
Julie Le Saux, étudiante en quatrième année de médecine à Brest, a été élue vice-présidente à l’Anemf, l’association de défense des étudiants en médecine, le week-end dernier à Besançon. Elle pointe un cursus en proie à la précarité et aux doutes.
Dans un communiqué, vous pointez la dégradation de la qualité de vie des étudiants en médecine, à quels niveaux ?
Julie Le Saux : « On remarque une santé mentale qui se dégrade dans un contexte de réformes, ainsi que la précarité étudiante, notamment entre la quatrième et la sixième année, de par le statut particulier d’externe : les étudiants sont alors à mi-temps en stage et à mi-temps en cours, pour un salaire moyen de 270 € par mois (305 € en moyenne par mois en sixième année). Dans ces conditions, c’est impossible d’avoir un emploi étudiant ».
La réforme des études de santé officialisée en janvier vous inquiète-t-elle ?
« La quatrième année de médecine générale va être appliquée dès la rentrée, alors que les textes viennent seulement de nous arriver. Tout cela s’est fait de façon précipitée l’année dernière dans le cadre du PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale). Nous avons manifesté contre cette quatrième année supplémentaire d’internat en médecine générale. Les études de médecine sont déjà longues, nous aurions voulu qu’elle apporte une plus value dans notre formation, ce qui n’est pas le cas dans ce qui est proposé. Par exemple avec des stages en ambulatoire alors qu’il y a un manque de maîtres de stage. Ce qui veut dire pas assez d’accompagnement pour les internes et une dégradation de la formation. On se doute que ça vise à pallier les manques du système de santé actuel. Mais il faut se rappeler que les étudiants ne sont qu’étudiants, ils ne doivent pas devenir une main-d’œuvre bon marché pour pallier aux déserts médicaux ».
Ressentez-vous une démotivation des étudiants ?
« Oui. On sent que, même s’il y a toujours la vocation de vouloir soigner, il y a un ras-le-bol du contexte politique et des décisions prises. Nous militons notamment pour une revalorisation salariale dont on parle depuis des années. Entre bac +4 et bac +6, on est payé presque deux fois moins que les étudiants en master pour le même nombre d’études ».
Auteur : Patrice Le Nen
URL de cet article : Études de médecine : la Brestoise Julie Le Saux dénonce des conditions qui se dégradent (LT.fr 12/07/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)