En Ille-et-Vilaine, le manque d’accompagnants d’élèves en situation de handicap toujours criant. (OF.fr – 27/09/23)

Guillaume Malbran admet que le travail d’AESH est difficile et que peu restent sur le long terme.
Guillaume Malbran admet que le travail d’AESH est difficile et que peu restent sur le long terme. | OUEST-FRANCE

Guillaume Malbran est accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) au collège Rosa-Parks, à Rennes. Si son travail lui plaît, il dénonce les conditions qui nécessiteraient davantage de moyens pour le bien des élèves.

Guillaume Malbran accompagne des élèves en situation de handicap au collège Rosa-Parks, à Rennes, depuis six ans. Après un Master 1 en sociologie et un Master 2 en économie et gestion publique, il entend parler de cet emploi par des amis et décide de tenter.

Désormais, il travaille en Ulis (Unité localisé pour l’inclusion scolaire), 24 heures par semaine. Ces journées sont rythmées et toutes différentes. « Chaque heure, je change de cours et de classe. Je peux passer d’une classe de 3e à une classe de 5e sur des handicaps toujours différents, sur des matières différentes. Je les aide aussi le midi même si ce n’est pas officiel », admet-il.

Ce travail varié lui plaît mais les conditions un peu moins. « Nous devons compenser le manque d’AESH, poursuit-il. Car, si dans une classe, un élève, qui ne fait pas partie de l’Ulis, a besoin d’un accompagnement, nous devons le combler. Nous restons tous humains. »

« C’est l’arnaque totale »

Au final, Guillaume Malbran est payé pour 24 heures mais la réalité du terrain est différente. « Quand on fait le point, ce n’est pas 24 heures car il y a toujours des minutes qui s’ajoutent et je pense que c’est cela qui engendre la crise du métier car nous ne sommes pas du tout reconnus ni accompagnés pour faire ce travail correctement. Et le plus triste, c’est pour les élèves derrière. Tout le monde en pâtit, se désole-t-il. Si on veut que l’école soit inclusive, il faut mettre les moyens. On ne forme pas bien, on ne paie pas bien et forcément on ne s’occupe pas bien des élèves finalement », ajoute-t-il.

Aujourd’hui en CDI, Guillaume Malbran explique que, malgré tout, son statut ne lui permettra jamais de devenir fonctionnaire : « Nous sommes sous contrat de droit public. On perd tous les avantages de droit privé et on n’a pas les avantages du droit public non plus. C’est l’arnaque totale. »

Des conditions d’arbitrage difficile

Marie Lebossé, déléguée syndicale SNES-FSU, et Michel Novak, coordinateur Ulis dénoncent la situation. | OUEST-FRANCE

Tous les jours, Michel Novak, coordinateur Ulis au sein de collège Rosa-Parks est confronté à la problématique du manque d’AESH. « L’Ulis est un dispositif d’inclusion pour lequel nous avons des AESH collectifs, explique-t-il. Mais à côté de ça, nous avons des élèves en situation de handicap qui ne bénéficient pas de l’Ulis, soit faute de place, soit faute de notification et qui attendent la validation de leur demande. Le délai d’attente peut être très long. »

Un constat partagé par Marie Lebossé, professeure d’anglais dans le même établissement et déléguée syndicale SNES-FSU. « En classe, nous devons prioriser les élèves avec un handicap le plus contraignant, s’indigne-t-elle. Ce déficit d’AESH créé des conditions d’arbitrages difficiles. »

Car le manque d’accompagnants entraîne également des difficultés pour les enseignants. « Les enseignants peuvent essayer d’aider comme ils peuvent mais dans notre établissement, nous avons des élèves allophones, des élèves non-lecteurs, on multiplie les difficultés, ce qui fait que notre tâche est compliquée, poursuit Marie Labossé. Nous n’arrivons pas à répondre au manque d’autonomie de tous. »

Pas d’inquiétude pour le rectorat

De son côté, Corinne Gontard, conseillère technique du Recteur en charge de l’école inclusive, essaie de temporiser. « Les notifications nous arrivent au fil de l’eau, commente-t-elle. C’est pour cela que nous avons encore des jeunes en attente d’accompagnement. »

Aujourd’hui, 1 500 AESH couvrent le département d’Ille-et-Vilaine. « Des recrutements sont en cours, complète-t-elle. Pour moi, il n’y a pas d’inquiétude. Une enquête est menée tous les quinze jours pour suivre l’évolution des notifications et des recrutements. Nous avons les moyens de l’accompagnement. »

Elle admet néanmoins que les accompagnants sont plus difficiles à trouver en région rennaise ainsi que sur les secteurs de Vitré et Fougères. « Il est vrai que la complexité est qu’ils doivent être assez mobiles sur le territoire, dans plusieurs établissements. Mais nous essayons de les fidéliser au maximum. »

Par Sophie BACONIN.

Source : En Ille-et-Vilaine, le manque d’accompagnants d’élèves en situation de handicap toujours criant (ouest-france.fr)

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/en-ille-et-vilaine-le-manque-daccompagnants-deleves-en-situation-de-handicap-toujours-criant-of-fr-27-09-23/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *