Drame de Gourvily à Quimper : René Le Jeune perpétue le devoir de mémoire(LT.fr-3/08/22-9h)

René Le Jeune, descendant de la famille assassinée par les troupes allemandes en 1944, devant des archives et un portrait des membres de sa famille tués
Quatre membres de la famille Le Jeune ont été assassinés le 5 août 1944 par les nazis, à Quimper. Vendredi 5 août, une cérémonie a lieu à la boulangerie du Stangala, à Gourvily. Là où, 78 ans plus tôt, se tenait le café-épicerie de la famille… René Le Jeune raconte.

« Le devoir de mémoire diminue petit à petit. Les archives seront toujours là, mais raconter ces souvenirs sera de plus en plus difficile ». La famille de René Le Jeune a été tuée par des nazis à la fin de la Seconde guerre mondiale. L’homme de 87 ans déplore la disparition imminente des témoins de l’Histoire, qui emporteront avec eux leurs souvenirs.

Pour que les témoignages de la guerre ne s’effacent pas, il œuvre avec l’association des Orphelins de déportés, fusillés, massacrés de France, militants de la Mémoire. « Lors de la dernière assemblée générale, on était seulement une trentaine de personnes. Avant, on était près de 200 ». Alors tant qu’il peut, il racontera le récit tragique de l’assassinat de sa famille.

Dans plusieurs classeurs, René Le Jeune conserve des articles de journaux et les documents administratifs concernant cette histoire.
Dans plusieurs classeurs, René Le Jeune conserve des articles de journaux et les documents administratifs concernant cette histoire.

« Je m’en souviens comme si c’était hier »

Depuis de nombreuses années, il lutte pour que le drame de Gourvily ne soit pas oublié. Le 5 août 1944, quatre membres de la famille Le Jeune tombaient sous les balles des troupes allemandes. « Je me souviens de tous les détails de cette journée, comme si c’était hier », raconte René Le Jeune, alors âgé de 10 ans au moment des faits.

Nous sommes trois jours avant la libération de Quimper. L’armée allemande est en déroute.

Ses grands-parents, Jean-Louis Le Jeune et Anne-Marie, née Cuzon, tiennent un café-épicerie route de Brest, à Gourvily. Des résistants venant de Briec leur rendent visite pour se désaltérer. Un convoi de l’armée allemande arrive dans le secteur. Quatre camions d’une vingtaine de soldats, à la recherche d’armes et prêts à en découdre.

Des coups de feu sont tirés. « Les nazis tiraient sur tout ce qui bougeait », se remémore René Le Jeune. Ses deux grands-parents, sa mère, Marie-Renée Le Jeune, née Le Quillec, 33 ans, et enceinte d’un cinquième enfant, et sa tante, Marie-Anne Toullec, née Le Jeune, 32 ans, meurent. Avant de partir, les Allemands vont incendier la maison. Quatre résistants trouvent aussi la mort ce jour-là.

Un schéma de la maison incendiée des grands-parents de René Le Jeune à Gourvily.
Un schéma de la maison incendiée des grands-parents de René Le Jeune à Gourvily.

Une commémoration ce vendredi

Un récit longtemps gardé secret au sein de la famille. Personne ne voulait en entendre parler, sous prétexte qu’il ne fallait pas « remuer le couteau dans la plaie ». « Je pense plutôt que c’est un devoir de mémoire ». Un devoir auquel René Le Jeune s’est attelé depuis tout jeune. Livres de guerre, documents administratifs des démarches entreprises, photos de famille, articles de journaux, procès-verbaux… René Le Jeune archive tout précieusement dans une armoire.

Certains membres de l’association attendent encore une reconnaissance. « Tous n’ont pas obtenu satisfaction des dizaines d’années après », regrette René Le Jeune.

Une cérémonie en hommage à la famille Le Jeune aura lieu ce vendredi 5 août pour célébrer le78 ans du drame.

Pratique

L’association donne rendez-vous devant le café-épicerie de l’époque, remplacé aujourd’hui par la boulangerie du Stangala ce vendredi, à 10 h 30. Un verre de l’amitié sera servi sur le placître de la chapelle de Ty Mamm Doué.

Agathe Hernier

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/drame-de-gourvily-a-quimper-rene-le-jeune-perpetue-le-devoir-de-memoire-03-08-2022-13134732.php

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