Dette publique : le déficit continue de plonger, le débat sur le remède s’aiguise (H.fr-26/09/25)

Faire du redressement de la dette la préoccupation centrale, pour justifier 40 milliards d’économie sur le dos des dépenses sociales, a coûté son poste à Matignon à François Bayrou.

Le déficit de la France a atteint en juin le niveau record de 115,6 % du PIB, indique l’Insee, et se place à la troisième place des pays européens les plus endettés. Pour y remédier, demande d’économies ou de rentrées fiscales s’affrontent.

Par Hélène MAY.

Voilà qui ne va pas faire l’affaire du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, déjà bien en peine de fixer un cap face à des vents contraires. Le niveau d’endettement de la France continue d’augmenter et a atteint à la fin du 2e trimestre 2024 le niveau record de 115,6 % du PIB, soit plus de 3 400 milliards d’euros en valeur absolue, a indiqué une note de conjoncture de l’Insee publiée le 25 septembre.

Fin mars, elle était à 113,9 % du PIB, soit 70,9 milliards d’euros de moins et à 112,1 % au deuxième trimestre 2024. À l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, avant la pluie de cadeaux fiscaux aux plus riches, elle représentait 101,2 % du PIB.

Lecornu en quête d’une formule pour maintenir le cap de l’austérité

Cette mauvaise nouvelle survient alors que l’économie française est affaiblie par l’instabilité politique et l’absence de cap qui domine depuis la dissolution de juin 2024. En conséquence, le pays vient d’être sanctionné par deux agences de notations internationales, ce qui devrait entraîner une hausse des taux d’intérêt auxquels il emprunte sur les marchés internationaux. Au risque d’entraîner à terme une nouvelle hausse de la dette.

La nouvelle augmentation risque aussi de peser sur l’élaboration déjà complexe du budget 2026. Faire du redressement de la dette la préoccupation centrale, pour justifier 40 milliards d’économie sur le dos des dépenses sociales, a coûté son poste à Matignon à François Bayrou.

Son successeur, qui n’a toujours pas formé son gouvernement, cherche à son tour la formule magique pour au moins arrêter de creuser le déficit sans se mettre à dos ni les syndicats, qui demandent une hausse des prélèvements, ni le patronat, qui s’y oppose catégoriquement et plaide pour des économies drastiques.

Cette position d’équilibriste semble hors de portée. Le 24 septembre, l’intersyndicale est sortie remontée de sa rencontre avec Sébastien Lecornu, au point d’appeler à une nouvelle journée de grève le 2 octobre. « Le Premier ministre n’a apporté aucune réponse claire aux attentes des travailleurs et des travailleuses », a tancé la chef de file de la CFDT, Maryse Léon.

Quant au patronat, en ébullition à l’idée qu’une taxe sur les plus grosses fortunes puisse être discutée il promet le 13 octobre un grand meeting de mobilisation. Du jamais vu depuis 1982, quand le Medef de l’époque, le CNPF, craignait l’arrivée des chars soviétiques.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/dette-publique/dette-publique-le-deficit-continue-de-plonger-le-debat-sur-le-remede-saiguise

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