
Confrontés aux VTC, à la déréglementation du transport de malades et aux restrictions de la Caisse nationale d’assurance maladie, 120 chauffeurs de taxi ont manifesté ce lundi 19 mai 2025, à Lorient (Morbihan). Leur mouvement pourrait durer s’ils ne s’estiment pas entendus.
Par Paul DESCAMPS.
120 chauffeurs de taxi bretons en grève étaient mobilisés, ce lundi 19 mai 2025, à Lorient (Morbihan). Venus de toute la Bretagne sud, ils ont allumé des feux et mis en place des barrages filtrants aux ronds-points de Lann Sévelin et de La Base, pour mettre en lumière leur inquiétude quant à l’avenir de la profession.
« Les quatre fédérations sont mobilisées tout comme les chauffeurs non-syndiqués, c’est inédit et ça démontre l’ampleur des menaces qui pèsent sur nous », souligne Christophe Isaac, basé à Tréméven, près de Quimperlé (Finistère).
Outre « les abus d’Uber, Bolt et compagnie », dénoncés de longue date, ils s’émeuvent de l’accès programmé de ces sociétés au marché du transport de malades, au sujet duquel une convention très défavorable aux taxis doit par ailleurs entrer en vigueur le 1er octobre.
« 40 % de pertes »
« Sur le transport médical, une baisse des tarifs est annoncée, le retour à vide et les temps d’attendre ne seront plus payés, le transport partagé va être généralisé et il devrait y avoir une baisse énorme des prescriptions médicales, car l’État veut économiser trois milliards », énumère Christophe Isaac, chauffeur de taxi à Tréménen (Finistère). Conséquence, « près de 40 % de pertes » pour les taxis, et une « déshumanisation » du métier : « On fait déjà du transport partagé quand c’est possible mais le généraliser sera préjudiciable pour nous comme pour les malades, assure Romain Beaufils, qui exerce à Lorient. Un patient en pleine chimio, qui traverse des moments difficiles et qui a envie de vomir en permanence, n’a pas forcément envie de partager son intimité avec d’autres gens. Sans compter que remplir la voiture va pour eux générer de l’attente supplémentaire. »
Devant une banderole indiquant « CPAM – Uber, taxi serial killer », Marie-Noëlle Decker, venue de Loctudy (Finistère), distribue des tracts à des automobilistes dans leur grande majorité compatissants. « Entre la CPAM et Uber qui arrive sur le marché du médical, des dizaines de milliers de chauffeurs pourraient se retrouver au chômage ! Nous ne pourrons pas continuer dans ces conditions et on ne sait même pas si nos licences seront encore vendables… »
« Durcir le mouvement »
Pour Vincent Allione, vice-président de la Fédération des taxis indépendants du Morbihan, « 30 000 des 65 000 taxis français sont menacés dans l’immédiat ». Une situation inacceptable selon l’un de ses confrères, jugeant que les bénéfices pour l’économie ne sont même pas garantis : « Les VTC vont proposer des prestations dégradées avec des véhicules neuf places, mais ce sont les ambulances qui récupéreront une grande partie du marché… et elles coûtent beaucoup plus cher que nous ! »
Si leurs revendications ne sont pas entendues, les chauffeurs bretons s’affirment prêts à « durcir le mouvement » dans les semaines à venir.
Alors que la patience des automobilistes lorientais a été mise à l’épreuve ce lundi, ce sont les grandes villes – Nantes, Rennes, Paris – qui seront alors ciblées : « Et cette fois, plus de barrage filtrant. On bloque tout ! »
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