Élections aux chambres d’agriculture : « Les salariés agricoles ne doivent pas se faire voler leurs voix », alerte la CGT agriculture-agroalimentaire (H.fr-17/01/25)

« Dans le cadre des élections des chambres de l’agriculture, les salariés de la production agricole sont appelés à voter par l’intermédiaire de deux collèges », estime Diane Grandchamp, secrétaire fédérale FNAF CGT. © ANDBZ/ABACA

1,5 million de travailleurs sont appelés à élire jusqu’au 31 janvier leurs représentants dans les chambres d’agriculture. Ceux-ci auront la tâche de négocier les salaires et conditions de travail dans le secteur de la production et des organismes agricoles. Diane Grandchamp, secrétaire fédérale FNAF CGT, appelle à une large mobilisation pour contrer la smicardisation de la profession.

Par Samuel EYENE.

Les élections en Chambre d’agriculture se déroulent du 15 au 31 janvier. Un scrutin important pour les exploitants qui pourront choisir parmi les modèles agricoles très différents que proposent leurs organisations FNSEA-JA, Coordination rurale, Confédération paysanne et Modef. Mais cette échéance est aussi fondamentale pour les travailleurs agricoles qui élisent eux aussi leurs représentants par l’intermédiaire des collèges 3a et 3b. Attentive à ce que leurs voix soient bien respectées, Diane Grandchamp, secrétaire fédérale de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT, dévoile les enjeux du scrutin.

Pourquoi appelez-vous les salariés agricoles à se mobiliser largement pour ces élections ?

Tout simplement parce qu’ils ont un rôle déterminant à jouer. Comme d’habitude, lorsque les médias couvrent la tenue de cet évènement, seules les préoccupations du patronat agricole apparaissent. Pourtant, cette échéance concerne également 1,5 million de salariés, si on compte les saisonniers, qui sont les invisibles des temps modernes.

Dans le cadre des élections des chambres de l’agriculture, les salariés de la production agricole sont appelés à voter par l’intermédiaire de deux collèges. Le premier, le collège 3a, concerne les représentants des salariés de la production agricole. Celui-ci est particulièrement important car il permet de mesurer la représentativité des organisations syndicales. Plus un syndicat obtient de voix, plus il a des chances de conforter son rapport de force face aux organisations patronales.

Il est fondamental pour nous, à la CGT, car c’est via ce collège que les élus pourront défendre les conquis sociaux et arracher de nouveaux droits. Les salariés agricoles ne doivent donc pas se faire voler leurs voix. Quant au deuxième collège, le 3b, il concerne les représentants des groupements professionnels agricoles. Il faut souligner que la CGT présente des listes dans tous les départements et qu’un bon score nous permettrait de peser à la table des négociations.

Pourquoi craignez-vous que les salariés se fassent « voler leur voix » ?

Le patronat agricole fait tout pour entraver le bon déroulement du processus électoral. Cela a été une grosse bataille pour faire inscrire, avant le début des élections, ne serait-ce que nos candidats militants. La Coordination rurale est même allée jusqu’à présenter dans les Hautes Pyrénées une liste patronale dans le collège 3a ! Si une organisation patronale est présente dans le collège salarié, ça veut dire qu’on leur donnerait la possibilité de négocier des deux côtés de la table. Mais c’est une bataille que nous avons gagnée. Après plusieurs procédures, nous avons réussi à faire exclure la Coordination rurale du collège salarié.

Quelles revendications portez-vous ?

Les salariés agricoles ont tendance à être les victimes de la smicardisation de la profession. Ils ont des qualifications importantes qui ne sont pas reconnues. Nous revendiquons donc un salaire minimum professionnel d’embauche à 2 610 euros brut par mois. La mise en place d’un treizième mois pour tous les salariés et d’une prime d’ancienneté.

Ensuite, il y a un problème en termes d’emploi et de qualité d’emploi. La plupart des travailleurs sont en contrats à durée déterminée. Donc nous exigeons une généralisation du CDI. Il y a des possibilités en agriculture d’organiser le travail pour développer les CDI plutôt que les contrats précaires du type saisonnier. Une grande partie de ces employés travaillent 10 à 11 mois dans l’année. Le patronat leur fait enchaîner les contrats précaires alors qu’ils pourraient avoir un emploi stable. De même, cela peut paraître évident mais, malheureusement, nous sommes encore obligés de le réclamer : toutes les heures travaillées doivent être payées.

Concernant les saisonniers, votre fédération s’est montrée très active ces dernières années pour exiger des améliorations de leurs conditions de travail. Reste-t-il du terrain à défricher ?

Oui, il reste encore énormément de problèmes à résoudre. Notamment la question des logements. Il faut que les employeurs soient mis à contribution parce que la majorité du patronat agricole ne cotise pas, notamment au 1 % Logement. Le développement de transports collectifs, publics, pour les salariés est aussi une requête indispensable. Il n’y a pas de moyens de transport pour les travailleurs dans les zones rurales, ce qui peut être extrêmement pénalisant. Enfin, c’est une mesure qui ne cessera d’être agitée mais il est absolument nécessaire d’abroger les modalités de la réforme des retraites à 64 ans, surtout pour les métiers pénibles qui doivent avoir accès à un départ à 55 ans.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/agriculture/elections-aux-chambres-dagriculture-les-salaries-agricoles-ne-doivent-pas-se-faire-voler-leurs-voix-alerte-la-cgt-agriculture-agroalimentaire

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/elections-aux-chambres-dagriculture-les-salaries-agricoles-ne-doivent-pas-se-faire-voler-leurs-voix-alerte-la-cgt-agriculture-agroalimentaire-h-fr-17-01-25/

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