De prime à bord des élections municipales pourraient apparaître comme mineures comparées à des élections législatives sauf au Liban et cela pour plusieurs raisons.
La première, ce sont les premières élections municipales depuis 2016 étalées dans les 7 départements plus la capitale considérée comme un departement à part sur 5 semaines pour des raisons de sécurité et suit viennent de s’achever avec les deux départements du Sud-Liban.
La deuxième, contrairement aux élections législatives où le découpage électorale est refait de manière artificielle à chaque élection en fonction des intérêts des gouvernements qui se sont succéder, il n’y a pas de magouilles possibles lors d’élections municipales où chaque libanais doit voté dans la ville ou le village de son origine et non pas dans la ville ou le village de sa résidence ou même de sa naissance (le lieu d’origine étant celui de le plus lointain ancêtre connu où tous ses descendants restent affiliés à son registre d’état civil), donc il n’est pas possible de trafiquer le découpage électoral.
La troisième et la plus importante: ces élections d’après l’affrontement avec l’entité sioniste étaient particulièrement attendues car font office de baromètre fiable mesurant la popularité du Hezbollah et de ses alliés parmi les 17 autres confessions libanaises comparée à celle des forces libanaises et leurs alliés parmi les sunnites et les druzes, clairement ennemis déclarés du Hezbollah, alliés assumés de l’entité sioniste et téléguidés par les américains et les Saouds.
Les sept départements du Liban et leur diversité religieuse 
Je passe sur les modalités techniques du scrutin particulièrement compliquées car à caractère confessionnel (avec le principe de quotas pour chaque confession, quotas variable en fonction du lieu et de la démographie de chacune d’elles), les règles étant les mêmes pour toutes les confessions, au total 18 confessions, les plus importantes en nombre par ordre décroissant étant sur un total de 4,5 millions de libanais résidants au Liban (en plus de 1,7 millions de réfugiés syriens et 600 000 réfugiés palestiniens) , les musulmans chiites (2 millions), les chrétiens maronites (1 million) et les musulmans sunnites (1 million), les 15 autres allant de quelques milliers à 200 000) sachant qu’il existe au Liban plusieurs catholicismes et plusieurs orthodoxies dont chacune d’elles forme une confession à part entière avec see propres églises, son propre dogme et sa propre liturgie… pour comprendre le mode électoral au Liban il faudrait avoir au moins un bac+5, donc je vous épargne cette corvée et le maux de tête qui en résultent !
Première information est le taux de participation qui s’élève à environ 40-42% (moyenne nationale) avec des pointes à 46-47% dans deux districts du Sud-Liban, Jezzine à majorité chrétienne maronite et Nabatié à majorité musulmane chiite. Dans certaines localités on approché les 70%.
Cela peut paraître peu or c’est un record depuis le début de la guerre civile en 1975 où les élections au suffrage universel, municipales comme législatives ne dépassaient guère les 25-30%.
Le nombre élevé des libanais qui résident à l’étranger (1/3 de la population), la peur d’incidents lors du scrutin (il y en a eu quelques-uns dont deux importants dans le Nord, à Tripoli fief des sunnites pro HTS et à Bsharré fief de Geagea), le désintéressement de la politique d’une partie des libanais font que le taux de participation est relativement bas en comparaison à ce qu’on voit dans d’autres pays, par contre si on se limite à comptabiliser les libanais qui résident au Liban le taux de participation est exceptionnel, en effet la mobilisation paraissait particulièrement importante sur le terrain avec un engagement passionné dans toutes les régions.
Les résultats sont sans appel, victoire du tandem Hezbollah-Amal et de leurs alliés parmi les chrétiens, défaite nette et sans bavure des forces libanaises malgré l’ingérence directe de l’ambassadrice américaine, cet ambassadrice, fait unique dans son genre tous pays du Monde confondu, s’est déplacée dans la ville de Zahlé, fief des forces libanaises dans la Bekaa, pour soutenir leurs candidats ce qui n’a pas empêché les forces libanaises de se contenter d’une demi-victoire locale dans l’un de leurs fiefs historiques dans cette région du Liban, ni d’autres défaites dans les deux départements à majorité chrétienne, le Nord et surtout le Mont-Liban, où les partisans de l’ex-président Michel Aoun et ceux de Souleimane Frangié, tous deux ennemis jurés des forces libanaises et favorables à la résistance ont raflé la majorité des sièges municipaux.
Idem pour la ville chrétienne de Jezzine au Sud-Liban où l’affrontement entre les partisans de Samir Geagea et ceux du Courant Patriotique Libre de l’ex-président Michel Aoun a atteint son paroxysme, l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite s’est personnellement déplacé pour soutenir les listes des forces libanaises dans tout le district, peine perdue puisque la défaite des ses protégés était cuisante, les listes communes CPL et Hezbollah-Amal ont quasiment tout raflé alors que les FL annonçaient depuis plusieurs jours une victoire écrasante !
À remarquer que les ambassadeurs de Russie et de l’Iran de son fait discrets en en retrait tout au long des 5 semaines du scrutin contrairement à ceux des USA et d’Arabie Saoudien où à ceux de la France et de la Grande-Bretagne dont l’ingérence était bien discrète et moins visible que celle des américains et des saoudiens mais néanmoins réelle.
