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Après que Darmanin ait annoncé vouloir dissoudre Civitas, une organisation d’extrême-droite pétainiste, catholique intégriste, anti-sémite et obscurantiste, Jean-Luc Mélenchon a déclaré « Darmanin donne une réponse claire à l’interpellation des insoumis et de la Licra. L’antisémitisme va être puni. »
La députée macroniste (Renaissance) de Paris, Caroline Yadan, dénonçant une « magnifique récupération » et une « belle tentative de dédouanement » de Mélenchon, a écrit : « Et la dissolution de LFI pour lutter contre l’antisémitisme c’est une idée aussi non ? »
Récupération de quoi ? C’est le ministre de l’Intérieur qui demande et assume la dissolution du groupuscule catho-facho. Que la gauche ne verse pas des larmes sur la dissolution de groupes ligues factieuses ou même s’en félicite, on ne voit pas où serait la récupération.
Dédouanement de quoi ? Sans doute des calomnies diffusées par la Macronie contre la France Insoumise et Mélenchon les taxant « d’anti-sémitisme »? Comme les conservateurs et les blairistes britanniques ont calomnié Jeremy Corbyn avec la même accusation. Comme les républicains et l’aile droite démocrate ont calomnié Berny Sanders avec la même accusation.
Accuser une organisation ou un homme ou une femme politique d’anti-sémitisme est un procédé qui vise à disqualifier d’emblée tout opposant.
Le New York Times expliquait déjà le 4 avril 2019 que « l’anti-sémitisme, la haine des Juifs, constitue le point de ralliement de familles politiques en général considérées comme éloignées : l’extrême droite, certaines franges de l’extrême gauche, l’islamisme radical européen et diverses fractions des deux grands partis américains »
L’idée est la même qui consiste à amalgamer les « extrêmes » de droite et de gauche. C’est la caricature de Plantu dans Le Monde amalgamant Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. C’est tout le discours de la Macronie appuyée par les LR et l’extrême-droite du PS (Cazeneuve, Valls et autre Delga). C’est l’accusation d’islamo-gauchisme. C’est la Macronie et les droites qui accusent Mélenchon de complicité avec les terroristes. C’est qualifier l’assassinat d’un jeune anti-fasciste, par des brutes fascistes, de bagarre entre extrémistes.
Bref une campagne systématique et au long cour est menée pour disqualifier la gauche de gauche. Campagne politique des partis bourgeois relayée par les médias, ceux contrôlés par l’Etat macroniste ou ceux des 9 milliardaires qui en possèdent 90%.
La déclaration de la députée macroniste ne vise pas à interdire demain la FI. Mais elle participe d’une ambiance politique. Le simple fait qu’une députée envisage d’interdire la principale force de gauche du pays légitime l’idée que cela est envisageable. L’histoire est pleine de partis de gauche, en particulier les partis communistes mais aussi même des partis socialistes, qui furent interdit par des gouvernements bourgeois. En France n’oublions pas que c’est le gouvernement du radical-socialiste (centre-gauche) Edouard Daladier (signataire des Accords de Munich en 1938, une trahison et un déshonneur) qui interdit le parti communiste français en 1939.
Une telle déclaration est le prodrome du néo-fascisme. Comme le discours sur l’arc républicain auquel la FI n’appartiendrait pas.
Plusieurs députés LFI ont riposté. « Détruire l’opposition plutôt que lui donner des droits et la combattre dans les urnes, c’est la logique des régimes totalitaires », a écrit Antoine Léaument concluant « Au bout de cette voie se trouve le parti unique. » « Voilà l’arc des apprentis fascistes ! » a ajouté Matthias Tavel. « Vouloir dissoudre le premier parti d’opposition en France, dont le candidat a fait 22 % à l’élection présidentielle. Voilà la conception de la démocratie de cette députée macroniste », a également dénoncé Manon Aubry.
Du côté du PS, son premier secrétaire Olivier Faure a interpellé le chef de file des députés Renaissance, Sylvain Maillard, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, « garants des principes démocratiques. Vous ne pouvez, par votre silence, cautionner Caroline Yadan qui suggère la dissolution d’un parti républicain d’opposition qui compte 74 députés ». Si on compte sur la Macronie c’est qu’on a pas tout compris…
Côté PCF Ian Brossa déclare « Hallucinant qu’une députée de la nation puisse écrire des âneries pareilles… » Peut-on trouver cela un peu faible comme riposte ?
Caroline Yadan s’est déjà fait remarquer pour sa stupidité en juin dernier en s’en prenant au journaliste et militant Taha Bouhafs, accusé à tort d’avoir fait liste commune avec l’antisémite Alain Soral. Cette liste remonte à 2009, et non à 2019 comme l’affirmait la députée Renaissance. Taha Bouhafs n’avait que 12 ans à l’époque…La racisme aveugle et en plus il ne sait pas compter.
Bref cette demande de cette députée macroniste, liée à l’extrême-droite raciste israélienne, est un symptôme de l’alliance de fait du bloc bourgeois et du bloc fasciste contre la gauche.
La stratégie du pouvoir est claire : pour liquider l’opposition de gauche, il faut l’assimiler au fascisme et la diffamer sans relâche. Les macronistes mettent ainsi sur le même pied Civitas, groupuscule pétainiste qui ne cache pas son désir d’éliminer les juifs, et la France Insoumise, qui dénonce les crimes coloniaux en Israël. Aurore Bergé avait déjà réclamé la dissolution d’Amnesty International pour avoir parlé « d’apartheid » en Israël.
Il s’agit d’une stratégie de confusion délibérée, extrêmement dangereuse qui ne bénéficiera qu’aux néo-fascistes. Il faut prendre ce genre de manœuvre et cette campagne très au sérieux et riposter avec force.
Auteur : Antoine Manessis.
URL de cet article : « Et la dissolution de LFI pour lutter contre l’antisémitisme, c’est une idée aussi, non ? » (NBH – 09/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)