Des alliés dans la place (IO.fr-9/08/24)

Pour continuer sa politique malgré sa défaite cuisante, Macron voudrait bien casser le Nouveau Front populaire et son programme et isoler La France insoumise. Dans ses tripatouillages désespérés, condamné à faire les fonds de tiroir, il a trouvé quelques alliés dans la place.

Par la rédaction d’IO

Roussel vole au secours de Macron

En plein été, Fabien Roussel a publié une longue interview le 24 juillet dans Charlie Hebdo. Toujours aussi courtisé par les médias, même après sa cinglante défaite aux législatives dès le 1er tour dans une circonscription pourtant représentée depuis 62 ans par des députés PCF successifs.

Disons d’emblée que tout au long de son interview, Roussel vole au secours de Macron pour qui « personne n’a gagné » les législatives. Eh bien dans son interview de deux pages, Roussel fait le tour de force de n’évoquer ni le fait que le NFP a obtenu une majorité relative le 7 juillet et ni bien sûr le programme du NFP.

Par contre, il cherche à faire plaisir à Charlie Hebdo dont la dérive depuis plusieurs années est marquée par un positionnement de plus en plus radical contre une seule cible, les musulmans. Pour expliquer son élimination dès le 1er tour par un candidat RN, Roussel y va de son couplet carrément raciste, attribué bien sûr aux habitants de sa circonscription : « Quand je suis allé les voir pendant ma campagne, les gens répétaient (…) : de toute façon, c’est tout pour les Mohamed, et puis on n’a rien, donc il y en a marre, il faut que ça change ».

Et, logique avec ce couplet, Roussel ne dit pas un mot ni des retraites ni des salaires ni du blocage des prix, c’est-à-dire l’axe de rupture du programme du NFP. Non, il n’aborde que la sécurité et l’immigration : « Il faut reconstruire une politique de sécurité publique à la hauteur. Plus de gendarmes, plus de policiers, plus d’enquêteurs … ».

« Concernant l’immigration, je dis que tout pays doit avoir une politique migratoire. Donc, on doit fixer des règles précises pour accueillir celles et ceux qui doivent l’être au nom du droit d’asile ou de l’immigration économique. Ceux qui ne rentrent pas dans les règles, ils ne peuvent pas rester. » Du Darmanin tout craché.

Quand Roussel évoque le NFP, c’est uniquement pour s’en prendre encore et encore à LFI : « Les interventions régulières de Jean-Luc Mélenchon dans les médias ont desservi beaucoup de candidats de gauche, dont moi. (…) Je pense que l’électeur moyen a une mauvaise perception du NFP parce que celui-ci est assimilé encore une fois à LFI et Mélenchon. » Ah bon ? Et les « électeurs moyens » de Paris, de Seine-Saint-Denis et de la banlieue parisienne, de Marseille comme de Lyon, ils n’auraient pas voté, souvent avec des scores écrasants pour des candidats NFP et notamment LFI, donnant, répétons-le, une majorité relative à l’Assemblée nationale ? Non, pour Roussel comme pour Macron, « personne n’a gagné ».

Et toute cette interview se concentre dans sa conclusion : « Il faudra se poser la question de 2027 dès qu’on aura passé l’étape présente. » Ah, qu’en termes élégants cela est dit. « Passé l’étape présente » ? Avec quel gouvernement, sur quel programme ?

Roussel répond : il faudra « montrer que l’on est prêt à gouverner pour tous les Français (…) le tout sans faire le choix plus confortable d’être dans l’opposition et de se cantonner à dire : “c’est pas grave, on met tout sur le dos de Macron” ». Prêt à gouverner pour tous les Français ? De Bernard Arnaud aux salariés au Smic ? Mais surtout pas contre Macron !

On est loin, très loin, à l’opposé même du dernier tract de LFI intitulé « le NFP doit gouverner » et qui liste de premières mesures d’urgence parmi lesquelles « abroger la réforme des retraites, augmenter le SMIC à 1 600 euros et le salaire des fonctionnaires, bloquer les prix des biens de première nécessité… »

Ruffin appelle à une « rentrée politique » le 31 août pour « Gagner ! ». Mais gagner sur quoi ?

Le Canard réfractaire est un média, lancé depuis les Gilets jaunes, qui réalise des analyses de grande qualité (disponibles sur YouTube). Ils viennent de sortir une vidéo d’explication sur le nouveau visage de François Ruffin. En voici des extraits dignes d’être entendus, mais aussi lus !

« Pour dire du bien de Ruffin, faut forcément en parler au passé, parce que Ruffin il a changé, à un moment donné entre 2019 et 2020.

[…] En octobre 2023, au moment des évènements en Palestine, Ruffin se fait petit et minimise ses prises de position. Il tient à passer encore pour le candidat de gauche des ruraux, du “prolétariat blanc”, et il ne veut surtout pas cliver. Surtout qu’en face la propagande de guerre est immense. Beaucoup des Insoumis vont à la bagarre mais pas lui.

[…] En coulisse il prépare la suite ; avant les élections européennes on apprend qu’il multiplie les déjeuners parisiens avec le millionnaire Legrain et tous les déchets de la gauche : Autain, Garrido, Tondelier. L’objectif ? Pousser une candidature dissidente LFI pour les présidentielles, pour unir la gauche sur la ligne PS et mettre de côté Mélenchon ; en sachant, comme disait Garrido, qu’il y aura toujours une place au soleil pour ceux qui critiquent LFI. […] Ruffin participe au pire complot de la pire gauche, au pire moment. Sauf que les élections législatives arrivent avec la dissolution : pas le temps de penser aux présidentielles, et qu’il faut se faire réélire, et c’est compliqué, très compliqué. La vague RN est forte et la propagande anti-LFI tout autant.

Ruffin décide de se faire porter par cette propagande, devenant ouvertement anti-LFI, critiquant en permanence Mélenchon, son futur premier concurrent à la présidentielle. Au point où il fait tirer un tract anti-Mélenchon, bleu-blanc-rouge, avec derrière le soutien de François Bayrou.

Ruffin faisait parler Lénine dans ses livres, maintenant il veut gouverner avec Macron pour prouver que la gauche peut “gagner”, plus précisément que, lui, peut être au gouvernement. »

« Glucksmann prépare une rentrée événement » (Le Figaro)

Raphaël Glucksmann, n’a apparemment rien appris de la dernière période : selon Le Figaro du lundi 5 août « l’eurodéputé, qui nourrit de vives ambitions en vue des prochaines échéances électorales, veut organiser un grand rendez-vous politique début octobre ».

Un « grand rendez-vous » pour quel objectif ? Celui qui a devancé l’appel d’Emmanuel Macron en entamant une « trêve politique » par anticipation, n’en sait rien lui-même : « Il nous reste encore énormément de points à arbitrer ».

S’il annonce qu’il ne connaît pas son propre programme politique, il peut quand même donner un gage de choix aux puissants : « Nous n’avons pas de problème avec LFI, mais avec Jean-Luc Mélenchon » ! Pour les militants LFI qui, eux, connaissent leur programme, celui du NFP, pour lequel ils se sont battus sans relâche et avec lequel ils ont gagné l’élection législative, cela pose un sérieux problème…

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/08/09/des-allies-dans-la-place/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/des-allies-dans-la-place-io-fr-9-08-24/

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