
Selon Mme “Vuitton” Lagarde, “L’euro numérique est plus crucial que jamais”. Les économies des citoyens européens seront volées & investies dans la “défense” contre la sempiternelle “menace russe”.
👁🗨 Et le déluge s’abattra – d’ouest en est
Par Pepe Escobar, le 19 mars 2025
Et dans cette conjoncture explosive, ce qui compte, c’est ce qui se dit en aparté.
Commençons par cet appel téléphonique. Le compte rendu du Kremlin est assez sobre, mais il révèle quelques pépites. On ne peut pas pour l’instant parler d’accord global entre Moscou et Washington, loin de là : nous en sommes juste à l’étape initiale et provisoire d’échanges sur plusieurs dossiers interconnectés.
Le président Poutine n’a absolument rien lâché. La pause convenue sur les attaques contre les infrastructures énergétiques – et non l’énergie et les infrastructures (c’est moi qui souligne) – signifie que Poutine impose un arrêt des frappes dangereuses de l’Ukraine contre la centrale nucléaire de Zaporijia.
Cela peut passer inaperçu dans l’hystérie occidentale, mais Moscou a posé deux conditions préalables pour que ce casse-tête commence à être conforme aux réalités objectives – et ne se mue pas en désastre narratif digne d’une émission de téléréalité :
- “L’accord pour l’Ukraine doit prendre en compte la nécessité inconditionnelle d’éliminer les causes profondes de la crise, les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité”.
- “La condition sine qua non pour prévenir l’escalade du conflit est la cessation totale de l’aide militaire étrangère et de la fourniture de renseignements à Kiev”.
L’envoyé spécial américain Witkoff affirme que les “détails” du cessez-le-feu seront réglés dimanche en Arabie saoudite. Malgré les pleurs & vociférations, Kiev devra l’accepter.
Poutine et Trump n’ont pas passé plus de deux heures à parler de hockey, des perspectives de navigation dans la mer Noire et d’une pause d’un mois dans la frappe de missiles sur une infrastructure énergétique assez limitée.
Dans cette conjoncture explosive, ce qui compte, c’est ce qui se dit en aparté. Et cela aurait tout aussi bien pu être l’Iran. Et la perspective du déluge.
“J’ai marché au cœur de sept tristes forêts
Fait face à une douzaine d’océans déjà morts
Et erré dix mille lieues au coeur d’un cimetière”
Une certaine entité psychopathologique en Asie occidentale est obsédée par l’idée d’envoyer tous ses opposants au cimetière. Poutine n’a dû manquer l’occasion d’expliquer à Trump que la Russie respecte la Charte des Nations unies et le droit international.
La Russie et l’Iran, deux poids lourds des BRICS, ont signé un partenariat stratégique global en janvier dernier à Moscou. La Russie fournit à Téhéran des informations détaillées sur les systèmes de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR), ainsi que sur la défense aérienne et la guerre électronique.
Un discours hystérique s’est emparé de l’opinion publique, selon lequel Tel-Aviv, qui courtise Trump 2.0, serait prête à lancer des frappes aériennes contre l’Iran pour “l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire”. Comme l’a souligné l’ayatollah Khamenei, Téhéran n’a aucun intérêt à se doter de l’arme nucléaire.
On voit mal la Russie permettre à Israël, avec le soutien décisif des États-Unis, de semer le chaos en Iran. Même si Téhéran est déjà en mesure de réagir à toute attaque, avec des conséquences dévastatrices. Sans armes nucléaires, et même sans l’aide directe de la Russie.
L’opération True Promise 2 – True Promise 3 est toujours en attente – a déjà démontré qu’Israël est absolument sans défense face aux vagues successives de missiles iraniens ultramodernes. Si les États-Unis sous Trump 2.0 étaient impliqués dans une attaque directe, toutes les bases militaires américaines en Asie occidentale seraient réduites en cendres, et les vassaux qui hébergent ces bases seraient gravement menacés. Avec pour résultante une flambée des prix du pétrole et une crise économique mondiale massive.
