Face à la surpopulation carcérale, la maison d’arrêt de Brest est au bord « l’implosion » (OF.fr-22/03/24)

Près de 458 détenus occupent la maison d’arrêt de Brest (Finistère), alors que la capacité d’accueil est de 254 places.
Près de 458 détenus occupent la maison d’arrêt de Brest (Finistère), alors que la capacité d’accueil est de 254 places. | OUEST FRANCE

La situation à la maison d’arrêt de Brest (Finistère) ne fait que se dégrader. Selon le syndicat Force Ouvrière (FO), le nombre de détenus dépasserait les 458, pour une capacité d’accueil de 254 places. Une surpopulation qui a des conséquences sur les conditions de détention, mais également sur le personnel, qui craint l’événement de trop.

Par Marie RABIN.

« On ne peut tout de même pas pousser les murs ! » s’insurge Reynald Cochennec, délégué FO-Pénitentiaire. La maison d’arrêt de Brest (Finistère) vient de battre un triste record, celui des 458 détenus, pour une capacité d’accueil qui ne dépasserait pas les 254 places. Depuis quelques mois, syndicats et personnels alertent sur cette surpopulation carcérale. « On a beau faire sortir trois à quatre détenus par jour, il y en huit qui vont rentrer à la journée. Ce n’est pas un rythme soutenable », soutient le syndicaliste.

La situation de l’établissement pénitentiaire est un cas d’école. Au niveau national, pour les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines, le taux d’occupation de 147,7 %. Il atteint ou dépasse même les 200 % dans 16 établissements pénitentiaires.

Plus de soixante-dix matelas posés au sol

Pour tenter de garder la tête hors de l’eau, la maison d’arrêt de la cité du Ponant à trouver une solution de secours : installer des matelas à même le sol. « On en est à 77 actuellement », note Reynald Cochennec. Certaines cellules sont aussi réservées à des patients avec des troubles psychologiques, obligeant une réorganisation de l’espace. « On devient presque une antenne de l’unité psychiatrique de Rennes. »

Les tensions s’accumulent entre les détenus qui se retrouvent bien souvent à trois dans neuf m2. « Les profils entre les membres d’une cellule sont mélangés. On a qu’une peur, c’est qu’on se retrouve dans le même schéma qu’en 2021 », s’inquiète un personnel du lieu. Cette année-là, un détenu avait été retrouvé mort dans sa cellule, frappé et étranglé. Le suspect partageait sa cellule.

« Certains surveillants sont au bord du burn-out »

Le personnel de la maison d’arrêt est également une victime collatérale de cette surpopulation. Un surveillant peut se retrouver à gérer une soixantaine de personnes. « Si une bagarre éclate entre des détenus, que pourra faire le surveillant, lui tout seul ? Certains salariés sont au bord du burn-out », proteste notre source. « On peut avoir aucun surveillant dans des unités de vie. Il y a un vrai manque de personnels », abonde Reynald Cochennec.

Les tâches des surveillants se retrouvent réduites à l’accompagnement des détenus auprès des infirmiers de la maison d’arrêt. Le problème : les fouilles lors des contrôles de stupéfiants ne sont pas faites correctement, voire pire, impossible à réaliser. « Les grands gagnants sont les dealers », assène le professionnel de la maison d’arrêt.

La solution : des transferts vers d’autres établissements ?

Selon Reynald Cochennec, il n’existe que peu de solutions pour désengorger la maison d’arrêt : augmenter les transferts vers d’autres établissements pénitentiaires. « On a des détenus qui peuvent purger leurs jugements dans des maisons centrales et des établissements pour peine. »

« La situation est critique dans toutes les maisons d’arrêt, et on essaye tous les jours de faire des transferts entre d’autres établissements », plaide la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Rennes. À ses yeux, il faudrait travailler en amont avec les magistrats. « On doit sensibiliser aux alternatives comme au travail d’intérêt général. C’est le système judiciaire qu’il faut interroger. »

Source: https://www.ouest-france.fr/societe/prison/face-a-la-surpopulation-carcerale-la-maison-darret-de-brest-est-au-bord-limplosion-ebc6dc2c-e834-11ee-ba74-12897b706ed5

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/face-a-la-surpopulation-carcerale-la-maison-darret-de-brest-est-au-bord-limplosion-of-fr-22-03-24/

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