La mobilisation faiblit mais ne s’essouffle pas à Brest (Finistère). Environ 15 000 manifestants ont défilé dans le calme contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril 2023. Quelques heurts ont eu lieu, rue de Siam, en fin de manifestation.
La manifestation du 6 avril 2023 a rassemblé environ 15 000 personnes, moitié moins que le record du 23 mars dernier | OUEST-FRANCE
La onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites s’est déroulée dans le calme et sous le soleil, à Brest (Finistère), jeudi 6 avril 2023. Environ 15 000 manifestants (10 000 selon la police, 17 000 selon les syndicats) ont défilé de la place de la Liberté jusqu’à la place Wilson, en passant par le port.
« De cette société-là, on n’en veut pas ! »
L’intersyndicale avait donné rendez-vous aux manifestants place de la Liberté, à 10 h 30. Les prises de parole unitaires sur l’estrade n’ont pas duré bien longtemps, juste assez pour rappeler aux troupes que « la mobilisation continue », et que le Conseil constitutionnel rendra sa décision sur la réforme des retraites le 14 avril 2023.
« Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, les femmes toujours précaires, de cette société-là, on n’en veut pas ! », a scandé Solidaire avant le top départ. Le cortège s’est élancé sur la rue Jean-Jaurès aux alentours de 11 h.
Certaines boutiques, comme le Zara de Jean-Jaurès, ont barricadé leurs vitrines pour éviter la casse durant les manifestations. D’autres ont baissé leur rideau.
« Et puis flûte, les Bretons ont toujours manifesté ! »
À 63 ans, Corinne Caroff manifeste plus pour les générations futures que pour elle-même : « Mes trois enfants ont repris leurs études et c’est très bien, mais avec cette réforme, ils n’ont même plus espoir d’avoir une retraite ! »
Ancienne responsable de documentation, retraitée depuis un an, elle a participé à toutes les manifestations brestoises. Ce qui la fait tenir ? « Je veux que le gouvernement baisse les yeux sur le peuple, voilà. Ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent avec leurs gros diplômes. Et puis flûte, les Bretons ont toujours manifesté ! »
Quelques pas de danse dans le cortège
Pour tromper la lassitude des semaines de mobilisation, un groupe de manifestants – principalement des femmes – ont marché en dansant, au rythme de Louxor j’adore, de Philippe Katerine, ou de Résiste, de France Gall. Le char de l’oncle Sam en papier mâché tiré par un tracteur faisait office de sound system.
Loin du record, mais du monde quand même
Environ 15 000 personnes ont manifesté ce jeudi (10 000 selon la police, 17 000 selon les syndicats). Bien loin du record atteint le 23 mars, où l’on avait décompté 30 000 manifestants à Brest. Mais plus de deux semaines après l’adoption de la réforme des retraites par le Parlement, la mobilisation reste d’ampleur.
Le cortège a longé les rampes du port de commerce puis est remonté en direction du Château.
Pique-nique de fin
Vers midi, il était l’heure de rejoindre la place Wilson pour un pique-nique de fin de manifestation. Force Ouvrière et l’Union locale de la CGT ont vendu des pains saucisses au profit de la caisse de solidarité des grévistes.
Quelques heurts avec la police
Alors que le cortège s’éparpillait dans la ville, environ 200 « blacks blocs » pour la plupart cagoulés et vêtus de noir ont remonté la rue de Siam. Certains se sont saisis des verres et des bouteilles de bière des clients d’un bar-tabac, pour les projeter sur les policiers. Ceux-ci ont répliqué avec des gaz lacrymogènes.
Sur les réseaux sociaux, c’est l’AG des luttes de Brest qui avait appelé à un « deuxième round » en fin de manifestation, « contre la répression et la violence d’État ». Peu avant 13 h, les manifestants ont pris la direction de la faculté de lettres Victor-Segalen et la « manifestation sauvage » a tourné court.
Auteurs : Julia Toussaint et Sabine Niclot Baron