1. Qu’est-ce que le Cercle Communiste d’Alsace ?
Le Cercle communiste d’Alsace a été fondé en septembre 2004 par quelques camarades qui souhaitaient participer à la lutte pour le communisme et à la reconstruction d’un parti communiste véritablement révolutionnaire. Comme aucun n’avait d’antécédents personnels avec le PCF (Parti communiste de France), la décision a été prise de créer un groupe local de militants. Nous avions déjà des liens avec la Coordination communiste du Nord/Pas-de-Calais, qui était le résultat d’un long processus de lutte interne au sein du PCF contre l’eurocommunisme et le révisionnisme. Ces camarades de Lille nous ont aidés à former notre propre « cercle » local. Nous avons été formés, nous avons fait entendre notre voix dans différentes campagnes politiques, dans les quartiers de Strasbourg et nous avons grandi en cours de route.
Depuis juin 2023, l’ACC est devenu RCA (Groupe Communiste d’Alsace), mais je reviendrai sur ce sujet dans la réponse à la sixième question.
2. Comment voyez-vous les relations entre la France et l’Afrique après l’émergence des juntes militaires africaines (Niger, Mali et Burkina Faso) ?
Il est temps que la France soit vaincue. La présence militaire française en Afrique doit cesser. Il est clair que les événements actuels au Mali, au Burkina Faso et au Niger démontrent la volonté des peuples africains concernés de se débarrasser de la domination française. La France a entretenu des relations néocoloniales avec ces pays. Ce n’est pas à nous de juger des formes et des moyens que les peuples adoptent pour s’émanciper. Si cela signifie recourir à des éléments militaires ou à d’autres puissances étrangères, qu’il en soit ainsi. Notre travail, en France, est de lutter contre notre propre impérialisme et de soutenir tout ce qui contribue à le défaire. Dès lors, les relations entre nations souveraines et égales doivent devenir la règle.
3. Êtes-vous favorable à la sortie de la France de l’UE ?
Nous sommes favorables à la sortie de la France de l’UE, ainsi que de l’OTAN. Ce sont des instruments de l’impérialisme alignés pour la plupart sur la diplomatie américaine. Il y a certes des contradictions objectives au sein de l’UE, mais le cadre national (avec ses limites et ses défauts) nous semble un cadre de lutte plus approprié pour défendre les mots d’ordre favorables à la classe ouvrière et aux travailleurs en « ensemble ».
4. Y a-t-il des possibilités de former un front antifasciste commun si Le Pen se renforce contre Macron ?
La question d’un front antifasciste doit être analysée en deux étapes. Le premier est leur besoin. La seconde est sa réalisation concrète.
Il est absolument nécessaire de construire le front antifasciste le plus large possible avec toutes les organisations et personnalités qui le souhaitent afin d’empêcher les fascistes de prendre le pouvoir. Il s’agit d’une unité de base pour défendre les droits démocratiques et protéger toute personne menacée par les fascistes. La droite de Macron et les Républicains jouent un jeu malhonnête et ambigu contre les fascistes, à qui ils arrachent des parties du programme pour des raisons électorales particulières et pour maintenir un haut niveau de répression. La gauche est divisée : sociaux-démocrates et écologistes sont hégémoniques et tous ne sont pas très clairs sur les enjeux de l’instrumentalisation de la laïcité et de la lutte contre l’islamophobie. Nous faisons campagne pour l’unité la plus large possible, tous les démocrates sont les bienvenus, mais nous ne nous faisons pas d’illusions sur les forces bourgeoises et conservatrices.
A ce niveau, pour le moment, seule la France Insoumise (parmi les forces importantes au niveau national) fait le travail d’un véritable antifascisme sans faire de concessions à la droite. Malheureusement, le PCF est devenu trop social-démocrate pour vraiment intervenir dans la question et son leader, Fabien Roussel, fait de mauvaises déclarations, à la fois chauvines et démagogiques. Par conséquent, la réalisation concrète d’un front aussi large ne dépend pas de nous seuls. Mais dans tous les cas, nous soutiendrons ceux qui luttent vraiment contre le fascisme.
