D’où vient notre eau potable ? Quelle est sa qualité ? On fait le point en Pays d’Iroise (OF.fr-20/06/25)

Notre eau, en Pays d’Iroise. Volet 1/5. L’eau, autrement appelée l’or bleu, est un enjeu majeur qui mérite la plus grande attention. Tour d’horizon de ce vaste sujet en plusieurs volets, avec aujourd’hui, un zoom sur les captages.

Par Aude KERDRAON.

Quels sont les captages prioritaires sur le territoire du PIC (Pays d’Iroise communauté) et à quoi servent-ils ?

Les huit captages prioritaires dans le Bas-Léon. | SYNDICATEAUXBASLEON.BZH

Deux captages prioritaires dans le pays d’Iroise : Le Traon à Landunvez et Kermorvan à Trébabu. Pour rappel, les captages sont des zones d’alimentation en eau potable protégées, définies après études hydrogéologiques (connaissance de la qualité de la nappe par des mesures de nitrates et/ou pesticides au captage et dans les forages privés en amont).

À noter que Landunvez possède à Queleret un captage d’eau potable non exploité car fermé en 2002. AEPI (Avenir Environnement en Pays d’Iroise) a multiplié les démarches pour avoir accès au dossier de fermeture, sans succès. « Était-ce pour cause de pollution et/ou de faible débit ? » interroge l’association.

« La réflexion d’une réouverture des captages abandonnés est en discussion régulièrement, complète Pauline Richard, responsable service en milieux aquatiques et qualité de l’eau au PIC. Une étude a été lancée en partenariat avec le Sage (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) du Bas Léon en 2024. Mais Queleret n’a pas été retenu et c’est un captage de Ploudalmézeau qui a intégré l’étude. »

Pour AEPI, « aucune étude sérieuse n’a été menée en prenant en compte le changement climatique, les fermes usines, les épandages, l’augmentation du nombre d’habitants. Le choix d’importer de l’eau pour y faire face est une solution facile et la mise en sommeil des forages fermés permet de résoudre la mise en place de zones d’aires de protection des nappes phréatiques. Queleret est un cas d’école ! »

Comment ces captages sont-ils surveillés ?

Toutes les sources de pollution (agricoles, domestiques, urbaines et industrielles) sont prises en compte. Le but étant de définir un plan d’actions visant à réduire et à maîtriser l’utilisation de polluants dégradant la qualité de l’eau.

Quid du captage Le Traon en 2025 ?

Le captage de Traon a fait l’objet de deux procédures de déclaration d’utilité publique, entre 1995 et 2013, qui n’ont jamais abouti. « Elles ont été reboutées à l’étape de la « consultation interservices ». La chambre d’agriculture, a émis un refus en raison de l’impact technico économique trop important du périmètre de protection de captage sur deux exploitants agricoles », fait savoir Pauline Richard.

En 2018, Pays d’Iroise Communauté récupère la compétence et relance les négociations. Plusieurs parcelles lui appartenant, en dehors des aires de protection, sont mises à disposition des agriculteurs exploitant à l’intérieur de ces aires, en échange compensatoire. Le but étant de supprimer tout pâturage et toute culture du périmètre de protection rapproché.

Une fois cette étape franchie, une procédure a pu être relancée en 2022. « Début 2024, nous avons pu constituer un dossier complet qui a été déposé en décembre 2024 en préfecture. Nous sommes toujours dans l’attente de leur retour », confie Pauline Richard.

À noter que Le Traon « est fléché prioritaire en raison du paramètre « Nitrate » vraiment pas bon sur l’eau brute (avant traitement à l’usine). D’où une procédure encadrée avec délimitation d’une aire d’alimentation de captage ; un diagnostic des pollutions qui peuvent affecter l’aire d’alimentation et enfin, la rédaction d’un plan d’action « volontaire » qui devrait être présenté sous peu », explique Pauline Richard.

Combien de forages privés sur le territoire ?

Difficile de savoir combien de forages, privés ou professionnels existent sur le territoire et quels volumes ils prélèvent sur la ressource commune. Pourtant, il est urgent aujourd’hui, face à de probables et répétitives périodes de stress hydrique, de maîtriser la consommation totale d’eau. « Une meilleure gestion de ces forages demanderait un recensement exhaustif des emplacements de ces forages ainsi que de leurs consommations », suggère AEPI.