
Par Agnès MÉTAYER*
Le collectif des hébergeurs solidaires recueille des adolescents, refoulés par l’aide sociale à l’enfance du Département de Loire-Atlantique. Mais il manque de bénévoles, comme cette famille de Vigneux-de-Bretagne, qui vit avec Moussa, 16 ans, venu de Guinée.
6 000 km le séparent de sa terre aride et natale, la Guinée Conakry. Pourtant, c’est au cœur de la campagne fleurie de Vigneux-de-Bretagne (Loire-Atlantique) que Moussa se sent « considéré comme quelqu’un de la famille ».
Cela fait plus de deux mois que l’orphelin de 16 ans, qui a fui son pays après la mort de ses parents, s’est installé dans la belle maison en pierre de Maïté Cosnard, aux côtés de son compagnon, Thierry Hervouët, et de leur fille Éléonore, 15 ans. « Il commence à se faire des copains et va jouer au foot », se réjouit la mère de famille.
« Quand il y a à manger pour trois, il y en a pour quatre »
Le couple, membre d’un collectif d’hébergeurs solidaires, ouvre sa porte à de jeunes étrangers qui se voient refuser l’aide sociale à l’enfance du conseil départemental, déclenchée pour les mineurs non accompagnés (MNA). C’était le cas de Moussa, dont la minorité n’a pas été reconnue par la mission d’évaluation menée par l’association Saint-Benoît-Labre.
.Après avoir dormi à la rue, pendant des jours, le jeune Guinéen, qui a quitté son pays le 1er janvier 2023, a pu trouver refuge à Vigneux. « Quand il y a à manger pour trois, il y en a pour quatre », sourit Thierry Hervouët.
« Le Sillon de Bretagne en fond d’écran »

Après une traversée de trois jours en mer, sur un rafiot de fortune, il accoste sur l’île de Lampedusa. La Sicile, l’Italie, Nice… Moussa traverse l’Europe avant d’arriver à Nantes. La première fois qu’il a rencontré Maïté Cosnard, c’était au pied du Sillon de Bretagne. « Depuis, j’ai mis la photo de l’immeuble en fond d’écran de mon téléphone, je le trouve superbe », confie Moussa, pour qui le monstre de béton symbolise l’espoir d’une vie meilleure.
Pizza, cinéma, Ninho…
Entouré par sa famille vignolaise, l’adolescent se reconstruit, « malgré l’inquiétude pour l’avenir ». En France, tout a le goût de la première fois : la pizza, l’air vivifiant de la Bretagne, le cinéma, les chansons du rappeur Ninho. Comme tant de gamins…Suivant les cours de l’association L’école hors les murs, Moussa espère poursuivre des études en plomberie, décrocher un emploi « et se sentir enfin lui-même ».
Pour Maïté Cosnard et Thierry Hervouët, l’accueillir dans leur maison n’a rien d’extraordinaire. « Ce sont toujours de belles rencontres », glisse la quinquagénaire.Comme cette jeune Guinéenne, Aminata Conté, qu’ils ont hébergée pendant deux ans avec d’autres familles. L’adolescente, aujourd’hui élève au lycée privé Talensac, à Nantes, a toujours gardé contact. « Elle a été la première à me souhaiter la fête des Pères », sourit Thierry Hervouët.
Contact. hebergeurs.solidaires.nantes@gmail.com.
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