
Par Marylise COURAUD
Ce samedi 22 juillet s’annonce très chaud pour le personnel. Six aides soignants devraient manquer à l’effectif de l’Ehpad Beauséjour, à Nantes. Un sous-effectif chronique.
Elles ont fait une courte pause dans leur journée harassante. Et les paroles pleuvent, un flot de doléances déversées sur le parvis de l’Ehpad Beauséjour, à Nantes. « Les résidents restent plus longtemps dans leur lit, ils ont davantage de problèmes cutanés », raconte une infirmière. « L’autre jour, on s’est trompé pour donner des médicaments. Comme il n’y avait pas d’infirmiers, c’est l’aide soignante qui s’en est occupée, soupire une autre. On rentre chez nous, épuisées. Nos proches ne comprennent pas ce qu’on vit au boulot. »
« C’est épuisant de faire le contraire de ce qu’on devrait faire, de ce qu’on a appris à l’école, gronde une employée, le drapeau de FO à la main, le syndicat que ces salariés ont appelé en urgence la veille. On voulait parler à la presse le plus vite possible. On n’en peut plus. »
Accueil des résidents interrompu
Dans cet établissement dépendant du CHU, qui accueille 102 résidents, le sous-effectif est une plaie qui colle à la peau de l’équipe depuis le début de l’année. « L’accueil de nouveaux résidents a été interrompu puis rouvert, puis de nouveau stoppé », précise une agent de service en poste ici depuis quatre ans. Les élus de FO ont interpellé la direction, envoyé un courrier au procureur, lancé une pétition auprès des familles.
« Rien ne bouge », rouspète Delphine Batard, préparatrice en pharmacie, désormais dédiée au syndicat. « Comment peut-on attirer de nouveaux professionnels dans ces conditions ?, s’interroge-t-elle. Il faudrait que le CHU finance davantage de formations en interne pour ceux qui veulent devenir aides soignants ou infirmiers. »
Pour Nadine Minguet, élue FO, ça passe aussi par de meilleurs salaires. Les agents de service recrutés au plus bas de la grille « restent trop longtemps au Smic ». « Il faut mettre de l’argent dans la gériatrie. Quelle fin de vie on veut pour nos aînés ? », ajoute sa collègue Marinette Aubry. La direction du CHU ne conteste pas les tensions sur les postes. « Nous mettons en œuvre les actions nécessaires en faisant appel au volontariat et aux vacataires, assure-t-elle. Ces tensions devraient se résorber à compter de la fin de la semaine prochaine, avec la diplomation des étudiants. »
Ni douche, ni ménage
L’augmentation de 1,9 % en juillet pour les hospitaliers est loin d’être suffisante, s’accorde le personnel présent. « Nos heures supplémentaires ne sont pas majorées. »
Si en moyenne, il manque entre deux et trois professionnels par jour, ce samedi, ce sont six aides soignants qui sont annoncés en moins sur le planning. « Comment on va faire ? On bricolera. Il n’y aura ni douche, ni ménage. On va courir toute la journée et on rentrera en se disant qu’on n’a pas fait notre boulot ? » Le CHU annonce le renfort de professionnels dès ce samedi.
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