Dans le Morbihan, des centaines d’agriculteurs qui travaillent pour D’Aucy ont dû réduire leurs surfaces de légumes. La crise que traverse la marque phare du groupe agroalimentaire Eureden, en ce début 2025, pénalise aussi leurs trésoreries.
Par Julie SCHITTLY.
Dans le Morbihan, des centaines d’agriculteurs travaillent pour D’Aucy. Les difficultés de la marque phare du groupe agroalimentaire Eureden pénaliseront aussi ces producteurs de légumes.
On est tous concernés par une forte baisse des surfaces plantées. Je vais avoir moitié moins de haricots et de petits pois, et perdre entre 20 000 et 30 000 €
, explique Jean-René Menier, agriculteur à Mauron et élu FDSEA à la chambre d’agriculture du Morbihan.
L’alerte a été donnée par Eureden dès janvier 2025, sur la baisse de la consommation de légumes en conserve et des stocks importants restant à écouler. Certains collègues ne travailleront même pas pour cette campagne
, témoigne Alexandre Joannic. À 28 ans, l’agriculteur de Treffléan, qui collabore avec la coopérative depuis son installation en 2017, est face à une situation inédite. Mon contrat en légumes paie plus qu’en céréales. Mais puisque je ne peux planter que 6 hectares de petits pois contre 10 en 2024, et autant de haricots, je vais devoir mettre du maïs à la place.
Lui évalue sa perte entre 10 000 et 12 000 €. Heureusement qu’on fait du lait à côté.
« Regardez ce que vous achetez ! »
Entre le regain de demande pendant la période Covid, la sécheresse de 2022 dont les conséquences ont été pires pour notre trésorerie
, assure le jeune agriculteur, et désormais une consommation de conserves en berne, à l’image du pouvoir d’achat, les producteurs de légumes peinent à s’adapter.
Nos coûts de production ont augmenté, on ne peut pas accepter de baisse de prix. On subit et on est inquiets
, ajoute Jean-René Menier. L’élu pointe la responsabilité des grandes surfaces, qui pour certaines ne vont pas se gêner pour aller s’approvisionner à l’étranger
. Pour lui, c’est aux consommateurs de se mobiliser : « D’Aucy affiche clairement son label “Made in France” sur ses conserves. Toutes les marques n’en font pas autant. Regardez ce que vous achetez ! »
Aucun maillon de la filière n’échappe à la crise. L’usine D’Aucy proche d’Orléans (Loiret) est à l’arrêt, ses salariés au chômage technique jusqu’en juin 2025. Si les sites bretons sont toujours en activité, le « plan d’adaptation
d’Eureden prévoit déjà la suppression de 80 postes en 2026 et 2027, dans les usines du Faouët et Saint-Thurien (Finistère).
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