Dinard et Pleurtuit. Des questions autour d’une expérimentation de La Poste. ( OF.fr – 10/01/23 )

Les communes de Dinard et Pleurtuit pourraient être concernées par une expérimentation visant à ne livrer le courrier (pas les colis ni la presse ou les recommandés) seulement un jour sur deux.

​La société confirme que le site de Dinard et Pleurtuit a été cité lors d’une réunion avec les syndicats, en septembre, quant à une expérimentation portant sur les tournées des facteurs. La liste des sites peut évoluer, nuance La Poste.


Depuis vendredi 6 janvier 2023 et une information de France Info concernant des expérimentations de La Poste, le projet défraie la chronique. Le site de Dinard Pleurtuit figurant parmi les villes citées pour ces expérimentations, nous avons essayé d’y voir plus clair.

En quoi consiste l’expérimentation dont le site de Dinard Pleurtuit pourrait faire l’objet ?

La Poste évoque « des organisations internes locales » consistant « à adapter la tournée du facteur en fonction de la nature et de l’urgence des différents services à distribuer », le tout « sans conséquence pour les clients ni pour l’emploi des facteurs ». Dit autrement, la société entend « réaménager le chemin que prend le facteur pour distribuer le contenu de sa sacoche : courrier, colis, journaux, en tenant compte des spécificités des différents territoires – rural, urbain, en périphérie… »

Plus concrètement, plusieurs facteurs contactés pour mieux comprendre le dispositif schématisent : six jours sur sept, chaque tournée comprendra, dans le cadre de cette expérimentation, un périmètre dans lequel l’intégralité du courrier sera distribuée et un autre périmètre où les clients ne recevront que les recommandés, les colis, la presse. Le lendemain, ces périmètres s’inverseraient. Le tout étant piloté depuis le centre de tri départemental.

Quelles nuances apporte le groupe La Poste ?

Pour la société, qui a réagi par voie de communiqué, dès vendredi, « chaque facteur aura toujours sa tournée attribuée. Il n’est pas question de réduire le nombre de tournées et de facteurs » . Et d’insister : « Le passage un jour sur deux du facteur n’est à l’évidence pas compatible avec les exigences de livraison rapide des colis par exemple ou, et a fortiori, du portage de repas. La distribution six jours sur sept est par ailleurs inscrite dans la loi. »

En revanche, La Poste concède aussi que « l’organisation de la tournée des facteurs date d’une période où le courrier en J + 1 représentait la majorité des envois, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ».

Qu’en pensent les syndicats ?

Arnaud Bordier, secrétaire départemental de Sud PTT, relie effectivement l’expérimentation en question au rallongement des délais de livraison du courrier. Sauf que, selon lui, ce rallongement est induit par les choix stratégiques de La Poste dont la suppression du timbre rouge, pour les courriers urgents serait le dernier exemple en date : « Et ça, c’est effectif partout en France, depuis le 1er janvier. » Quant à l’expérimentation, le représentant syndical y voit une façon de « déséquilibrer le service rendu aux usagers ».

Selon lui, l’expérimentation ne peut se faire à périmètre constant : « Il est inévitable que cela conduise à terme les facteurs à prendre la charge des absents, voire à doubler leur périmètre. » Il considère en outre qu’il s’agirait là d’une première étape dans l’assouplissement de tournées destinées à mieux tenir compte de la saisonnalité de l’activité du courrier, au détriment des conditions de travail des agents : « Cela va déboucher sur des semaines en forme de montagnes russes pour les facteurs… » Bien que La Poste démente formellement que le projet cache des suppressions d’emplois, le syndicat estime : « Si ces expérimentations sont généralisées, ce sont un quart à un tiers des effectifs de facteurs qui sont menacés à l’échelle nationale ».

Que dire de la mesure, sur le plan local ?

Au sujet des expérimentations, La Poste confirme que « la liste diffusée dans les médias incluant les communes de Dinard et Pleurtuit a été évoquée lors d’une réunion, en septembre, avec les organisations syndicales » mais indique que celle-ci « est susceptible d’évoluer » .

Localement, des facteurs ont bel et bien été informés, à l’automne, de la mise en place d’un « tri piloté » qui semble correspondre à cette expérimentation mais concèdent avoir eu « très peu d’informations » sur celle-ci. Les deux municipalités concernées n’en avaient pas davantage à partager, ce lundi.

Arnaud Bordier regrette : « Sur le terrain, les facteurs vont être confrontés tous les jours aux questions des clients alors que beaucoup d’inconnues subsistent. »

Ne serait-ce que sur le début de l’expérimentation. Certains facteurs ont le sentiment qu’elle a déjà commencé à bas bruit, « cela pourrait être au premier ou au deuxième trimestre, rien n’est figé, soupire pour sa part le syndicaliste. Nous n’avons jamais été concertés sur ce projet d’expérimentation. »

La société répond : « Toute adaptation se fera en concertation avec les postiers et les organisations syndicales, comme toujours à La Poste. »

Ce projet intervient en tout cas alors qu’un vent de contestation souffle déjà localement, du moins au niveau des facteurs pleurtuisiens qui redoutent leur transfert à Dinard, dans les prochains mois. Leur pétition s’y opposant compte à présent 1 300 signatures. Certains n’hésitent pas à confier : « Ces expérimentations et la réorganisation locale sont deux choses différentes. » Avec un dénominateur commun : « Nous sommes inquiets pour notre avenir. »

Auteur : Marie LENGLET.

Source : Dinard et Pleurtuit. Des questions autour d’une expérimentation de La Poste (ouest-france.fr)

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