En Loire-Atlantique, l’appel à l’aide des familles qui hébergent de jeunes exilés (OF.fr-11/07/23)

À Vigneux-de-Bretagne, , avec son compagnon Thierry Hervouët et leur fille Éléonore, Maïté Cosnard héberge Moussa, 16 ans, venu de Guinée. Le couple, qui fait partie du collectif des hébergeurs solidaires, a déjà accueilli une jeune Guinéenne, Aminata Conté, qui poursuit ses études à Nantes.

Par Agnès MÉTAYER*

Le collectif des hébergeurs solidaires recueille des adolescents, refoulés par l’aide sociale à l’enfance du Département de Loire-Atlantique. Mais il manque de bénévoles, comme cette famille de Vigneux-de-Bretagne, qui vit avec Moussa, 16 ans, venu de Guinée.

6 000 km le séparent de sa terre aride et natale, la Guinée Conakry. Pourtant, c’est au cœur de la campagne fleurie de Vigneux-de-Bretagne (Loire-Atlantique) que Moussa se sent « considéré comme quelqu’un de la famille ».

Cela fait plus de deux mois que l’orphelin de 16 ans, qui a fui son pays après la mort de ses parents, s’est installé dans la belle maison en pierre de Maïté Cosnard, aux côtés de son compagnon, Thierry Hervouët, et de leur fille Éléonore, 15 ans. « Il commence à se faire des copains et va jouer au foot », se réjouit la mère de famille.

« Quand il y a à manger pour trois, il y en a pour quatre »

Les jeunes mineurs doivent alors être pris en charge par l’État, mais les places manquent et ces gamins se retrouvent livrés à eux-mêmes (1)

.Après avoir dormi à la rue, pendant des jours, le jeune Guinéen, qui a quitté son pays le 1er janvier 2023, a pu trouver refuge à Vigneux. « Quand il y a à manger pour trois, il y en a pour quatre », sourit Thierry Hervouët.

Des gamins sans solution d’hébergement, le collectif en a recensé une quinzaine. Un chiffre qui est loin d’être exhaustif. « Nous sommes une trentaine de familles dans l’agglomération nantaise, mais nous ne sommes pas assez nombreux, déplore Maïté Cosnard. Nous lançons un appel aux bonnes volontés en Loire-Atlantique. Pas besoin d’avoir une grande maison, d’être disponibles pendant des mois. Même des coups de main ponctuels suffisent. Déjà que ces jeunes ont traversé un périple éprouvant pour arriver en France… »

« Le Sillon de Bretagne en fond d’écran »

Un enfer de trois mois. C’est ce que Moussa a enduré pour traverser le Mali, l’Algérie, la Tunisie. La faim, le froid, les coups… Les larmes aux yeux, l’adolescent peine à raconter ce calvaire et dessine parfois, quand les mots ne suffisent plus. Comme cette esquisse colorée qui le montre allongé dans le désert, entouré d’hommes armés. « Quand j’ai traversé en camion le Sahara, on buvait l’eau mélangée à de l’essence dans un bidon, se souvient-il. J’ai parfois marché, pendant des heures, sans savoir où j’allais. »

Des hommes allongés au sol et deux hommes armés : voilà le dessin que Moussa a esquissé pour résumer à l’association Médecins du monde son périple pour fuir la Guinée Conakry.

Après une traversée de trois jours en mer, sur un rafiot de fortune, il accoste sur l’île de Lampedusa. La Sicile, l’Italie, Nice… Moussa traverse l’Europe avant d’arriver à Nantes. La première fois qu’il a rencontré Maïté Cosnard, c’était au pied du Sillon de Bretagne. « Depuis, j’ai mis la photo de l’immeuble en fond d’écran de mon téléphone, je le trouve superbe », confie Moussa, pour qui le monstre de béton symbolise l’espoir d’une vie meilleure.

Pizza, cinéma, Ninho…

Entouré par sa famille vignolaise, l’adolescent se reconstruit, « malgré l’inquiétude pour l’avenir ». En France, tout a le goût de la première fois : la pizza, l’air vivifiant de la Bretagne, le cinéma, les chansons du rappeur Ninho. Comme tant de gamins…Suivant les cours de l’association L’école hors les murs, Moussa espère poursuivre des études en plomberie, décrocher un emploi « et se sentir enfin lui-même ».

Pour Maïté Cosnard et Thierry Hervouët, l’accueillir dans leur maison n’a rien d’extraordinaire. « Ce sont toujours de belles rencontres », glisse la quinquagénaire.Comme cette jeune Guinéenne, Aminata Conté, qu’ils ont hébergée pendant deux ans avec d’autres familles. L’adolescente, aujourd’hui élève au lycée privé Talensac, à Nantes, a toujours gardé contact. « Elle a été la première à me souhaiter la fête des Pères », sourit Thierry Hervouët.

Contact. hebergeurs.solidaires.nantes@gmail.com.

Source: https://www.ouest-france.fr/monde/migrants/en-loire-atlantique-lappel-a-laide-des-familles-qui-hebergent-de-jeunes-exiles-3e65a7b6-1814-11ee-b34a-b36553860272

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/en-loire-atlantique-lappel-a-laide-des-familles-qui-hebergent-de-jeunes-exiles-of-fr-11-07-23/

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