Diwan face au réel. (LT.fr – 14/10/24)

Le modèle de la gratuité d’enseignement du breton que défend depuis toujours Diwan divise aujourd’hui.
Le modèle de la gratuité d’enseignement du breton que défend depuis toujours Diwan divise aujourd’hui. (Photo d’illustration Lionel Le Saux/Le Télégramme)

Par Pascal Bodéré

Dans un billet consacré au trou financier annoncé par Diwan, en ce début d’année scolaire, notre éditorialiste, Pascal Bodéré, relève que le renflouement qui se dessine de l’association d’enseignement de la langue bretonne en immersion ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique régionale.

Qu’on ne l’oublie pas : le bruit des règles en fer tapant les doigts des élèves qui osaient parler breton en classe résonne encore dans bien des familles bretonnes où cette punition était une vraie violence de l’Éducation nationale envers nos parents et grands-parents. Dans une époque jacobine au possible, pour maintenir le breton vivant, il a fallu des militants. Depuis 1977, ceux qui se sont engagés dans Diwan luttent pour la préservation de ce Brezhoneg qui forge notre identité. Mais l’association perd du terrain dans cet engagement. Le rapport 2023 de la Cour de Comptes (CRC) le démontre : la courbe de la baisse des effectifs de Diwan a croisé celle de la hausse des enfants scolarisés dans les filières bilingues des écoles publiques et privées. En clair, l’âge d’or de Diwan n’est plus.

D’autant que ses finances sont régulièrement dans le rouge. Annoncé en ce début d’année scolaire, le trou de 500 000 € dans les caisses est en passe d’être épongé mais la séquence crée des dissensions sur l’échiquier politique breton qui subventionne Diwan. Si les Départements du Finistère et du Morbihan ont voté d’emblée 50 000 € d’aides supplémentaires chacun, celui des Côtes-d’Armor met, à reculons, 20 000 € de plus sur la table quand le crayon de « LCG », Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, crisse en signant un chèque bonus de 200 000 €. Au cœur du débat aussi, 19 municipalités qui ont décidé de ne pas verser le forfait scolaire induit par la loi Molac, une somme censée être versée à Diwan par les communes qui n’ont pas de filières bilingues. Manque à gagner pour l’association : près de 100 000 € par an.

Derrière ces atermoiements, c’est bien le modèle de la gratuité d’enseignement du breton que défend depuis toujours Diwan qui divise. À ceux qui appellent les communes bretonnes à boucher le trou financier de cette rentrée à hauteur de 10 centimes d’euros par habitant, des voix répondent, calculette en main, que si les parents des 4 000 élèves de Diwan – plus aisés que les parents d’élèves du public et du privé, selon la CRC – payaient 12,50 € de frais de scolarité sur dix mois, le trou de 500 000 € serait bouché. À l’heure où le tour de vis budgétaire du gouvernement est total, « l’État, les collectivités et Diwan doivent se poser toutes les questions ! », assène LCG. L’heure est-elle venue pour Diwan de passer du militantisme romantique au militantisme du réel ?

Source : https://www.letelegramme.fr/opinions/edito-diwan-face-au-reel-6681592.php

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