5. Que pensez-vous de la CGT et de son rôle dans le mouvement ouvrier français ?
La CGT est l’organisation de masse la plus importante en France. Il joue toujours un rôle important dans la défense des revendications immédiates des travailleurs, l’organisation concrète des luttes et la solidarité entre les travailleurs. Nous considérons que le travail syndical est fondamental pour les militants communistes et que la CGT est l’outil pour le faire. C’est une école de lutte des classes. Bien sûr, il y a une lutte interne contre les éléments réformistes qui sont au pouvoir depuis des années. L’alignement sur le syndicalisme européen est catastrophique. Mais certaines fédérations et certains secteurs de la CGT continuent dans une ligne de lutte de classe, de solidarité internationale et d’anti-impérialisme. Ce sont eux qui doivent être soutenus et renforcés, ainsi que toutes les luttes des employés pour leurs revendications immédiates au niveau local. Nous visitons les piquets de grève et nous nous engageons dans la solidarité financière pour les grévistes aussi souvent que possible.
6. Pourquoi le « Rassemblement Communiste »?
Le Rassemblement Communiste est le fruit du travail d’unification principalement entre la Coordination communiste du Nord/Pas-de-Calais et le Cercle communiste d’Alsace, devenu le Rassemblement Communiste du Nord et le Rassemblement Communiste d’Alsace en juin 2023. Différents groupes communistes en France issus des luttes contre la mutation du PCF et de plusieurs vagues de distanciation de ce parti devenu réformiste. Notre objectif est de travailler à rassembler ces groupes par le biais de débats et d’actions communes.
7. Y a-t-il des possibilités d’unité sous le minimum des communistes de France ?
Il y a un travail conjoint avec des groupes tels que l’ANC (Association Nationale des Communistes), le PRCF (Pôle de la Renaissance Communiste en France) et le PCRF (Parti Communiste Révolutionnaire de France) pour des rassemblements, des manifestations, des déclarations. Selon les sujets, l’unité peut ou non se produire. C’est un long processus, car « l’unité est une lutte, elle ne se décrète pas ». Nous avons récemment constaté de nets progrès dans ce travail d’unification au niveau national. Nous sommes optimistes quant à cette évolution.
En plus de ce travail entre organisations, le Rassemblement Comunista travaille également avec des militants du PCF, de France Insoumise ou d’autres structures pour promouvoir les revendications des travailleurs, y compris au niveau électoral.
8. Le jacobinisme a-t-il perdu de sa force en tant que pilier politique français parmi les classes populaires ?
Aujourd’hui, le « jacobinisme » n’est pas vraiment une question qui se pose parmi les classes populaires, pas même en Alsace. La situation économique (inflation, austérité), les « réformes » de Macron (destruction de la protection sociale, lois anti-immigration) et la répression touchent le plus les travailleurs. Il y a une hostilité de principe au « centralisme parisien » et un attachement émotionnel à certains marqueurs identitaires comme la nourriture ou les éléments culturels. Bien que la langue alsacienne soit encore pratiquée par les générations plus âgées, les jeunes ne l’utilisent presque plus. Les revendications autonomistes et régionales n’ont été mises en avant depuis plusieurs décennies que par des forces de droite, par des notables et des personnalités politiques bourgeoises cherchant à se positionner pour bénéficier de subventions européennes ou de positions dans les administrations régionales. Nous réfléchissons à la question nationale et à son évolution historique en Alsace, mais les classes populaires, notamment celles issues de l’immigration coloniale et postcoloniale, n’y sont plus massivement attachées.
Source : El Bloque del Este: Entrevista a RC (Rassemblement Communiste) (oscar-elbloquedeleste.blogspot.com)
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