Entretien-« Il faut faire sauter le verrou budgétaire » : les syndicats mettent en garde Michel Barnier (H.fr-18/09/24)

La CGT prévoit aussi l’organisation d’états généraux des services publics, en lien avec plusieurs associations.
© Fred MARVAUX/REA

Huit syndicats de la fonction publique ont envoyé, le 13 septembre, un courrier à Michel Barnier afin d’exiger une revalorisation des salaires et un ministère de plein exercice. Pour Christophe Delecourt, de l’UFSE-CGT, cette démarche signe la première étape d’une mobilisation d’ampleur pour contrer la menace austéritaire.

Entretien réalisé par Hayet KECHIT.

Alors que l’annonce d’un nouveau gouvernement tarde à venir, les huit syndicats représentatifs de la fonction publique (CGT, FO, la CFDT, l’Unsa, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC et la FA-FP) se sont rappelés au bon souvenir de Michel Barnier, en fin de semaine dernière. L’augmentation du point d’indice – gelé pendant plus de dix ans, avant une revalorisation récente jugée dérisoire face à l’inflation –, la suspension de la réforme des retraites, mais aussi le maintien d’un ministère de la Fonction publique de plein exercice comptent parmi les revendications formulées dans un courrier envoyé le 13 septembre au nouveau premier ministre.

Pour Christophe Delecourt, secrétaire général de l’Union fédérale des syndicats de l’État à la CGT (UFSE-CGT), cette mise en garde signe la première étape d’une mobilisation nationale qui s’exprimera dans la rue, le 1er octobre, jour de la présentation du budget à l’Assemblée nationale, dont les contours font déjà craindre au syndicaliste de voir les services publics de nouveau transformés « en variable d’ajustement ».

Qu’attendez-vous de la lettre adressée à Michel Barnier ?

Christophe Delecourt, Secrétaire général de l’Union fédérale des syndicats de l’État de la CGT: Nous avons en effet interpellé le nouveau premier ministre sur la question du pouvoir d’achat. La revalorisation du point d’indice de 3,5 % en 2022, puis de 1,5 % en 2023, est parfaitement insuffisante au regard de l’inflation et après plus d’une décennie de gel de la valeur du point. À la CGT, nous ne nous résoudrons pas à ce que 2024 soit, comme l’avait affirmé Stanislas Guerini (ministre démissionnaire de la Fonction publique – NDLR), une année blanche et nous exigeons une revalorisation de 10 %.

Nous avons par ailleurs demandé le maintien d’un ministère de plein exercice. Il est inconcevable que des chantiers aussi importants soient dévolus à un simple ministère délégué ou à un secrétariat d’État. Enfin, nous avons réitéré notre volonté de voir la réforme des retraites suspendue.

Le vote prochain du budget et les risques de restrictions sur les moyens dédiés aux services publics ont-ils joué un rôle dans cette interpellation ?

Nous avons toutes les raisons de redouter ce projet de loi de finances. L’austérité est d’ores et déjà à l’œuvre. Les services publics sont la variable d’ajustement, comme en témoigne la non-reconduction, au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse, des contrats des agents non titulaires, qui représentent 21 % de la force de travail. De nouvelles coupes budgétaires sont prévisibles, alors que les services sont exsangues.

La nomination de Michel Barnier, imposé par un coup de force, nous incite également à la plus grande vigilance. Se pose ici un véritable problème de légitimité d’un premier ministre nommé avec l’aval du RN, au mépris d’un scrutin qui a placé en tête le NFP. Tout cela doit nous amener à maintenir une puissante mobilisation.

Comment comptez-vous exercer cette pression ?

Notre premier rendez-vous sera le 1er octobre, jour de la présentation du budget à l’Assemblée nationale, où nous appelons à la grève et aux manifestations dans toute la France. Le gouvernement doit répondre à l’urgence sociale, la question salariale en fait partie.

La CGT prévoit aussi l’organisation d’états généraux des services publics, en lien avec plusieurs associations. Ils seront une caisse de résonance aux besoins des usagers qui auront la parole sur l’ensemble du territoire. L’affaissement, pour ne pas dire l’effondrement dans un certain nombre de secteurs, des services publics est une des causes des fractures au sein de la société.

Ces états généraux ont vocation à déboucher sur des propositions concrètes. D’ores et déjà, nous avons la certitude qu’il faut faire sauter le verrou budgétaire et en finir avec les politiques d’austérité qui n’ont cessé de priver la fonction publique de moyens vitaux.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/cgt/il-faut-faire-sauter-le-verrou-budgetaire-les-syndicats-mettent-en-garde-michel-barnier

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/entretien-il-faut-faire-sauter-le-verrou-budgetaire-les-syndicats-mettent-en-garde-michel-barnier-h-fr-18-09-24/

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