En Finistère, selon cet agriculteur, « il y a urgence à s’occuper du cycle de l’eau » (OF.fr-12/05/23)

Pour Pierrick Berthou, agriculteur à Poulfanc, à Quimperlé (Finistère), c’est maintenant qu’il faut agir pour préserver le cycle de l’eau

Par Béatrice GRIESINGER

Producteur de lait bio à Poulfanc, à Quimperlé (Finistère), Pierrick Berthou n’arrête pas d’alerter sur le cycle de l’eau et propose des pistes pour le respecter.

Producteur de lait bio installé à Poulfanc, à Quimperlé (Finistère), Pierrick Berthou a vécu, comme d’autres agriculteurs, la sécheresse de l’été dernier. Il avait alors interpellé les élus de Quimperlé Communauté sur le cycle de l’eau, la manière de le préserver. Un courrier qui n’a suscité que « très peu de réactions ». Il se désole de voir la terre s’assécher, de voir émerger de fausses solutions.

En Bretagne, à Quimperlé par exemple, « il y a eu de l’eau cet hiver et ce printemps. Et que fait-on ? Rien. Mais on recommence à nous parler d’économies d’eau. Ce n’est pas bon. Il faut commencer par le début. » Pour lui, « l’eau n’est pas une ressource. Elle n’est pas comme le charbon, le pétrole, le bois. » Il souligne que « le terme de ressource est associé à la monétisation ».

« L’eau est un cycle. Depuis l’école, on nous parle du cycle de l’eau. Nous régulons notre corps et sa température avec l’eau : on boit de l’eau, on transpire, on va aux toilettes. L’eau ne fait que passer dans notre corps. Pour le sol, c’est pareil. »

S’il y a constamment de l’eau dans le sol, l’évapotranspiration des arbres et plantes permet d’évacuer la chaleur. « Toute l’eau ne vient pas des océans. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement dit que les deux tiers de l’eau viennent du continent, par évaporation et évapotransipration. Là, on peut agir. »

Les bassins, les mares, les étangs, les noues ou tranchées d’infiltration sont utiles. À leur niveau, l’évaporation fait repartir l’eau dans l’atmosphère avant qu’elle ne retombe en rosée matinale qui préserve la biodiversité.

En ville ou en campagne

« En ville, quand il pleut 1 mm à Quimperlé, cela signifie qu’il tombe 1 litre par m² soit 10 000 litres sur 1 hectare, soit des millions de litres à l’année. En ville, cette eau douce ne fait que ruisseler et finit à la rivière. C’est du gaspillage. Il faut la capter pour qu’elle reste plus longtemps dans la terre et qu’elle l’irrigue bien. Beaucoup d’eau passe directement à la rivière, sans être utilisée. Il suffirait d’en collecter un peu, sans incidence sur le cycle de l’eau. »

Seul 5 % du volume d’eau de pluie qui tombe en un an est utilisé par les collectivités, les particuliers, l’agriculture. « À Quimperlé, on est à 2,5. »

Dans une zone commerciale au sol bitumé, les commerces sont souvent séparés par des grillages. « Pourquoi ne pas creuser une tranchée sous ce grillage et organiser un talus végétalisé avec des saules, des feuillus qui consomment beaucoup d’eau ? Végétaliser un parking, ce n’est pas le bout du monde. » Dans les villes, il préconise des jardins de pluie, des zones de récupération d’eau végétalisée.

En termes de pratique agricole, il aimerait « beaucoup de petites réserves d’eau ». Sans béton, ni bâches en plastique. « Il faut gérer l’eau dès qu’elle tombe dans le sol. Elle finira toujours dans la rivière. La garder le plus longtemps possible dans la terre, c’est relancer le cycle de la pluie. Il y aurait moins de canicules et des périodes de sécheresse plus courtes. »

Dans la campagne, il fustige la continuité écologique qui interdit toute entrave à la circulation de l’eau. « Il faut favoriser une multitude de retenues, les prairies, mettre des plantations au milieu des cultures, pratiquer l’agroforesterie. Les anciens le faisaient, c’est juste du bon sens. »

L’évaporation, une source d’eau

Depuis soixante ans, la Bretagne est passée de la culture herbagère à celle de céréales et maïs. « Moi, gamin, je n’avais jamais vu de tournesol dans les champs. Sauf en image, relance Pierrick Berthou. On a asséché, drainé maladroitement, jusqu’à avoir un déficit d’eau. »

Irriguer, arroser est nécessaire. « L’eau, il faut l’utiliser. Sans faire n’importe quoi non plus. On n’irrigue pas, on n’arrose pas en plein après-midi. »

Les plantes économes en eau ? « Une fausse bonne idée. Elles absorbent moins d’eau, elles transpirent donc moins et rendent moins d’eau dans l’atmosphère. »

« Dans le désert, c’est parce qu’il n’y a pas de végétation qu’il n’y a pas d’eau. Et non l’inverse. Et les villes se comportent comme le désert. »

Évoquer l’eau uniquement en termes de ressource comme le font certaines associations environnementales, ou uniquement en termes de consommation comme le font certains groupes économiques, c’est regarder les faits « par le mauvais bout de la lorgnette. L’eau, il faut la laisser vivre. Elle est un bien commun. Et elle a un cycle. »

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimperle-29300/en-finistere-il-y-a-urgence-a-soccuper-du-cycle-de-leau-50122ef0-e8fb-11ed-916e-8e8e0a151630

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/en-finistere-selon-cet-agriculteur-il-y-a-urgence-a-soccuper-du-cycle-de-leau-of-fr-12-05-23/

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