Erwan Chartier : « Inadmissible de s’attaquer à la liberté de la presse » ( LT.fr-21/02/23)

Après deux menaces de mort, c’est une alerte à la bombe qui a visé, ce lundi, l’hebdomadaire Le Poher
« On s’attaque à la liberté de la presse et à la presse, en général », s’insurge Erwan Chartier-Le Floch, directeur et rédacteur en chef du journal hebdomadaire centre-breton Le Poher, visé, ce lundi, par une alerte à la bombe et ce, après avoir déjà subi des menaces de mort.

Après deux menaces de mort, vous avez été, ce lundi matin, victime d’une alerte à la bombe dans les locaux du Poher. Que ressentez-vous après cette nouvelle menace ?

Erwan Chartier-Le Floch : De la sidération et de la colère car on s’attaque à une entreprise et donc à des salariés. On s’attaque aussi à la liberté de la presse et à la presse en général. C’est inadmissible.

Avez-vous déposé une troisième plainte ?

Ce lundi, j’ai à nouveau déposé plainte pour menace de mort et, cette fois, en plus, pour menace de destruction, de dégradation ou de détérioration dangereuses pour les personnes.

Selon vous, qui sont les auteurs de ces menaces ?

À la suite de nos reportages effectués dans le cadre du projet d’accueil de réfugiés Horizon, à Callac (22), on s’est retrouvé face à une campagne de harcèlement menée par deux sites de l’ultra droite.

La liberté de la presse est-elle en danger ?

Il y a, du moins, une réelle volonté de l’entraver. Ce qui nous fait néanmoins chaud au cœur, c’est le nombre important de réactions et de messages de soutien que l’on reçoit de toute la Bretagne, de droite comme de gauche, mais aussi de la part de nos confrères, des organisations syndicales… Autant de messages et de réactions qui montrent surtout que les auteurs de ces menaces sont des marginaux.

Vous déplorez le fait que les gestionnaires de certains sites d’information d’extrême droite laissent diffuser des messages vous étant adressés, comme celui-ci : « Une balle dans la nuque et la facture envoyée à la famille, comme en Chine ».

C’est inquiétant que le gestionnaire du site ait approuvé ce commentaire. C’est quand même une menace de mort.

Où en est l’enquête ? Connaît-on l’origine des emails, des coups de téléphone ?

Je n’ai pas beaucoup de détails mais je constate que la gendarmerie prend l’affaire très au sérieux.

Comment mettre fin à de telles menaces ?

Nous, on a choisi de communiquer et de ne pas se laisser faire. Beaucoup de monde peut ainsi être victime de telles menaces. Je fais confiance à la justice pour mener l’enquête, et nous, de notre côté, on continuera à dénoncer de tels comportements et à exercer notre métier de journaliste.

Craignez-vous pour votre vie, celle de votre famille et de vos collaborateurs ?

Oui, quand même. On ressent toujours une certaine appréhension mais on ne veut pas les laisser entrer dans nos têtes et on se refuse de ne penser qu’à ça. Évidemment que ces menaces sont perturbantes car on n’est jamais à l’abri que l’un de ceux qui soutiennent les auteurs des menaces se radicalise et passe à l’acte. C’est surtout cela qui fait peur. Nous, on veut travailler. Je tiens aussi à ajouter que nous avons une pensée pour les élus de Callac qui ont aussi été menacés.

Le Télégramme apporte son soutien à Erwan Chartier et à la rédaction du Poher. Notre journal dénonce fermement les menaces dont a fait l’objet l’hebdomadaire du Centre-Bretagne et la lâcheté de leurs auteurs. Il condamne l’action de tous ceux qui cherchent à porter atteinte à la liberté d’informer.

source: https://www.letelegramme.fr/debats/erwan-chartier-inadmissible-de-s-attaquer-a-la-liberte-de-la-presse-21-02-2023-13283010.php

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