ENTRETIEN. « Comment construire des logements sociaux compatibles avec le budget des Bretons ? » (OF.fr-31/05/24)

« Notre modèle économique évolue », souligne Jacques Le Guennec, président de la Coopérative immobilière de Bretagne.
« Notre modèle économique évolue », souligne Jacques Le Guennec, président de la Coopérative immobilière de Bretagne. | COOPÉRATIVE IMMOBILIÈRE DE BRETAGNE

Acteur historique de l’habitat et du logement social, la Coopérative immobilière de Bretagne, dont le siège est à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), célèbre ses cent ans en 2024. Les défis à relever ne manquent pas pour elle, comme pour tout le secteur du logement social. Les explications de son président, Jacques Le Guennec.

Entretien réalisé par Olivier MELENNEC.

Acteur historique de l’habitat et du logement social, la Coopérative immobilière de Bretagne, dont le siège est à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), célèbre ses cent ans en 2024.

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C’est l’occasion de faire le point avec son président, Jacques Le Guennec.

Quelle place occupe-t-elle aujourd’hui parmi les acteurs du logement social en Bretagne ?

Notre histoire trouve son origine dans le financement du logement des plus modestes. Nous avons deux grands pans d’activité. D’abord, le logement social locatif, porté par la société BSB Les Foyers. Il comprend du logement familial classique mais aussi de l’hébergement spécifique : foyers étudiants, foyers de jeunes travailleurs, Ehpad, etc.

Ces hébergements de type foyer représentent 6 000 des 10 000 logements locatifs que nous avons en parc. Nos activités de promotion sont portées par Secib immobilier, spécialiste de l’accession sociale à la propriété. Nous avons commercialisé 10 000 logements depuis nos origines.

Le logement social broie du noir. Les mises en chantier sont au plus bas. Vous anticipez une baisse de votre chiffre d’affaires de 16 % en 2024. Pour quelles raisons ?

Les délais de précommercialisation se sont allongés dans l’accession à la propriété. Les clients mettent plus de temps à obtenir leur prêt. De notre côté, il y a des délais pour trouver des entreprises aux prix que l’on veut. Comme le marché a baissé, il y a moins d’acquéreurs, ce qui retarde aussi le démarrage des opérations. Ces mises en chantier plus longues décalent les autres opérations.

Si on prend le logement social, l’augmentation du taux du livret A, qui est passé à 3 %, renchérit le coût de nos emprunts. Il a doublé, soit pour nous 4 millions d’euros de charge supplémentaire de la dette. Ce sont des fonds que l’on n’investit pas pour faire de nouveaux logements.

À cela s’ajoutent la hausse du coût de la construction et la baisse des subventions. Nous mettons aujourd’hui de 30 à 35 000 € de fonds propres par logement contre 15 000 il y a trois ans. Tous ces facteurs mis bout à bout expliquent pourquoi nous anticipons une baisse de notre chiffre d’affaires.

Historiquement, vous étiez surtout présents dans les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine. L’an passé, vous avez ouvert une agence à Lorient, dans le Morbihan. C’est un moyen de relancer votre dynamique ?

Nous devons être proches de nos clients, mais aussi des élus représentant les collectivités. Notre modèle économique évolue. Le temps du copier-coller des projets est révolu. Il faut répondre aux besoins d’un territoire et inclure dans un projet différentes typologies de logements et de services : crèches, services à destination des personnes âgées, commerces, tiers-lieux. On est bien incapable de connaître ces besoins si l’on n’est pas au contact du terrain.

D’où l’ouverture de cette antenne à Lorient. Nous étions déjà présents à Saint-Brieuc, notre siège historique, Rennes, Saint-Malo et Brest.

Quel est aujourd’hui le grand défi du logement social ?

Une partie du défi réside dans la décentralisation. Mais qui dit décentralisation, dit aussi capacité financière. Ce qui n’est pas un sujet évident quand on connaît la situation des collectivités. Heureusement, nous avons la chance d’être sur le bassin rennais où la collectivité, Rennes métropole, se préoccupe depuis des années de loger ses habitants. C’est aussi une collectivité qui dispose de moyens, il faut le reconnaître.

L’autre défi, c’est d’être capable de se projeter au-delà des trois-quatre prochaines années pour répondre aux défis du climat, des transports ou des modes de vie. Déjà, la période du Covid a entraîné de grandes modifications dans notre mode de vie et de travail.

À quoi ressemblera le logement social de demain ?

Il y a tout un travail de réflexion à mener sur le réemploi des matériaux ou l’emploi de matériaux biosourcés. Un élément économique sera essentiel. C’est la question du financement. Comment va-t-on réussir à sortir des logements qui soient compatibles avec le budget de nos concitoyens ? Les opérations qui font appel au Bail réel solidaire (BRS), le fait pour le client de n’acheter que le bâti et non le foncier, peuvent être une réponse à cette interrogation.

La Coopérative immobilière de Bretagne en chiffres. 170 collaborateurs à Rennes, Brest, Saint-Malo et Lorient. Plus de 10 000 logements commercialisés, plus de 10 000 logements en gestion. 83 millions de chiffre d’affaires en 2023. 2,8 millions d’euros reversés en 2023 en aides aux foyers modestes et très modestes.

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/entretien-comment-construire-des-logements-sociaux-compatibles-avec-le-budget-des-bretons-8b00ff70-1e5e-11ef-b54a-817f4879ea25

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