
Par Pauline ROUSSEL
Vendredi 16 juin, Danièle Obono, députée LFI, s’est rendue sur le marché de Saffré (Loire-Atlantique) pour échanger avec les habitants sur sa proposition de loi en faveur de la réouverture des accueils physiques dans les services publics.
Remettre des agents derrière les guichets. Dans les bureaux de poste, les CAF, les préfectures… C’est le message porté par Danièle Obono, députée La France insoumise (LFI) de la 17e circonscription de Paris, derrière son stand.
Ce vendredi 16 juin, elle se fond entre les étals du marché de Saffré, commune rurale près de Nozay, pour récolter des signatures en faveur de sa proposition de loi, cosignée par tous les députés Nupes. Dont, Jean-Claude Raux, député Vert de la 6e circonscription de la Loire-Atlantique.
Fracture numérique
« Ce que nous demandons, c’est la réouverture des accueils physiques des services publics. Ces lieux répondent à des besoins essentiels et sont pourtant de moins en moins accessibles, martèle Danièle Obono. Dès 2019, le Défenseur des droits alertait sur les risques de la dématérialisation accélérée, notamment depuis la crise sanitaire. Il soulignait que près de 15 % des Français n’ont pas de connexion Internet à domicile et que 22 % ne disposent ni d’un ordinateur ni d’une tablette. Il y a une vraie fracture numérique. »
Ce phénomène, la « casse du service public », impacte en première ligne les populations qui vivent dans les banlieues ou les campagnes, ainsi que les plus fragiles et les plus précaires : les personnes âgées, les personnes en situation de handicap visuel, les allophones, les analphabètes, les illettrés… Et les très jeunes. « Avoir accès à des applications sur son smartphone ne veut pas dire savoir comment les utiliser pour faire des démarches », appuie la députée.
Recul des services publics en campagne
Selon un sondage récent de l’Ifop pour l’association Familles rurales, 60 % des ruraux estiment qu’il y a « une dégradation de l’accès aux services publics ces dernières années ». Dans bon nombre de communes, le seul accueil encore debout, c’est le guichet de la mairie. Ou, dans notre territoire, la permanence du député Jean-Claude Raux, à Abbaretz.
« Malgré le développement des maisons France services, le recul est très net, constate le député. Je reçois toutes les semaines des personnes à ma permanence pour me parler de problèmes qui ne sont pas de ma compétence. Comme les difficultés à faire les démarches pour la prime rénov’… Les gens veulent une écoute. La dématérialisation laisse certains au bord de la route. »
« Plus de lien »
C’est le cas de Didier et Daniel(1). Les soixantenaires sont venus du pays de Redon pour soutenir Danièle Obono. « Nous n’avons pas Internet et la dématérialisation nous isole du monde. Il n’y a plus de lien. Les gens se renferment sur eux-mêmes et n’arrivent plus à dialoguer », pensent les deux hommes.
« Bientôt, on devra aussi faire ses impôts en ligne ? ! », regrette Didier. Ils nourrissent une peur du « tout » numérique, surtout là où les réseaux ne sont pas aussi vigoureux qu’en ville. « Chez nous, même pour le téléphone, on n’est jamais à l’abri d’une coupure. »
Danièle Obono effectue actuellement un tour de France, du Nord au Sud, des quartiers aux campagnes, pour recueillir des témoignages qui étofferont son argumentaire. Elle espère que sa proposition de loi soit un jour discutée à l’Assemblée nationale.
(1) Les personnes dont le nom de famille n’apparaît pas n’ont pas souhaité le communiquer.
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