“J’ai vu un nouveau-né cerné de loups sauvages
J’ai vu des hommes armés de marteaux ensanglantés
J’ai vu dix mille bavards à la langue muette”
Pendant que l’autoproclamé artisan de la paix peaufinait au téléphone la dernière version de son Art de la négociation, les sionistes psychopathes génocidaires armés de leurs marteaux lâchaient des loups sauvages sur des nouveau-nés déplacés, blottis dans des tentes en feu à Khan Yunis.
Et dix mille eurocrates à la langue bien pendue, muets sur le génocide mais prêts à crier leur allégeance – et à verser des milliards de fonds – à l’envoyé de l’ancien émir autoproclamé d’Al-Nosra, décapiteur modéré devenu président en costume Hugo Boss.
Tous ont crié un “Sieg Heil” aux accents d’Eurovision à l’“armée” mercenaire du protégé, dûment soutenue par les maîtres qataris, britanniques et européens : des djihadistes salafistes en tenue d’État islamique, vestiges d’Al-Qaïda, takfiris en tout genre, Tchétchènes, Ouzbeks, Ouïghours, le tout formant une Terror Inc. mobile en tournée, massacrant alaouites, chrétiens, chiites et même sunnites modérés, contribuant à l’éviscération de la Syrie et au “don” de larges pans du territoire souverain syrien à Tel Aviv.
La SS sioniste de Bruxelles, Medusa von den Lügen, a joyeusement versé 2,5 milliards d’euros au gang modéré des coupeurs de têtes, Al-Qaïda oblige. C’est le Qatar qui a poussé la Commission européenne (CE) à inviter le sbire de Jolani devenu ministre des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, à la 9e Conférence des donateurs pour la Syrie à Bruxelles, alors même que 7 000 alaouites et chrétiens au moins “étaient massacrés” par ses sbires, selon un membre grec du Parlement européen, Nikolas Farantouris, qui s’est rendu à Damas les 8 et 9 mars et a rencontré, entre autres, le patriarche de l’Église grecque orthodoxe d’Antioche et du Proche-Orient.
Parallèlement, le Monsieur Loyal du cirque exceptionnaliste de la “paix par la force” – surnommé “l’imbécile marmelade” dans de vastes zones de la rue arabe – s’est mis à bombarder brutalement Ansarallah au Yémen, pour forcer les guerriers intrépides à renoncer à leur soutien indéfectible à la Palestine et à se vautrer dans la soumission.
En outre, “bombarder, bombarder, bombarder – bombarder l’Iran” fait son retour en guise de thème musical crypté des Beach Boys, car au final, Téhéran doit à tout prix être reconvertie en Syrie, Jordanie, Qatar, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Yémen du Sud, soit en misérable régime sioniste collaborateur.
L’Axe de la résistance, déstabilisé mais pas brisé, mène de titanesques batailles, simultanément contre l’Axe du sionisme génocidaire sur plusieurs fronts : les psychopathe-tueurs de Tel-Aviv, l’armée des mercenaires de Jolani en Syrie, troupes “terrestres” de facto d’Israël, soutenues idéologiquement par les régimes arabes sionistes et divers groupes islamistes salafistes/takfiris qui cautionnent le massacre des Palestiniens, les totalitaristes libéraux eurocrates qui financent Jolani, et Ansarallah au Yémen, bombardé par Washington/le Pentagone.
Abdul-Malik al-Houthi, chef d’Ansarallah, a été très clair dans son discours du 16 mars :
“Notre décision de soutenir le peuple palestinien en bloquant le trafic maritime israélien, clairement dirigée contre l’ennemi israélien et personne d’autre, n’a d’autre but que mettre la pression sur Israël pour qu’il ouvre les checkpoints, autorise l’entrée de l’aide humanitaire et mette fin à la famine à Gaza”.
