Des vacances dans les hôpitaux ?-Billet d’humeur du Dr Christophe Prudhomme (FB-14/07/25)

La situation des hôpitaux, notamment celle de services essentiels que sont les urgences, continue à se dégrader d’année en année avec une accélération notable pendant les périodes estivales. Cette période est caractérisée par des mouvements de population importants, avec une explosion de la population dans les régions touristiques. Alors que le rôle de l’Etat est d’assurer la continuité des services publics dans ces périodes en adaptant leur fonctionnement aux soins, force est de constater qu’il n’en est rien.

En effet, les fermetures de services et lits sont organisées pour permettre aux personnels de prendre des congés d’été bien mérités. Vacances qui sont d’autant plus importantes que les agents sont à 80 % des femmes, très souvent jeunes et avec des enfants. Il est donc normal qu’elles puissent profiter de cette période avec eux. Les restrictions de congés d’été se sont d’ailleurs montrées contre-productives avec des démissions et une fuite vers d’autres métiers, pas forcément mieux rémunérés, mais permettant au moins de pouvoir bénéficier a minima d’une vie de famille correcte. Faut-il rappeler encore une fois qu’une des raisons de la crise de l’hôpital est le manque de personnels du fait de la perte d’attractivité des métiers, non pas par manque d’intérêt dans leur exercice, mais à cause des conditions de travail.

Mais la principale cause du manque de moyens dans les hôpitaux et plus particulièrement dans les zones touristiques est financière, avec l’absence de budget pour pouvoir embaucher du personnel saisonnier supplémentaire. En effet, jusqu’au tournant des années 2000, des étudiants étaient embauchés pour l’été et pas seulement des étudiants dans les métiers de la santé mais également des jeunes sur des postes non qualifiés, comme agents des services hospitaliers. Je me souviens même de la possibilité quand j’étais jeune médecin de pouvoir repousser mes congés pour aller renforcer les équipes dans les services d’urgence et les SAMU sur la côte Atlantique ou Méditerranéenne dont l’activité augmente très fortement en juillet et en août.

Tous ces renforts étaient très utiles pour maintenir un nombre de lits ouverts correspondant aux besoins estimés. Car aujourd’hui, ce n’est plus le cas, la capacité des hôpitaux en été est fixée en fonction du nombre d’agents présents et non pas en fonction de l’activité.

Or aujourd’hui, nous sommes confrontés à une défaillance mortifère de l’État qui profite même de cette période pour accélérer la mise en place des nouvelles modalités de fonctionnement dégradé des services, avec la nécessité d’une obligation d’appel systématique au centre 15 pour obtenir un ticket d’entrée aux urgences et la multiplication des équipes de SAMU avec uniquement des personnels infirmiers sans médecins.

Cette dégradation du service public qui touche à la sécurité sanitaire et donc à la vie des gens, n’est pas acceptable. Il est urgent de changer radicalement de politique en redonnant une attractivité aux métiers du soin et en dégageant des moyens financiers correspondant à l’évolution des besoins.

Dr Christophe Prudhomme

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Source: https://www.facebook.com/christopheprudhomme93/posts/pfbid0dxqxWTxAJkL69xyNZs2kPQdsr97vxZUP9pQtEtwo2J3Qnny7TsZnpXY97E3wWrh1l?locale=fr_FR

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