Faut-il aider Bayrou à sauver les ZFE ? (IO.fr-20/04/25)

Rassemblement à Lyon contre la ZFE à l’appel de la France insoumise, le 27 janvier (DR).

La discussion en cours à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de « simplification de la vie économique » est le cafdre d’un instructif jeu de bonneteau eu sujet des « zones à faibles émissions » (ZFE)…

Par Jean-Paul CROUZET.

La mise en œuvre au 1er janvier 2025 de l’interdiction de circulation des véhicules Crit’Air 3 dans les zones à faibles émissions (ZFE) de Paris, Lyon, Montpellier a suscité une vague d’indignations bien méritée… sur laquelle certains – du RN, de la droite – cherchent à surfer pour faire oublier à bon compte leur participation au soutien servile à Macron et au sauvetage de Bayrou et de son budget antipopulaire !

Dans une situation où, il faut le souligner, à l’exemple de Lyon, c’est bien la majorité verte de la métropole et son président Bruno Bernard qui ont appliqué avec un zèle certain la loi sur les ZFE tandis que le maire vert de Lyon, Grégory Doucet, s’est fait un point d’honneur à faire verbaliser les récalcitrants par sa police municipale avec le soutien enthousiaste de la préfète (plus de 5 000 verbalisations ont été enregistrées en 2024, alors que seuls les véhicules Crit’Air 4 et 5 étaient interdits, et vraisemblablement déjà plusieurs milliers en 2025 avec l’interdiction des Crit’Air 3).

La riposte de LFI

Face à cela, sur le terrain, les groupes d’action LFI, seule force politique à le faire, ont organisé la riposte. Dès le début décembre à Vénissieux, puis dans toute l’agglomération lyonnaise, LFI a diffusé des milliers de tracts, a fait signer 2 000 personnes sur sa pétition exigeant l’arrêt de la verbalisation des Crit’Air 3, exigence relayée par plusieurs de ses élus – députés et conseillers métropolitains – et organisé deux rassemblements à l’occasion des deux dernières réunions du conseil métropolitain…

Le RN et la droite, qui s’étaient abstenus lors du vote des lois macronistes de 2019 et 2021 instituant les ZFE, sentant aujourd’hui que le vent avait tourné, s’y opposent maintenant avec force, au nom de la défense « des plus démunis ».

En commission, ils ont même glissé, avec l’appui d’une partie des macronistes, un amendement supprimant les ZFE dans ce projet de loi qui envisage la « simplification »1 avec un petit air de Trump ou de tronçonneuse à la Milei ! Nous connaissons le souci de tous ces gens-là pour « les plus démunis » !

Les militants LFI, eux, ont agi en s’appuyant sur le positionnement constant du groupe LFI, qui a voté contre les deux lois de 2019 et 2021, expliqué que les ZFE « vont renforcer la précarité des plus démunis », et affirmé que « les conditions préalables au déploiement et à l’effectivité des ZFE ne sont pas réunies sur l’ensemble des quarante-deux agglomérations. » Une proposition de loi a d’ailleurs été déposée en mars.

Écran de fumée

Prenant effectivement en compte la nécessité d’améliorer la qualité de l’air, le groupe LFI estime que « les ZFE en l’état actuel ne sont qu’un écran de fumée masquant les manquements de l’État dans son pilotage de la planification écologique des transports ». Et il considère que l’absence d’offres de mobilité alternatives efficaces, « oblige à la suspension immédiate du déploiement des ZFE et à la mise en place d’alternatives ».

Remise en perspective des faits utile tant les débats actuels, en particulier à l’occasion du passage de la loi dite « de simplification » à l’Assemblée nationale, cherchent à obscurcir les choses !

En effet, privé de majorité à l’Assemblée nationale, le gouvernement Bayrou manœuvre maintenant pour faire adopter sa loi de simplification, et cherche notamment quelques appuis bienvenus pour sauver les ZFE.

Comme il est difficile de réintroduire telles quelles les ZFE alors que peu d’élus sont prêts à les défendre devant leurs électeurs. Bayrou propose donc un amendement imposant de rétablir les ZFE ou, à défaut, de le faire pour les deux seules agglomérations de Paris et Lyon… au nom de l’amélioration de la qualité de l’air qui y est plus pollué que dans les autres villes. Façon de laisser la porte ouverte au retour des ZFE à la mode Macron.

Et c’est effectivement au nom de l’amélioration qualité de l’air que les Verts et le PS (Hidalgo est également une chaude partisane de la ZFE sur Paris) s’engouffrent dans la brèche à l’Assemblée nationale pour défendre les actuelles ZFE. Bien sûr, ils ont des mots très durs pour dénoncer le gouvernement qui ne prend aucune mesure compensatoire pour les plus précaires.

Des norias de poids lourds

Il s’agirait de « qualité de l’air » ? Qui pourrait être contre ? Personne évidemment.

Pourtant, B. Bernard, président de la Métropole de Lyon, refuse catégoriquement toute éventualité de rendre gratuits les transports en commun lyonnais ! Même sous la forme d’une première avancée a minima… pour les moins de 25 ans, telle que la posait la pétition LFI 69 en complément de l’exigence d’annulation de l’interdiction de circulation des Crit’Air 3 et de leur verbalisation, c’est non !

Etonnant, non, pour des gens se présentant comme militants déterminés de la qualité de l’air ? L’argument opposé était essentiellement d’ordre économique. Argument dont on apprend au passage qu’il ne s’applique pas aux élus de la métropole qui, eux, bénéficient d’un abonnement à 6,40 € par an ! Sans commentaire.

Pourtant, l’agglomération lyonnaise, au cœur d’un important nœud autoroutier, est traversée quotidiennement par une noria de poids lourds d’autant plus intense que le fret SNCF est maintenant liquidé et que l’utilisation des voies navigables qui traversent également Lyon reste anecdotique… Mais apporter des solutions effectives à cette incurie nécessiterait autre chose que l’accompagnement poli des politiques gouvernementales !

À vouloir maintenir coûte que coûte la ZFE et donc poursuivre et élargir la stigmatisation/verbalisation de dizaines de milliers d’habitants des milieux modestes dans la ZFE, qu’est-il donc recherché ?

Cela alors que la circulation (y compris celle des bus) est largement asphyxiée par la réduction drastique des voies de circulation organisée par la métropole, tandis que les dysfonctionnements récurrents du réseau de transports en commun (métros, tramways, bus) touchent particulièrement ceux qui habitent loin du centre-ville, et en premier lieu les classes populaires ?

Quelles leçons tirer de cela ? Qu’il n’y a pas de mesures réellement écologiques qui ne soient reliées à la défense des intérêts collectifs de la population et de ses services publics. Que les mesures prétendument « écologiques » qui consistent à verbaliser les individus ne se font qu’au service des intérêts privés et de la destruction des services publics ! C’est pourquoi loi ZFE avec ou sans dérogation Lyon Paris doit être bloquée !

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/04/20/faut-il-aider-bayrou-a-sauver-les-zfe/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/faut-il-aider-bayrou-a-sauver-les-zfe-io-fr-20-04-25/

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