mois, les milieux progressistes, autant en Haïti, qu’ici au Québec, insistent pour dire que la solution à la terrible crise qui sévit toujours dans ce pays, devra nécessairement passer par les Haïtiens eux-mêmes, via l’émergence d’un gouvernement nettement plus représentatif de la population, ainsi qu’un retour à une véritable démocratie, ce qui n’existe plus là-bas depuis des années. Pour la plupart, ils s’opposent également à toute forme d’intervention militaire étrangère, qui fut souvent essayée dans le passé et qui n’aura, à chaque fois, servi finalement qu’à maintenir de manière encore plus sévère le statut quo en Haïti..

Ce qui mérite certainement d’être noté, dans le cadre des discussions, ayant en même temps cours sur Haïti, au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, est le fait que si cela n’était pas de la Chine, ainsi que de la Russie. ce point de vue ne serait même pas défendu, ou si peu. Explication ci-joint

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Par André PARIZEAU

Ma conclusion à cet égard est la suivante: heureusement, finalement que la Chine et la Russie sont là, au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Encore avant-hier, soit le 6 juillet, alors que la question de Haiti était à nouveau à l’ordre du jour, les Étas-Unis, ainsi que la France, se positionnaient une fois de plus très clairement en faveur de l’envoi d’une telle force militaire étrangère, le Canada étant toujours préssenti en même temps pour la diriger.

Non sans une bonne dose d’ironie, le Canada ne pouvait en même temps pas intervenir lors de cette rencontre, puisqu’il ne fait plus partie, depuis longtemps, de ce Conseil de sécurité et que toutes les tentatives subséquentes pour se faire réélire auront toutes, jusqu’ici, échouées.

Voici ce que le représentant de la Chine, soit Zhang Zun, déclarait, avant-hier toujours, à propos d’Haiti; il s’agit en fait d’un extrait du procès verbal officiel de cette rencontre du 6 juillet, tel qu’accessible sur le site des Nations-Unies lui-même; je cite :

(…)En l’absence d’un gouvernement « légitime », tout effort provenant de l’extérieur du pays est selon lui voué à l’échec. La clef du succès consiste donc à faire avancer le processus de transition dans les meilleurs délais, tout en respectant les choix du peuple haïtien. Il incombe par ailleurs aux partis politiques haïtiens de mener des consultations politiques afin de forger le plus large consensus possible au sujet de la transition et de créer les conditions propices à la tenue d’élections transparentes et régulières, a-t-il argué.

Le représentant (chinois) a (également) dit espérer que le BINUH saura jouer son rôle conformément au mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité. Endiguer la violence des gangs est une condition essentielle pour atténuer la situation humanitaire et faire avancer le processus politique, comme le prévoit la résolution 2653 (2022), a-t-il relevé. Pour mettre un terme à la violence, il est essentiel que la communauté internationale contribue à la lutte contre les flux illicites et le trafic des armes, a ajouté le délégué, qui a noté que, malgré la multiplication des appels en faveur du déploiement d’une force internationale, « aucun pays n’a annoncé le moindre acte concret en ce sens ». Dans l’attente d’une proposition « viable et tangible », le Conseil devrait selon lui prioriser des mesures d’embargo sur les armes, avec l’appui du peuple haïtien.

Voici d’autre part ce que le représentant de la Fédération russe, Dimitry A. Polianskiy, aurait ensuite déclaré; ce qui suit, est également extrait du procès verbal officiel de la rencontre :

Il a estimé qu’une solution de long terme en Haïti n’est possible que si un large consensus est forgé. À cet égard, il a loué les efforts de médiation de la CARICOM et estimé que la situation actuelle découle de longues années d’ingérences extérieures. Le représentant a par ailleurs déploré le manque de progrès en ce qui concerne l’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse, il y a deux ans. Il a plaidé pour un appui international « raisonnable » et pour un renforcement des capacités du BINUH. La priorité doit être la recherche d’une solution politique, a insisté le délégué. Enfin, après s’être dit favorable à l’inscription d’individus bien identifiés sur la liste des sanctions, il a jugé que le déploiement d’une « force étrangère » est loin d’être une panacée et a mentionné les voix en Haïti qui s’y opposent. « Il convient d’écouter ces voix, non pas les museler », a-t-il conclu.

Ci-joint un lien vers ce procès verbal, mis ensuite en ligne sur le site des Nations-Unies a la suite de cette rencontre. Vous serez à même de voir par vous-mêmes ce que les autres représentants, notamment celui de la France, ont pour leur part pu dire, et qui avaient plutôt tendance à s’enligner une fois encore sur le représentant des États-Unis. Cela inclut en même temps le représentant de l’actuel gouvernement haïtien (toujours non élu, au meilleur de ma connaissance) qui, sans réelle surprise, également, s’enlignait bien sûr aussi sur la ligne suivie par les États-Unis.

À noter, et pour finir, le représentant de la Barbade, qui avait également été invité, exceptionnellement, à participer à cette rencontre, tout comme le représentant haïtien, avait plutôt tendance à s’enligner sur les positions des représentants russe et chinois. Il en fut également de même pour le représentant de la Suisse, de même que pour le représentant du Gabon, lesquels font en même temps partie, incidemment, dans les 2 cas, pour une période de 2 ans, de ce Conseil de Sécurité.

Pour conclure, je crois qu’on peut certainement rester pour ou contre tel ou tel autre aspect des politiques internationales et intérieures suivies jusqu’ici par la Chine, comme par la Fédération russe. Les faits, cela dit, eux, restent devant nous, dans toutes sortes de domaines, là où les choses sont en même temps nettement plus claires. Je pense également que tous ces discours, souvent plus enflammés et s’appuyant finalement sur bien peu de faits, pour dire que ces 2 pays seraient juste des États voyous, ne tiennent juste pas la route et qu’en définitive, il faudrait plus que jamais savoir aller bien au delà de nos propres préjugés (pour ceux et celles qui en auraient évidemment), ainsi que de toute la propagande mensongère toujours très forte, à leur propos.

Source: https://www.pcq.qc.ca/Dossiers/Autres/Archives/page_article.php?article_id=8404

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/crise-en-haiti-heureusement-que-la-chine-et-la-russie-sont-la-au-conseil-de-securite-site-pc-du-quebec-8-07-23/

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