
Entre 300 et 400 adeptes des « free parties » ont défilé, ce samedi 12 avril, dans les rues de Brest (Finistère), pendant plusieurs heures en musique.
Par Emmanuelle FRANCOIS.
« En tant que public, ça nous arrive fréquemment, en soirée, que la musique soit arrêtée par la police et qu’on reçoive, sans même un début de dialogue, du gaz lacrymogène », explique Camille 24 ans. La Brestoise, qui réalise des pancartes à distribuer pour la manifestation festive de ce samedi 12 avril à Brest (Finistère), a observé un point de bascule au moment du Covid-19.
« Avant, la réponse n’était pas aussi violente. Il y a vraiment une volonté, de la part des autorités, de dissuader les gens de venir et d’être là. Il y a beaucoup d’amendes distribuées aux participants ; alors que c’est juste une fête, on profite d’un moment entre amis », dit celle qui a déjà reçu plusieurs amendes de 68 € pour assistance à tapage et plusieurs, à partager, pour stationnement gênant. Sur l’une de ses pancartes, souligné en fluo : « Danser n’est pas un crime ».
Une loi répressive dans les tuyaux
« La discussion ne se fait plus du tout avec les gendarmes, regrette Yannick, 26 ans, venu de Quimper et faisant partie de l’organisation. Il n’y a plus une seule fête sans grosse saisie de matériel et amende. L’actuel préfet du Finistère est particulièrement anti-teuf. On a des arrêtés d’interdictions de free parties tous les week-ends, là où c’était plus sporadique il y a quelques années. » Les adeptes des free parties revendiquent donc « une société sans répression » et une amélioration des relations avec les gendarmes. « Qu’ils soient là pour contrôler à la sortie, c’est normal, mais pour le reste, on peut s’autogérer, c’est dans l’ADN des free parties », explique le Sud Finistérien, qui rappelle que tout rassemblement festif de moins de 500 personnes n’est pas soumis à déclaration.
Mais cela pourrait bientôt changer : une proposition de loi, portée par 44 députés du camp présidentiel, est dans les tuyaux pour sanctionner les organisateurs de « fêtes libres » de six mois de prison. Motif ? « Ces événements facilitent le blanchiment d’argent, l’usage de la soumission chimique, causent des nuisances aux riverains […] D’innombrables viols, blessés et morts sont à déplorer », avance la proposition de loi.
Et c’est tout le contraire que veulent démontrer les 300 à 400 fêtards de tous âges, en dansant dans les rues derrière un camion et des baffles. « On se connaît tous plus ou moins ; la Bretagne est l’un des centres névralgiques de la fête libre en France, avance Youenn, 22 ans. On vient pour la musique, l’ambiance et l’aspect « zone safe » (sécurisée). On est tous là pour s’amuser, et porter nos valeurs de liberté, fraternité et convivialité ! » Les fêtards étaient autorisés à rester jusqu’à 19 h au parc à chaînes, sur le port de commerce.
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