Dette publique : à l’Assemblée, les députés du NFP écorchent le «sérieux» budgétaire macroniste (H.fr-14/10/24)

Le 8 octobre 2024, à l’Assemblée nationale, Michel Barnier et ses ministres échappaient à leur première motion de censure. © Telmo Pinto/ NurPhoto /via AFP

Les députés du Nouveau Front Populaire ont renvoyé la responsabilité de la dette publique à la politique de l’offre du bloc central. Les aides aux entreprises, les cadeaux fiscaux aux plus riches et le respect du dogme européen du marché de l’énergie ont creusé le déficit, dénoncent-ils.

Par Gaël DE SANTIS.

Le vœu de Lucie Castets à la Fête de l’Humanité est exaucé. Mi-septembre, la candidate au poste de premier ministre du Nouveau Front populaire (NFP) enjoignait la gauche à battre en brèche la « présomption de crédibilité de la droite en matière de finances publiques ». Chose faite, ce lundi 14 octobre, à l’Assemblée nationale, où se tenait un débat sur la question de la dette.

En grande partie, celle-ci trouve son origine dans l’augmentation des aides aux entreprises, pilier de la politique de l’offre macroniste que la gauche s’est attelé à étriller. Celles-ci « sont passées d’environ 2,6 % du PIB en 1979 à 8,5 % du PIB en 2022, soit plus de 200 milliards d’euros répartis comme suit : 109 milliards d’euros de niches fiscales, 64 milliards d’euros d’allègement de cotisations sociales et 32 milliards de dépenses budgétaires directes », a détaillé la députée écologiste Christine Arrighi.

La commission des finances transformée en commission d’enquête ?

Certes, le stock de dettes vient de loin, mais le septennat macroniste est un millésime d’une valeur colossale. Le total des créances s’est aggravé, depuis 2017, de près de 1 000 milliards d’euros. La crise du Covid est passée par là mais les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux plus riches pèsent lourd.

En juillet, la Cour des comptes estimait leur impact, pour 2023, à 62 milliards d’euros de recettes en moins, soit 2,2 points de PIB. Au total, entre 2017 et 2022, la part des prélèvements obligatoires sur la production nationale est passée de 45,3 % à 43,2 %.

Les anciens premiers ministres Gabriel Attal, Élisabeth Borne, Jean Castex ou Édouard Philippe, ainsi que l’ex-inamovible locataire de Bercy, Bruno Le Maire, ont intérêt à fourbir leurs arguments pour justifier leur bilan. « Je proposerai, mercredi, à la commission des Finances de se transformer en commission d’enquête sur les raisons qui ont conduit à la variabilité des prévisions (de déficit), passées en six mois de 4,4 % du PIB à 6,1 % pour 2024 ! » a prévenu son président Éric Coquerel à la tribune de l’Assemblée.

Il faut dire que l’augmentation de la dette n’est pas sans effet. Jusqu’en 2021, la France empruntait à dix ans à taux négatif. Elle emprunte désormais à plus de 3 %, donc avec des frais financiers qui rabotent la dépense publique. « Le Portugal et la Grèce empruntent à des taux inférieurs aux taux français », a déploré le député Liot Michel Castellani. L’agence Fitch a placé la note de la dette française sous perspective négative. « Les conditions de financement sont assurées », a pourtant affirmé le ministre de l’Économie, Antoine Armand.

La manière qu’a eue la Macronie de gérer la dette publique est bien en cause. Le choix d’avoir contracté 10 % de la dette, avec des titres indexés sur l’inflation (OATi), pour se garantir une diversité d’investisseurs, suscite l’ire des députés de gauche. « Votre politique a (…) eu un coût supplémentaire de 16 milliards d’euros », attaque Christine Arrighi.

La charge de la dette pour 2024 devrait être, selon France Trésor, de 50,9 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget de l’éducation nationale, contre 30 milliards d’euros seulement en 2020. Le choix d’un financement auprès des marchés financiers, et non à coût nul auprès de la Banque centrale européenne (BCE), pour respecter les traités européens, se paie au prix fort.

Les failles du discours macroniste

D’autres choix de gestion sont en cause. « Vous avez refusé que la France sorte du marché européen de l’électricité indexée sur les cours du gaz. Vous avez instauré un bouclier tarifaire. L’État a payé 70 milliards d’euros. Dont 40 milliards d’euros en 2023 et 2024, alors que nous étions redevenus autosuffisants en électricité à très bas prix après la réparation des réacteurs nucléaires, terminée fin 2022. C’est une faute politique que nous payons par idéologie », a rappelé le député Gauche démocrate et républicaine (GDR) Emmanuel Maurel.

Le débat a permis de faire apparaître certaines failles du discours macroniste, toujours prompt à sabrer dans la protection sociale. « La contribution de la Sécurité sociale à notre endettement est bien inférieure à sa part dans la dépense publique », a convenu Stéphanie Rist, députée Ensemble pour la République et rapporteure de la commission des Affaires sociales.

« La dette des administrations de Sécurité sociale s’est établie à 264 milliards, fin 2023, soit 9,3 % du PIB », a rappelé Charles de Courson, rapporteur général du budget. Même chose pour les collectivités territoriales avec un ratio de dette sur PIB « autour de 9 % de notre richesse nationale », souligne-t-il.

Une goutte d’eau, donc, dans les 3 228 milliards d’euros et 112 % de PIB de dette publique. C’est pourtant la protection sociale et les collectivités locales que le gouvernement de Michel Barnier entend soumettre au vœu de pauvreté pour réduire la dette.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/assemblee-nationale/dette-publique-a-lassemblee-les-deputes-de-gauche-ecorchent-le-serieux-budgetaire-macroniste

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