Ainsi, Ansarallah ne sera pas brisé, quoi que l’Empire du Chaos lui oppose :
“Les États-Unis sont ceux qui transforment les mers en champs de bataille, affectant ainsi directement la navigation maritime et le commerce mondial. Notre décision ne vise que les navires israéliens, mais s’étendra désormais aux navires américains, car ce sont eux qui font des mers une zone de guerre et menacent le trafic maritime. Il est essentiel que toutes les nations identifient ceux qui menacent réellement les eaux internationales et la circulation des navires”.
“J’ai entendu le grondement du tonnerre rugissant l’alerte
Le mugissement de la vague qui noiera le monde
Mille tambours retentir de leurs mains enflammées
Et dix mille soupirs que personne n’entend”
Comparés au courage yéménite, les lâches de l’UE pourraient aspirer, dans leurs rêves les plus fous, à faire retentir le tonnerre, mais ils risquent plutôt de sombrer sous une immense vague d’insignifiance, au son des tambours dont les mains enflammées martèlent le chant des djihadistes de Syrie. Inutile même de chuchoter, car personne n’entend.
La folle à lier estonienne au QI d’un asticot sous-alimenté, se faisant passer pour la cheffe de la politique étrangère de l’UE, ne veut pas moins de 40 milliards d’euros pour “l’aide militaire” au pays 404. La Hongrie, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal ont émis un “non” retentissant : après tout, aucun d’entre eux ne dispose des milliards en question.
Même l’Allemagne ne s’est pas engagée à hauteur des 3 milliards d’euros promis, bien que cette démence collective ne connaisse pas de répit : le futur chancelier de BlackRock est convaincu que “Poutine a déclaré la guerre à l’Europe entière”.
Du côté de Trump 2.0, personne ne prend la peine de s’adresser à l’asticot estonien : oui, “personne n’écoute”. Une folie totale – sans intérêt.
Pour Trump 2.0, ce spectacle de Cage aux Folles de l’UE est hors de propos : de l’arnaque militaire de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe à la politique de Macron et Starmer, les deux clowns si désireux de déployer 30 000 éléments-chair à canon naïfs au pays 404, alors que leur “sécurité” ne sera tout simplement plus garantie par Papa Pentagone.
Le message est aussi brutal que dans Hard Rain : vous n’êtes probablement plus d’aucune utilité pour nous. Au mieux, vous serez relégués au rang de – pourris – gaspilleurs de ressources. Vous êtes au menu. Comme l’ancien Sud global au siècle dernier. À présent, c’est votre tour.
Les ambitions impérialistes d’une bande d’hommes de paille
Il est toujours possible que la “pacification par la force” tapageuse Trump tente de duper le maître des échecs Poutine, tandis que l’UErotrash instaure une sorte de zone tampon à la syrienne, avec des troupes européennes sécurisant les zones les plus sensibles d’Ukraine. Cette stratégie servirait à camoufler l’axe israélo-américain, qui s’obstine à éliminer l’Iran du nouveau trio Primakov au sein des BRICS (Russie-Iran-Chine au lieu de Russie-Inde-Chine).
Selon ce scénario purement utopique, profitant d’un Iran prétendument “faible”, l’Empire du Chaos dominerait à nouveau l’Asie occidentale, manipulant les prix de l’énergie pour saper l’économie russe tout en compromettant la sécurité énergétique de la Chine.
Le point clé de ces manœuvres, pour le moins puériles, n’est autre qu’une simple ambition impériale, et Poutine n’essaie pas d’intégrer le club impérial. Poutine et plusieurs membres du Conseil de sécurité à Moscou sont bardés de doctorats en tromperie occidentale, coups d’État, mensonges éhontés, trahisons flagrantes et sabotage géo-économique pur et dur.
Poutine, Medvedev, Patrushev, Narychkine, et Lavrov savent tous que la guerre à laquelle l’actuel Monsieur Loyal, à bout de souffle, tente de mettre fin, a toujours eu pour but de briser la Russie, contrôler la Chine, comme une tentative désespérée de sauver l’Empire du Chaos en déclin constant.
