
En dépit d’une participation moindre, avec environ 10 000 manifestants contre la réforme des retraites, jeudi 16 février 2023 à Rennes, les syndicats sont satisfaits. Selon eux, la mobilisation reste à un niveau élevé. Ils appellent à des nouvelles actions à partir du 7 mars.
D’une semaine à l’autre, on est passé d’un record de participation (plus de 30 000 personnes dans les rues de Rennes le samedi 11 février) à un cortège beaucoup moins fourni. Jeudi, ils étaient trois fois moins, environ 10 000 manifestants (6 700 selon la police, 12 000 selon les syndicats) à s’élancer dans les rues du centre-ville pour cette 5e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
« La détermination est intacte »
Pas de quoi inquiéter les syndicats, qui se réjouissent devant ces chiffres de participation. « On s’attendait à une affluence moindre durant les vacances scolaires. Avec 12 000 manifestants, on reste à un niveau élevé de mobilisation. La détermination à faire plier le gouvernement est intacte », commente Fabrice Lerestif, le secrétaire général de l’Union départementale Force ouvrière 35.
Dans le cortège parti un peu avant midi de la place de Bretagne, des gens de tous âges venus dire non à la réforme des retraites.
À l’image d’Anne (52 ans) et Angèle (17 ans), venues en binôme mère-fille : « Le gouvernement ne nous prend pas au sérieux, il est sourd et pas légitime. »
Déjà retraité, Joël suit attentivement les débats à l’Assemblée Nationale. « C’est important qu’il y ait un débat sur l’article 7, qu’on sache qui est vraiment contre », estime-t-il. De son côté Jean, retraité de 62 ans, regrette la manière dont se déroulent les débats. « À l’Assemblée Nationale les débats ne sont pas d’un bon niveau. Il y a des députés qui interviennent sans connaître le dossier. Certains veulent juste passer à la télévision », déplore-t-il. L’opposition forte dans l’Assemblée est tout de même saluée. « Les députés sont attentifs à ce qu’il se passe dans la rue, c’est une bonne chose », reconnaît Frédéric, 65 ans.
Le 7 mars en ligne de mire
Malgré des niveaux de satisfaction différents du déroulement des débats parlementaires, tous s’accordent sur l’importance de la mobilisation du 7 mars 2023. Jean souhaite une montée en intensité : « Il faut que le mouvement se durcisse, que ça soit plus contraignant au niveau économique. » Et la confiance domine sur l’avenir de la mobilisation, « Ça va être le début d’une lutte plus costaud, il faut continuer », assure Anita, 63 ans.
Mais tout va dépendre de l’action de l’exécutif. « Si le gouvernement ne prend pas en compte, ça va devenir plus violent. Là ce ne sont que les prémices », estime Céline qui travaille dans l’éducation nationale. La pause du mouvement pendant deux semaines ne semble pas effrayer. C’est même du bon sens selon Joel : « Aujourd’hui il y a moins de monde, il faut éviter qu’il y ait trop d’usure. Les syndicats ont raison d’attendre un peu, il ne faut pas que ça pèse trop sur les travailleurs. »
La voie ferrée envahie
La manifestation s’est déroulée dans le calme, sans violences en marge du cortège comme cela s’était produit samedi dernier, avec des heurts place de la République puis place Sainte-Anne. Cette fois, le seul incident s’est déroulé vers 13 h, avec une brève occupation des voies SNCF près de la gare. Les manifestants se sont introduits sur les rails, au niveau du pont Saint-Hélier, et ont été rapidement délogés par les forces de l’ordre. La circulation des trains a été interrompue environ 1 h 30.
Au total, 57 personnes ont été conduites au poste de police, principalement pour un relevé d’identité. Et trois ont été interpellés.
Un blocage du pays au retour des vacances ?
Désormais, l’intersyndicale marque une pause dans les manifestations jusqu’au 7 mars. Les syndicats appellent déjà à changer de braquet, avec un blocage général. « Cette date du 7 mars est un ultimatum à Emmanuel Macron, considère Fabrice Lerestif. Si d’ici là, il n’a pas retiré sa réforme massivement rejetée par la population, il prendra la responsabilité d’une grève générale et d’un blocage du pays. »
Olivier BERREZAI et Suzanne MARION