Décivilisation : Macron la dérive. ( NBH – 27/05/23 )

La décivilisation

L’évolution idéologique des droites, macroniste et LR, confirme les plus sombres impressions et analyses.

Le président de la République illustre cette dérive.

Reprenant une antienne de l’extrême-droite il a récemment parlé en conseil des ministres de « décivilisation ». Ses propos ont été rapporté par le porte parole du gouvernement, Olivier Véran. Décivilisation est d’ailleurs le titre d’un livre de l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus à qui nous devons également l’ineptie absurde du « grand remplacement » que toute la mouvance fasciste a adopté internationalement. C’est dire combien les références présidentielles volent haut.

Ce terme rappelle celui « d’ensauvagement », cher à Gérald Darmanin, et s’inscrit dans l’univers mental fasciste. 

La droite LR utilise également ce terme pour tenter de conserver la fraction la plus droitière de son électorat et récupérer celle du RN. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, déclare: « La France est en train de s’ensauvager avec un phénomène de décivilisation ». Il coche ainsi plusieurs cases qui l’identifient à l’extrême-droite. Il n’est pas le seul, Xavier Bertrand, David Lisnard et nombre de dirigeants LR utilisent la notion sans complexe.

La presse de droite emboîte le pas du brunissement idéologique. Face à la levée de boucliers à gauche  après l’intervention de Macron, Le Point, toujours plus nauséabond, publie un « spécialiste » (en généralités sans doute) qui déclare: « Voilà que les habituels fidelcastristes de la stratégie du chaos en profitent pour endosser leurs rutilants uniformes de la police du langage… Normal, me direz-vous : la première caractéristique du totalitarisme, c’est la manipulation, la subversion du langage ». Fallait l’oser celle-là…Une telle inversion du réel, la vérité alternative chimiquement pure. 

Macron qui se radicalise, parallèlement à son affaiblissement, utilise la même vieille manœuvre pour renforcer sa base. Au point que Marine Le Pen s’en agace: « La décivilisation, c’est la barbarie (…), donc en réalité Emmanuel Macron vient une fois de plus, si je puis me permettre, nous donner raison sur le constat que nous faisons. »

Elisabeth Borne en rajoute une couche: « la montée de la violence est une vraie menace pour la démocratie. » Concluant « le président pointe le déferlement de violences auquel on assiste ».

Evidemment tout cela n’est que fariboles et sornettes.

Le « déferlement de violences » est un mensonge. Comme la « décivilisation ». Bien entendu il y a des crimes et des actes de délinquance. Mais tous les sociologues qui étudient ces questions sont catégoriques: la violence baisse. 

En 2021 déjà, Macron avait déclaré contre toute vérité statistique et scientifique, « Je pense que nous sommes dans une société de plus en plus violente. » Mensonge.

Un seul exemple, les homicides: dans les années 1960, c’était quatre fois plus, si on remonte encore dans le passé, au XVIIIème siècle, c’était vingt fois plus. Il y a un déclin manifeste de la violence par homicide.

En fait, dans les chiffres du ministère de l’intérieur lui-même, seules deux courbes augmentent en tendance : celle des coups et blessures volontaires non mortels et celle des violences sexuelles. Or les chercheurs montrent depuis de longues années que l’augmentation des plaintes pour violences physiques ou sexuelles, qui entraîne cette augmentation des faits constatés par la police et la gendarmerie, traduit avant tout une plus forte propension des victimes à dénoncer des faits jadis davantage « tolérés ».

Et rappelons combien est pacifique l’actuel mouvement social qui dure depuis plus de 3 mois.

L’instrumentalisation politique de la violence, voilà le sens des mensonges et délires des droites (Macronie, LR et RN) et des médias à leur botte.

Cela étant il y a bien un type de violence dont ne parlent jamais les partis bourgeois et leurs médias. C’est la violence sociale. Dans le travail et dans les quartiers populaires (où les violences policières sont carrément niées par les autorités). Dans la destruction organisée par les partis bourgeois des services publics. Dans l’exploitation et la précarisation du travail. Dans l’attitude vis à vis des étrangers. 

Et nous pourrions poursuivre la liste sur des pages et des pages. Mais surtout il nous faire preuve d’une extrême vigilance quant aux effets pervers des discours idéologiques de la Macronie et des droites. Car ceux-ci préparent le terrain au néo-fascisme. Ceux qui font le jeu de l’extrême-droite, c’est Macron qui est au pouvoir depuis 6 ans et qui casse les conquêtes sociales, les services publics, qui trouve l » argent magique » pour l’armée 413 milliards mais condamne au travail forcé des millions de travailleuses et de travailleurs, avec sa contre-réforme des retraites, pour trouver, soi-disant, 12 milliards. 

La « décivilisation » implique par ailleurs toute une série de sous-entendus: les barbares ce sont les pauvres et les étrangers, les migrants qui déferlent, la civilisation est blanche et chrétienne, le déclin menace, la peur rôde, la violence partout. Les non-civilisés qui sèment le chaos et la violence ce sont les islamo-gauchistes de la France Insoumise. C’est pourquoi « Borne trouve la FI plus dangereuse que le RN » écrivait Libé le 15 mai dernier. Et le quotidien de poursuivre:  » Macron et Darmanin (notamment) s’en prennent beaucoup plus à LFI et Mélenchon qu’au RN. »

Comme l’a dit un député de la FI, Macron « est le principal carburant de l’extrême droite et le principal responsable du brouillage des repères » Et comme l’a dit aussi Sandrine Rousseau(EELV-NUPES) Emmanuel Macron utilise ce terme en connaissance de cause. Une provocation de plus d’un président qui se « décivilise » chaque jour davantage.

Auteur : Antoine Manessis.

Source : Décivilisation : Macron la dérive – NBH-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *