En deux mois, la facture d’électricité du restaurant le 2, rue des Dames a fortement augmenté. La hausse du coût de l’énergie inquiète les deux frères, cogérants, au plus haut point. Ils ne veulent pas augmenter leurs prix.
« Avec le prix du kilowatt-heure multiplié, la seule partie « énergie » est multipliée par douze. En gros, entre novembre et décembre, TotalEnergies nous a facturé l’équivalent de dix mois d’électricité ! » Julien Moreau est le cogérant du restaurant le 2, rue des Dames, dans le centre historique de Rennes.
Depuis quelques semaines, il ne décolère pas. La raison ? Sa facture d’électricité a bondi. « En décembre, elle est passée de 390 € à 2 290 €. Je me suis procuré un descriptif de facture pour deux jours : ils nous prennent presque l’équivalent d’un mois de consommation, en 48 heures maintenant. »
« Ce sont les prix »
Pour avoir des explications, le restaurateur a contacté son fournisseur TotalEnergies. « Leur réponse a été la même qu’à tous les autres restaurateurs ou boulangers dans ce cas : « Ce sont les prix. » Aucune proposition n’est faite, si ce n’est un étalement des factures. »
Pour lui, « cet enrichissement sur fond de guerre en Ukraine et cette spéculation sur la fin du conflit devient plus qu’étouffante ». Alors qu’ils ont ouvert depuis près de sept ans, les deux frères, cogérants, ont embauché récemment un cuisinier. « On ne s’attendait pas à de telles hausses. Ça va devenir compliqué. »
Pour autant, pas question d’augmenter les prix des menus ou de réduire les portions dans les assiettes. « Avec l’augmentation des prix des matières premières, nous avons dû augmenter un peu à la rentrée de septembre. Nous refusions d’y toucher jusque-là. Notre menu entrée, plat et dessert est passé de 17 à 19 €. Et le menu entrée – plat ou plat – dessert est passé de 13 à 15 €. Le vrai bout de la chaîne ce sont les clients, mais nous ne voulons pas surfacturer les consommateurs qui eux aussi ont leurs factures à payer et leurs fins de mois difficiles parfois. Quand la raison est juste, on comprend les augmentations des produits, de l’énergie, des charges… Mais encore faut-il qu’elle soit vraiment justifiée. »
« Que l’État tape du poing sur la table »
Il ajoute : « Qu’on nous explique pourquoi nous payons ce prix-là. Quand j’appelle le fournisseur, j’attends trois quarts d’heure au téléphone, pour n’avoir aucune réponse. » Auront-ils une aide de l’État ? « C’est très flou. Il semblerait que l’État rembourse une partie. Nous en serions ravis, mais nous ne militerons pas pour. Nous souhaitons qu’il tape du poing sur la table. »
Début janvier, le chef Thierry Marx, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), a appelé le gouvernement à peser davantage dans les discussions avec les fournisseurs. À l’issue d’une réunion, les fournisseurs ont ainsi « accepté de garantir à toutes les très petites entreprises (TPE) qu’elles ne paieront pas plus de 280 €/MWh en moyenne sur l’année », a annoncé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
Auteur : Linda BENOTMANE.