Trois personnes seront jugées en septembre pour avoir fait des doigts d’honneur sur le passage d’Emmanuel Macron lors de son déplacement en Alsace.
POLITIQUE – « Ce que peut faire Dupont Moretti aux députés, un citoyen ne peut le faire au président ». Acerbe, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a commenté l’annonce du jugement prochain de trois personnes pour outrage à Emmanuel Macron, dénonçant une justice « deux poids deux mesures », qui sanctionne les citoyens mais pas le garde des Sceaux, critiqué pour des gestes similaires devant les parlementaires.
Trois manifestants passeront devant la justice en septembre pour avoir fait des doigts d’honneur au président de la République lors de son déplacement à Sélestat dans le Bas-Rhin. Un geste que le numéro 1 socialiste condamne mais rapproche des bras d’honneur d’Éric Dupond-Moretti dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale le 7 mars dernier. Le ministre de la Justice avait réagi ainsi après que le chef de file des députés LR, Olivier Marleix a évoqué sa mise en examen pour prise illégale d’intérêts. Recadré par la Première ministre, il n’a pas été sanctionné pour autant.
Pour Olivier Faure, cette saisie de la justice dans un cas et pas dans l’autre illustre « la conception de la justice sous Emmanuel Macron. Deux poids, deux mesures. » « Il y a une vertu à l’exemplarité. Dupont Moretti aurait dû démissionner comme dans n’importe quelle démocratie. Et il aurait été compris que le respect s’impose y compris vis-à-vis d’un président qu’on combat », écrit le député de Seine-Maritime.
Défense « librement inspirée de Dupond-Moretti »
Un avis que partagent plusieurs de ses collègues. « Dont acte ! Mais le doigt d’honneur du ministre Éric Dupond-Moretti, qui plus est dans l’enceinte du Palais Bourbon, on en parle », écrit l’élue du Puy-de-Dôme Christine Pirès-Beaune.
Ironique, Jérôme Guedj imagine la défense des manifestants « librement inspirée » de celle du Garde des Sceaux qui avait affirmé que son geste n’était pas dirigé contre Olivier Marleix mais contre sa vision de la présomption d’innocence. « La défense est toute trouvée : ce n’est pas un doigt d’honneur au Président mais à la déambulation », avance le député de l’Essonne.
Les insoumis ne sont pas en reste. « Si Dupond-Moretti n’avait pas donné l’exemple à l’Assemblée, aussi… », tweete le député Antoine Léaument, tandis que Thomas Portes dénonce un double « bras d’honneur » d’Éric Dupond-Moretti et d’Emmanuel Macron « au peuple français » avec la réforme des retraites. « Vous attisez la colère ! », fustige-t-il.
Le geste d’Éric Dupond-Moretti a choqué l’Assemblée nationale. Mais le ministre n’avait que peu de chance d’être sanctionné : en tant que membre du gouvernement Éric Dupond-Moretti n’est pas concerné par les possibles punitions évoquées dans le règlement du Palais Bourbon. En revanche, le Code pénal punit l’outrage envers une personne chargée d’une mission de service publique, comme l’est le chef de l’État.
Par Jade Toussay