Fermeture de Fleury Michon en Bretagne : « On se doutait bien que c’était foutu… » ( OF.fr – 21/02/23 )

À la sortie de l’usine Fleury Michon à Plélan-le-Grand, les salariés se serrent les coudes. Certains sont résignés, d’autres veulent encore y croire un peu.
À la sortie de l’usine Fleury Michon à Plélan-le-Grand, les salariés se serrent les coudes. Certains sont résignés, d’autres veulent encore y croire un peu. | OUEST-FRANCE

La direction du groupe a annoncé lundi 20 février 2023 la fermeture de son usine en Ille-et-Vilaine, à l’ouest de Rennes. 101 salariés vont perdre leur emploi. Entre résignation et colère, certains espèrent pourtant encore…


Lundi 20 février, le groupe vendéen Fleury Michon (3800 salariés) a annoncé la fermeture de son usine à Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine), faute de repreneur.

Spécialisée dans la charcuterie cuisinée, elle était en sursis depuis le mois d’octobre, quand le groupe avait annoncé son projet de cession. « Après les crises successives et le contexte économique très volatil et inflationniste, le site industriel de Plélan subit des pertes de volumes importantes liées à une baisse de ventes », justifiait alors la direction du groupe.

L’usine va maintenir son activité pendant trois mois. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) sera lancé lundi 27 février pour les 101 salariés ainsi qu’un accompagnement des équipes avec des propositions de reclassement dans ses différents sites vendéens.

« Le 17 avril, il n’y aura plus rien ici»

À la sortie de l’usine, au lendemain de l’annonce de la direction, la plupart des salariés se montrent résignés. « On se doutait bien que c’était foutu », lance un salarié avant de vite monter dans sa voiture.

Avec une centaine de salariés, l’usine Fleury Michon est un des principaux employeurs à Plélan-Le-Grand avec l’Atelier de l’Argoat (fabrication d’andouilles) et Hydrachim (fabrication de produits d’hygiène).  | OUEST-FRANCE

« Ce matin, nous sommes dépités, désabusés, abonde Lionel Goltais, délégué CFDT. Au début, on avait un peu d’espoir car il y a eu des visites de l’usine par des entreprises. Mais on savait aussi que ce serait compliqué. Aujourd’hui, la direction dit qu’elle continue à chercher un repreneur mais c’est de la com’. Nous, on n’y croit plus… Le 17 avril, les lignes vont fermer et il n’y aura plus rien ici ».

« Ils nous avaient promis un repreneur mais on trouvait ça bizarre que depuis trois mois ils ne nous disaient rien », commente Franky, en poste depuis 7 ans. Fataliste, il dit qu’il va devoir trouver un autre emploi. Jordan n’a pas attendu et a déjà trouvé. Comme Yannick, tâcheron désosseur depuis 8 ans. Sauf que ce nouveau poste est à 60 km de chez lui. « Quelle galère ».

«On va espérer jusqu’au bout»

« On a fait tout ce qu’ils nous ont demandé, on s’est adaptés à de nouvelles productions, et nous sommes punis », ne décolère pas Jacky. Il travaille depuis 27 ans sur le site, dont 20 ans pour Fleury Michon. « On sait qu’on n’est pas dans les bonnes années mais l’usine est fonctionnelle et bien entretenue. On a quand même un peu d’espoir qu’il y ait un repreneur… »

Stéphane, 30 ans d’ancienneté, pense que « l’usine est rentable. Alors on va espérer jusqu’au bout qu’un repreneur arrive ».

Dans la branche agroalimentaire, au niveau des salaires, on était plutôt bien.— Lionel Goltais, délégué CFDT Fleury Michon Plélan-le-Grand

Mais quoi qu’il arrive, « pour nous, c’est fichu », souffle Marie-Noëlle qui vient de terminer sa journée. À 54 ans, « ça va être difficile de trouver un travail ».

Difficile aussi de retrouver les mêmes conditions de travail. « On était une petite équipe, avec une bonne ambiance, assure Lionel Goltais. Et puis dans la branche agroalimentaire, au niveau des salaires, on était plutôt bien. Pas les mieux payés mais loin d’être les pires ».

Lundi prochain, ce sera la réunion « zéro » de lancement du PSE. « On verra bien comment ça se passe, annonce le délégué CFDT. Pour nous, la priorité, c’est l’avenir des salariés. Au moins 25 % d’entre eux ont entre 50 et 55 ans. Il y a des couples aussi… »

Auteur : Pascale LE GUILLOU.

Source : Fermeture de Fleury Michon en Bretagne : « On se doutait bien que c’était foutu… » (ouest-france.fr)

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