
Partisan de l’alignement atlantiste, Friedrich Merz ne cache pas sa satisfaction du « moindre mal » de l’accord entre l’UE et les États-Unis, même si l’industrie exportatrice allemande alerte des conséquences sur une économie déjà stagnante.
Friedrich Merz, le chancelier allemand, est l’un des rares chefs d’État européens à exprimer sa satisfaction de l’accord sur les droits de douane entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis conclus le 27 juillet. La victoire du président des États-Unis est quasi totale. Comme elle le fut à l’issue du sommet de l’Otan, fin juin, lorsqu’il réussit à imposer aux États membres européens de l’Alliance la ratification d’une augmentation de leurs dépenses militaires à 5 % de leurs PIB sur dix ans, en pleine conformité avec les exigences qu’il formulait.
Si, sur le plan militaire, la collusion allemande avec le nouvel atlantisme s’avère prometteuse de fortes retombées, avec les gros industriels de l’armement comme Rheinmetall, la récolte pour le meilleur vassal européen du nouvel atlantisme trumpien s’annonce, cette fois, bien plus maigre. Friedrich Merz plaide ouvertement pour le moindre mal : l’accord, dit-il, permet surtout d’« éviter une escalade inutile dans les relations commerciales transatlantiques ».
Alors que les États-Unis sont le premier partenaire commercial de l’Allemagne, le chancelier s’est dit soulagé, le regard ostensiblement tourné vers l’industrie automobile, « où les droits de douane actuels, qui s’élèvent à 27,5 %, seront presque divisés par deux, passant à 15 % ».
L’accord critiqué outre-Rhin
À la fédération de l’industrie allemande (BDI), on est bien loin d’afficher cependant le moindre triomphalisme. « Des répercussions négatives considérables » sont attendues, fait observer un communiqué officiel de ce secteur clé de l’économie allemande. Et le BDI déplore de surcroît, pour l’heure, « l’absence d’accord sur les exportations d’acier et d’aluminium » vers les États-Unis, qui vont continuer de subir des droits de douane de 50 %.
Les concessions d’Ursula von der Leyen nourrissent outre-Rhin une inhabituelle flambée de critiques contre la présidente de la Commission. Ses engagements à honorer pour quelque 750 milliards de dollars de commandes d’hydrocarbures états-uniens passent ainsi plutôt mal.
Présentée comme le seul moyen à mettre en œuvre pour continuer de couvrir les besoins en énergie de l’Allemagne et de la zone euro, la méthode, qui interdit de recourir à tout fournisseur tiers d’hydrocarbures, coûte très cher et promet de continuer de peser très lourd sur le prix de l’électricité et de l’énergie des entreprises comme des particuliers.
Cette soumission atlantiste concrète promet de renforcer les difficultés de la première économie de la zone euro, réduite déjà à la stagnation depuis trois ans. L’exemplaire vassal européen du trumpisme pourrait être très mal payé de retour.
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