DÉFAITE DE L’AXE AMERICANO-ISRAELO-SAOUDIEN
Non seulement le tandem Hezbollah-Amal a gardé la totalité des sièges obtenus en 2016 mais en plus il en a gagné des nouveaux de surcroît avec un nombre de voix supérieur à celui de 2016 et ce malgré l’ingérence étrangère directe et acharnée et le déversement des pétrodollars pour acheter des voix, même à Beyrouth où il y a le plus de chiites opposés au Hezbollah ce dernier a raflé tous les sièges attribués à la communauté chiite.
Force est de constater que la popularité du Hezbollah s’est accrue alors que les américains, l’UE et aussi les israéliens dont les médias suivaient avec intérêt ces élections misaient sur un recul important de la popularité de la résistance nationale et une dégradation de son image auprès de l’opinion publique, ou des opinions publiques car, c’est une spécificité libanaise, il y en a plusieurs au Liban, au contraire ces résultats confirme la solidité de l’ancrage de la résistance au sein des sociétés libanaises diverses et variées, même que beaucoup parmi les opposants politiques au Hezbollah ont voté contre les forces libanaises tellement leur soumission aux américains et aux sionisme est visible et qui peut que nuire à l’ensemble du Liban.
Autre constat, si on prend le temps de d’additionner les voix par siège pour chacun des partis politiques il apparaît clairement que les forces libanaises et l’ensemble de leurs alliés, leurs alliés n’étant que des personnalités politiques par ci par là sans véritable base populaire, ne représentent pas plus de 15-20% de l’ensemble de la population libanaise contre plus de 75%- 80% pour le trio Hezbollah-Amal-CPL (environ 10% pour les indépendants), un trio résolument et définitivement opposé à la normalisation avec l’entité sioniste et viscéralement attaché à la résistance contre la volonté expansionniste de cette même entité tout en étant un soutien indéfectible à la cause palestinienne.
Si les forces libanaises et leurs petits alliés ont réussi à gagner quelques municipalités, au niveau de chacun des 7 départements ils sont largement minoritaires.
Comme l’avait dit Naïm Kassem lors de l’un de ses récents discours, combattre Israël est à fois une nécessité nationale pour préserver le Liban et sont intégrité territoriale face au péril sioniste consentement menaçant mais aussi une obligation morale vis à vis des palestiniens. Ainsi soit-il !
Quant à Ortagus, envoyée spéciale de Trump au Liban, dont les visites au Liban se multiplient et se démultiplient avec une prétention qui frôle la stupidité car stériles avait déclaré quelques heures avant le scrutin de ce samedi au Sud-Liban : « si le Hezbollah ne rend pas ses armes on fera on sorte de le faire disparaître totalement » ! Comment fera-t-elle ? En éliminant les trois-quart des libanais ? on arrosant le Liban de napalm ? Pourquoi pas une bombe nucléaire ? Cet Ortagus est à l’image de son maître Trump, dans la plus pure tradition yankee, à savoir un mélange d’arrogance ridicule et d’ignorance crasse qui finalement constituent pour nous un atout aussi important que celui de nos armes, s’ils parviennent à exterminer le peuple palestinien après 78 ans de crimes, de massacres de génocides répétées ils parviendront peut-être d’ici 78 ans à exterminer le peuple de la résistance au Liban !
Ces élections municipales libanaises n’ont rien en commun avec les élections qui se déroulent dans d’autres pays notamment en Occident, il ne s’agit pas que d’une pratique démocratique où chaque citoyens exprime librement sas convictions politiques, ce que ces élections ont de plus est qu’elles recèlent en elles la survie d’une cause, c’est un prolongement de l’affrontement militaire un blanc seing pour notre résistance nationale, tel que je connais la haute moralité prouvée et approuvée du Hezbollah il aurait rendu ses armes sans difficultés en cas d’un grand désaveu de sa base or, par conviction et par instinct de survie face au danger sioniste permanent qui le guette depuis 1948, cette base qui a offert tant de martyr et tant de sacrifices a consacré cette résistance légitime en prolongeant son mandat, le mandat de la l’honneur et de la dignité, en somme ces élections ont plébiscité les armes du Hezbollah seules garantes de la souveraineté libanaise; dès lors la déclaration politique générale du nouveau gouvernement énoncée au parlement, où Hezbollah et ses armes sont particulièrement visés selon les désirs et la volonté américains, est caduque, désormais le nouveau régime se trouve face à un dilemme, soit il renonce à sa déclaration de politique générale, ou du moins la révise, soit il court vers un suicide politique.
Encore une fois le constat de l’échec des calculs américains, puérils et irréfléchis, au Levant est évident comme en 1958, comme en 1983, comme en 2000 … ils peuvent commettre tous les assassinats qu’ils veulent, fournir aux israéliens tous les armes et munitions du Monde, essayer toutes les ingérences imaginables, user des complots jusqu’à la fin du des temps… il n’en demeurent pas moins que ce Levant restera une forteresse indestructibles contre toutes les formes de colonialismes possibles, les américains, les européens et les israéliens n’ont cesse d’oublier que nous jouons, nous libanais et palestiniens à jamais liés par le même destin et par les mêmes défis, à domicile alors qu’eux jouent à l’extérieur, qu’ils demandent aux croisés ce qu’ils en pensent.
Source : https://www.hayansidaoui.net/%C3%A9l%C3%A9ctions-municipales-Liban#sthash.TUHFYdd2.dpbs
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