Face au risque d’érosion et de submersion marine, des scientifiques proposent aux habitants de Concarneau (Finistère) de les aider à recueillir des données. Avec un téléphone, chacun peut mesurer l’évolution du trait de côte. L’expérience, menée dans le Finistère, est unique en Bretagne.
Par Charlotte HEYMELOT
Elle est encore abstraite dans l’esprit de beaucoup. Mais la réalité des risques de submersion marine et d’érosion du littoral est bien réelle, y compris à Concarneau (Finistère).
« Ce n’était pas du tout une préoccupation il y a encore quelques années, reconnaît le maire, Marc Bigot. Mais quand l’eau rentre dans la Ville close, ça devient un sujet. »
Les images du samedi 28 octobre 2023 sont fraîches dans les mémoires. Et pourraient bien se reproduire : d’après les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le niveau de la mer pourrait s’élever d’un mètre d’ici 2100.
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Le trait de cote mesuré
Sans attendre d’avoir les pieds dans l’eau, la collectivité – qui compte 60 km de côtes – a décidé de prendre les devants. « On voit bien que les épisodes tempétueux sont de plus en plus récurrents avec des dégâts de plus en plus visibles », analyse Mélanie Branellec, responsable des actions de prévention des inondations et de submersion marine à Concarneau Cornouaille Agglomération.
Consciente des enjeux depuis 2018, la collectivité n’avait encore jamais pris de mesure… Littérale. Pour la première fois, elle va mettre en place un suivi de l’évolution du trait de côte. Avec des levés classiques, réalisés par un prestataire deux fois par an. Mais aussi avec l’aide des habitants eux-mêmes.
Via « CoastAppli », l’application pour smartphone (1) élaborée par des scientifiques de l’Université de Brest, les volontaires pourront réaliser des mesures. « En prenant des photos, en comptant le nombre de pas… Les outils sont très simples, à la portée de tous », détaille Pauline Letortu, enseignante-chercheuse en géographie, spécialisée dans les aléas côtiers.
Dans un premier temps, le suivi participatif concerne les plages des Sables Blancs et de la Belle Étoile. À Trégunc et Névez, six autres sites sont surveillés, de manière plus classique.
« Pas anxiogène »
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Didactique et ludique, l’application est déjà utilisée à Guissény (Finistère). « À terme, nous aimerions l’élargir à la Bretagne. Mais notre équipe est encore trop petite », explique Riwalenn Ruault, ingénieure pédagogique. Car les éléments recueillis sont étudiés par des scientifiques, qui s’engagent à faire un retour aux citoyens participants.
Pour collecter des données pertinentes, nul besoin de milliers d’utilisateurs. « Une quinzaine serait déjà très bien. Ce qui compte, c’est l’assiduité, et le long terme », pointe Pauline Letortu. En complément d’autres relevés, les mesures permettront d’objectiver les évolutions du littoral. « Mais pas de manière anxiogène, promet la scientifique. Au contraire : cela permettra de mieux s’adapter, et d’aménager le territoire de demain. »
Réunions publiques d’information : mercredi 9 octobre. À 10 h, à la maison des associations ; à 14 h, au manoir du Porzou.
(1) L’application, uniquement pour Android, est téléchargeable sur le site https://isblue.fr/projets-innovants/coastappli/
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