Énergie : les nuages s’amoncellent autour de la centrale de Cordemais, menacée de fermeture par EDF dès 2027 (H.fr-25/09/24)

EDF vient d’annoncer la fermeture de la centrale de Cordemais dès 2027 et l’abandon du projet Ecocombust 2.
© Sebastien Salom-Gomis / AFP

La direction du groupe a annoncé, mardi, « envisager » un arrêt de la centrale à charbon pour 2027, bien qu’un projet de conversion ait été entériné par Emmanuel Macron en septembre 2023. Le dépôt d’un préavis de grève a été voté à l’unanimité par les salariés.

Par Pauline ACHARD.

Depuis plusieurs années, ils se savaient menacés, EDF leur a donné raison, mardi soir. Les 340 agents et 120 prestataires travaillant à la centrale de Cordemais (Loire-Atlantique) pourraient bel et bien se retrouver sur le carreau dans trois ans à peine. En effet, dans un communiqué publié le 24 septembre, la direction du groupe, détenu à 100 % par l’État, a fait savoir qu’elle « envisage d’arrêter la centrale thermique de Cordemais en 2027 ».

Cette décision implique l’abandon du projet de conversion Ecocombust 2, visant à remplacer le charbon par des déchets de bois, « les conditions technico-économiques de réalisation n’étant pas réunies », explique l’électricien. Prévenu lundi 16 septembre par son PDG, Luc Rémont, le représentant du personnel, Fabien Deschamps, est tombé de haut. « C’est une trahison ! EDF nous met un coup de poignard en plein flou politique ! » assène le cégétiste.

Un projet entériné par le gouvernement

Pour rappel, la saga a commencé il y a presque neuf ans, lorsque les salariés de la centrale, prévoyant la fin des énergies fossiles, ont élaboré un projet permettant de décarboner leur production et de garantir la pérennité des emplois. Le dispositif Ecocombust a ainsi vu le jour, proposant de substituer au charbon des granulés noirs, du black pellet (un biocombustible tiré du bois de classe B – d’ameublement et de démolition).

Cela faisait suite à une promesse de campagne tenue en 2017 par le candidat Emmanuel Macron, prévoyant la fermeture des deux dernières centrales à charbon d’ici à la fin de son premier quinquennat. Avec celle de Saint-Avold, en Moselle, la centrale de Cordemais, joyau d’EDF mis en service en 1970, était vouée à disparaître à l’horizon 2022.

L’expérimentation s’accélère donc et le plan de transition obtient le soutien d’EDF, avant que Suez (Veolia), partenaire de l’opération, ne jette l’éponge en juillet 2021, invoquant des raisons de rentabilité. Une deuxième version du projet renaît des cendres d’Ecocombust, en 2022, avec cette fois l’aval de l’exécutif. EDF espère ainsi que 80 % du fonctionnement de la centrale puissent être assurés sur la base de ce mélange. Si le géant de l’électricité offre alors des garanties aux salariés, ceux-ci ne sont pas dupes face au mutisme de leur employeur, qui estime le coût de la conversion à 1 milliard d’euros quand la CGT, elle, table sur un montant n’excédant pas 200 millions. Après de longues années de sursis, le sort de ces travailleurs semble scellé…

Tous les voyants sont pourtant au vert. En janvier 2023, la préfecture de Loire-Atlantique autorise l’industriel du recyclage, Paprec Energy From Waste, à exploiter ce site pour reconvertir la centrale électrique en usine de production de black pellet. Emmanuel Macron annonce ensuite, le 24 septembre de la même année, la conversion du site à la biomasse. Le permis de construire est même été signé en février 2024.

Un préavis de grève jusqu’à la fin de l’hiver électrique

Mais, à la place du projet de conversion, EDF entend, à travers sa filiale Framatome, créer sur le site de Cordemais une usine de préfabrication de tuyauteries du circuit secondaire principal destinées aux EPR2 et pouvant « employer une centaine de personnes à sa création pour atteindre environ 200 à son pic d’activité ».

Dans un communiqué, le sénateur communiste et directeur du journal l’Humanité, Fabien Gay, estime, lui, que « les gaziers et électriciens, sous statut, ne sont pas des métallos et (que) la future usine n’embaucherait initialement que 100 personnes ». Fabien Deschamps fustige également cette alternative : « Pour l’heure, aucune commande d’EPR 2 n’a été passée, on a un peu de mal à y croire. ».

Le sénateur Ronan Dantec et la sénatrice Karine Daniel, tous deux écologistes, exhortent EDF à revenir sur sa décision dans un communiqué commun publié dans la foulée de l’annonce : « Le projet d’Ecocombust s’inscrit dans une logique de sécurisation du réseau électrique de l’ouest de la France. »

Les deux élus ajoutent que « se priver de cette usine, c’est se dépouiller d’une filière d’avenir, en particulier à l’international où les centrales à charbon sont encore trop nombreuses et les gisements de bois de classe B importants ». De même pour le député FI-NFP, Matthias Tavel, qui « souhaite que le nouveau gouvernement et le président de la République fassent obéir EDF ».

Comme, depuis près d’une décennie, les salariés de la centrale de Cordemais n’ont pas l’intention de se laisser faire, lors d’une assemblée générale organisée mercredi matin, le dépôt d’un préavis de grève a été voté à l’unanimité, jusqu’à la fin de l’hiver électrique, le 21 mars 2025. Un maintien des essais a également été décidé. Les représentants du personnel rencontreront par ailleurs la présidente Horizons de la région, Christelle Morançais, à 10 heures, ce jeudi.

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Source: https://www.humanite.fr/environnement/centrale-cordemais/energie-les-nuages-samoncellent-autour-de-la-centrale-de-cordemais-menacee-de-fermeture-par-edf-des-2027

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/energie-les-nuages-samoncellent-autour-de-la-centrale-de-cordemais-menacee-de-fermeture-par-edf-des-2027-h-fr-25-09-24/

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