Ce qui nous renvoie à Spengler, à la lumière de cette superbe analyse, et surtout vers un avenir qui s’annonce très sombre.
Quant à l’Europe, elle est aux mains du “Faust” actuel, qui n’a rien à voir avec les hommes creux de T. S. Eliot, car “l’Europe a oublié comment enfanter des conquérants”. La métaphore spenglerienne de l’“asphyxie d’une jeune civilisation par le cadavre de l’ancienne” est pertinente. Pourtant, la Russie n’a jamais été faustienne : elle s’apparente davantage à Tolstoï.
Pour tous ceux d’entre nous qui ont passé du temps en Russie depuis le début de la SMO, c’est comme si “une Troisième Rome n’avait jamais cessé d’attendre son heure, de se tenir prête, de regarder l’Europe se vider de sa substance sur l’autel de sa propre arrogance”.
Aujourd’hui, la Russie semble avoir abandonné “ses traits occidentaux” pour se tourner vers “ses racines originelles – eurasiennes, orthodoxes, natives des steppes”. J’ai été personnellement ébloui par cette illumination culturelle et spirituelle, non seulement lors de nuits blanches à Moscou, Kazan ou Vladivostok, mais surtout en voyageant dans la terre noire de Novorossiya – là où “l’ordre international fondé sur des règles” a fini par succomber.
L’Occident fragmenté est en effet pris au piège d’une simulation complète à la Baudrillard de son propre cru, tandis que la Russie est pleinement opérationnelle dans la réalité objective. Car en effet,
“voilà pourquoi l’Occident ne peut gagner en Ukraine. Il se bat en tant qu’entité bureaucratique, et non en tant que peuple. Et la Russie, malgré tous ses défauts, se bat en tant que peuple”.
Il ne faut pas sous-estimer les acteurs fantoches se faisant passer pour les “dirigeants” politiques de l’Europe. Ils prendront leur revanche sur leurs propres concitoyens européens.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine “Vuitton” Lagarde, a déclaré : “L’euro numérique est plus crucial que jamais”.
Traduction : tous les comptes bancaires européens seront finalement transférés à la BCE. Si l’on y associe la proclamation de la Méduse toxique à Bruxelles :
“Ce mois-ci [mars 2025], la Commission européenne présentera l’Union de l’épargne et de l’investissement. Nous transformerons l’épargne privée (c’est moi qui souligne) en investissements bien nécessaires”.
Traduction complémentaire : les économies privées des citoyens européens seront volées et investies à hauteur des 800 milliards d’euros nécessaires à la “défense” de l’Europe contre la sempiternelle “menace russe”. C’est le déluge qui va s’abattre sur chaque citoyen européen.
Vous vous demandez peut-être pourquoi un poème structuré comme un psaume, composé à la machine à écrire à Greenwich Village à New York en 1962, peu avant la crise des missiles de Cuba, par un jeune homme de 21 ans récemment arrivé d’une zone industrielle du Minnesota, relate aujourd’hui notre grande saga d’orgueil démesuré et de tromperie. C’est le pouvoir invincible de l’art.
“J’y retournerai avant que commence le déluge
Au fin fond de la plus sombre et dense des forêts
Où nombreux sont les hommes aux mains vides
Où les eaux sont empoisonnées
Où l’abri de la vallée semble prison sale et humide
Où le visage du bourreau jamais ne se dévoile
Où le désir est laid et les âmes oubliées
Où le noir prédomine, et où nul ne compte”.
Les eaux seront empoisonnées, les âmes seront peut-être oubliées – en particulier celles des Âmes Creuses, certains – de la Majorité Mondiale – trouveront peut-être la force de sortir des profondeurs de la plus sombre des forêts, mais surtout, alors que le visage du bourreau demeurera masqué, la plupart sauront enfin à qui ils ont vraiment affaire.
Source originale :
Source en français : https://reseauinternational.net/une-pluie-battante-va-tomber-douest-en-est/
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/et-le-deluge-sabattra-douest-en-est-sofs-20-03-25/