Énergie : avec la fusion ASN-IRSN, la sûreté nucléaire en pleine ébullition (H.fr-22/05/25)

Cinq mois après le mariage forcé entre l’ASN et l’IRSN, de nombreux points pratiques restent à éclaircir.
© Lou BENOIST / AFP

Née du mariage forcé entre le gendarme des activités atomiques (ASN) et l’expert technique du secteur (IRSN), l’ASNR se déploie depuis cinq mois. La CGT dénonce une absence d’ambition.

Par Stéphane GUERARD.

L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ARSN) a donné de ses nouvelles. Et à entendre son président Jean-Marie Abadie, qui présentait ce jeudi 22 mai à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques son rapport annuel sur l’état du nucléaire français en 2024, l’institution parvient toujours à s’assurer du « niveau globalement satisfaisant » du secteur. Un bilan d’étape censé rassurer, auquel des syndicats apportent de sérieuses réserves.

Il y a un an, les craintes étaient grandes que le big bang de la sûreté nucléaire se transforme en usine à gaz et affaiblisse toute une industrie en pleine relance. Adoptée par les macronistes, les LR et l’extrême droite, la loi du 21 mai 2024 a en effet imposé la fusion à marche forcée de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et de l’IRSN (l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) pour créer l’ARSN.

De nombreuses questions demeurent

Pour les partis de gauche et une majorité de syndicats opposés à cette réforme, ce mariage du gendarme de l’atome et de l’expert technique du nucléaire pouvait déboucher sur une perte d’indépendance et de compétences, ainsi que sur un casse-tête administratif et juridique : les 1 800 experts de l’IRSN étant des salariés de droit privé alors que leurs 530 homologues de l’ASN sont fonctionnaires.

Près de cinq mois après la grande bascule du 1er janvier 2025, « chaque salarié a trouvé un poste à sa mesure. Nous avons assuré juridiquement la continuité de nos activités. Le suivi industriel n’a subi aucun retard et le regroupement dans un même lieu de l’expertise et du conseil a apporté un plus dans la gestion des urgences », rassure Olivier Gupta. Le directeur général de l’ARSN se réjouit aussi du « dialogue social de plus en plus apaisé et constructif », grâce à la constitution d’une « formation conjointe » réunissant les représentants des personnels des deux entités.

Mais tout reste à discuter : la mise en place des instances représentatives du personnel qu’un décret doit codifier en 2026 ; la redéfinition de tous les accords d’entreprise de l’ex-IRSN, devenus obsolètes ; l’harmonisation des grilles de salaire… Preuve que tout va pour le mieux, « le taux de vacance est faible – 12 postes sur 2 100 –, le taux de départ a chuté et nous n’avons pas de problème de recrutement », fait valoir le président Jean-Marie Abadie, soulignant que les 15 millions d’euros lâchés par l’État pour aligner les salaires de l’IRSN sur ceux de l’ASN avaient mis de l’huile dans les rouages.

La transition se passe d’autant mieux que, selon la direction, le CSE de l’IRSN s’est vu privé du droit de recours à une expertise sur la fusion, objecte Philippe Bourachot, délégué syndical central CGT. « L’ambiance est morose, y compris à l’ASN, décrit le syndicaliste. Beaucoup de collègues attendent de voir le nouveau directeur scientifique et la nouvelle organisation opérationnelle pour se déterminer. Le problème est que personne ne connaît les ambitions pour l’ARSN. Si c’est pour nous dire on fait comme avant, je ne vois pas pourquoi on fait tout ça. »

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/asn/energie-avec-la-fusion-asn-irsn-la-surete-nucleaire-en-pleine-ebullition

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