
Un ancien inspecteur général de l’Éducation nationale révèle que l’enseignement privé, principalement catholique, a vu ses financements d’État augmenter l’an dernier concernant l’accueil des plus jeunes enfants, malgré les coupes budgétaires.
Par Yann LEGOFF.
C’est un ancien haut fonctionnaire de l’Éducation nationale qui lève le lièvre. Dans une tribune au journal Le Monde de l’éducation (6 mai), un inspecteur général honoraire de ce ministère, Jean-Paul Delahaye, détaille l’exécution du budget de l’an dernier, se basant sur un rapport récent de la Cour des comptes.
Plus de 691 millions d’euros de crédits ont été supprimés en 2024 dans le budget de l’Éducation. Selon ledit rapport, « l’effort principal a porté sur les bourses et fonds sociaux, les subventions pour rémunération des assistants d’éducation et des AESH [accompagnants des élèves en situation de handicap] ».
Plus spécifiquement, les fonds sociaux, servant à venir en aide aux élèves les plus défavorisés, ont été amputés de 15 %.
« Comme si les trois millions d’enfants et d’adolescents qui vivent avec leur famille sous le seuil de pauvreté n’avaient pas besoin d’aide pour accéder à la restauration scolaire, acheter une tenue de sport, des fournitures, pour payer une sortie scolaire… C’est décidément une manie pour certains gouvernements de prendre dans la poche des pauvres pour assurer les fins de mois du ministère », commente l’inspecteur général honoraire.
30 % en plus pour les maternelles privées, essentiellement catholiques
En revanche, note-t-il, un budget a augmenté de 30 % : celui consacré par le ministère en subventions aux communes pour compenser une partie de ce qu’elles doivent « à présent payer pour le fonctionnement des écoles maternelles privées sous contrat, essentiellement des écoles catholiques »1.
Jean-Paul Delahaye précise le montant de cette nouvelle subvention d’État à ces établissements privés, qui s’ajoute à d’autres bien plus conséquentes : « 69 millions d’euros pour allonger le tuyau du séparatisme social, c’est-à-dire presque deux fois plus d’argent public que pour les fonds sociaux des enfants des pauvres. Il est des choix budgétaires qui se passent de commentaire. »
Décidément… L’odieux scandale Bétharram est l’arbre qui cache une bien sombre forêt, celle du financement par l’État, depuis 1960, des établissements privés sous contrat, à 95 % catholiques, où les plaintes se multiplient désormais pour des faits de violences, systémiques depuis des décennies.
Le 14 mai, le Premier ministre François Bayrou devra répondre de ses actes, concernant Bétharram, devant la commission d’enquête parlementaire « sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires », dont Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Ensemble) sont les co-rapporteurs.
Par la voix de Paul Vannier, cette commission d’enquête a par ailleurs révélé, la semaine dernière, confirmant une information de Mediapart, que le rapport de l’inspection générale sur le très huppé établissement privé catholique parisien, Stanislas, avait été modifié à l’insu des inspecteurs pour en fait disparaître les faits les plus graves.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/ecole-privee-le-scandale-betharram-un-arbre-dans-une-bien-sombre-foret-io-fr-10-05-25/