En Bretagne, ils valorisent les cahiers de doléances remplis lors du mouvement des Gilets jaunes (OF.fr-28/04/25)

Sept étudiants de Sciences Po à Rennes travaillent en partenariat avec la Région Bretagne pour présenter au public, en septembre 2025, les cahiers de doléances bretons remplis pendant le mouvement des Gilets jaunes. | OUEST-FRANCE

La Région Bretagne et sept élèves de Sciences Po Rennes travaillent ensemble depuis novembre 2024. Leur but : analyser, échantillonner, scanner et retranscrire les cahiers de doléances remplit par les citoyens bretons au moment des Gilets jaunes.

Pierre FONTANIER.

C’était il y a six ans. La France voyait des gilets jaunes partout. Du 15 janvier au 15 mars 2019, le président Macron proposait aux Françaises et aux Français de partager leurs doléances dans des cahiers ouverts au sein des mairies. Une façon de calmer le jeu au cœur d’une démocratie en train de vaciller. Six ans plus tard, qu’en reste-t-il ?

De gauche à droite au second plan : Pierre Le Moignic, Marie Besnard et Erwan Provost. Au premier plan : Gurvan Le Borgne et Alice Hémon, tous étudiants à Sciences Po Rennes. | OUEST-FRANCE

Les députés sont montés au créneau pour que ces cahiers de doléances soient rendus publics. En réalité, ils le sont déjà. Juste après leur clôture, ils ont été relégués sur les rayons des archives départementales.

À la demande du président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, la collectivité a noué un partenariat avec Sciences Po pour aboutir, en septembre 2025, à une restitution grand public. Pourquoi l’Institut d’études politiques de Rennes ? « Pour garantir une approche aussi neutre que rigoureuse, répond Loïg Chesnais-Girard. Cette parole directe ne peut pas rester lettre morte. Aujourd’hui, nous faisons en sorte qu’elle soit entendue. L’objectif est de rendre cette parole à la Bretagne, pour que chacune et chacun puisse s’en saisir. »

Recruté en novembre 2024 comme alternant, Pierre Le Moignic a enquêté pour récupérer les 9 000 doléances des quatre départements bretons, soit plus de 11 000 pages manuscrites. Puis, il lui a fallu obtenir (comme nous) l’autorisation de chaque préfecture. Foi de journaliste, mettre la main dessus n’est pas une mince affaire.

Six élèves de la junior entreprise de Sciences Po sont ensuite entrés dans la danse pour retranscrire les doléances. « Une junior entreprise a un statut associatif et cherche des organisations pour répondre à des besoins via des missions », précise Gurvan Le Borgne, chargé de projet. « Pour confirmer une méthode scientifique rigoureuse et solide », Pierre Le Moignic s’est rapproché de ses professeurs et de plusieurs chercheurs qui travaillent sur ces cahiers.

« Démocratie et justice sociale »

« Nous avons utilisé un logiciel qui a fait une analyse quantitative des données, poursuit le jeune homme, étudiant, comme Gurvan, en Master 2 « Concertation et territoires en transition ». « Un travail qualitatif, humain et en profondeur », sera ensuite fait par ce groupe d’étudiants travailleurs (leur mission est rétribuée par la Région). « Beaucoup de doléances touchent à la fiscalité, la démocratie, le besoin de justice sociale et le train de vie des élus », égraine Alice Hémon, en Master In situ « Aménagement du territoire et urbanisme ».

« Il y a des doléances sur la vie quotidienne comme la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, rebondit Erwan Provost, en Master 1 « Gouvernance des métropoles, affaires publiques et maritimité ». En revanche, peu de revendications purement Gilets jaunes. » De l’avis de tous, « les nombreuses doléances sur l’annulation de la CSG et les retraites ou la très faible place de l’écologie montrent une démarche générationnelle avec beaucoup de retraités et de personnes âgées »

Le passage aux 80 km/h et l’augmentation du prix du carburant, à l’origine du mouvement, sont peu présents. « Certains s’adressent directement au président de la République, d’autres à leur maire », constate Erwan. Comme cet habitant qui écrit : « Salut René, j’aimerais bien que tu remettes une station-service dans la commune. »

« Analyser l’émotion fait partie de notre méthode, reprend Alice. On sent beaucoup de colère, d’indignation, de désespoir. Il y a peu de constats positifs. » Comme Marie Besnard, en Master « Management de projet en énergies renouvelables » et leurs autres camarades (Noé Perraud et Ulysse David étaient absents), Alice se sent « utile en permettant aux gens d’exprimer leur voix. C’est un rôle citoyen motivant ». Et un échange de bons procédés avec la Région Bretagne.

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/en-bretagne-ils-valorisent-les-cahiers-de-doleances-remplis-lors-du-mouvement-des-gilets-jaunes-da58ffd0-17b1-11f0-a8b3-a2145a0def9b

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