Par Iban ETXEZAHARRETA
Quatre fêtes du Pays Basque ont été labellisées « Plus belles fêtes de France » par une association pilotée par des figures des milieux catholiques traditionalistes via une société financée par le milliardaire Pierre-Edouard Stérin qui défend une alliance de la droite et de l’extrême droite.
L’ombre de Pierre-Edouard Stérin plane sur le label « Les plus belles fêtes de France ». Un label créé voilà moins d’un an. Il a été attribué ici à la fête du Piment d’Espelette, au Lehengo Hazparne-Hasparren d’autrefois, à la fête basque d’Hendaye et aux Historiques de Bidache. Distinction par une association pilotée par une entreprise financée par le milliardaire traditionaliste Pierre-Edouard Stérin qui promeut une alliance de la droite et de l’extrême droite.
Ayant pris connaissance de l’origine du label, la mairie d’Hendaye, organisatrice de la Fête basque, s’est retirée de la démarche. Elle a demandé jeudi à résilier son adhésion ainsi que le retrait du label. L’association Lehengo Hazparne a fait de même ce samedi 2 août. Les autres fêtes du Pays Basque s’opposent à toute récupération politique.
L’association Les plus belles fêtes de France a, auprès de ICI Pays Basque, tenu « à réaffirmer avec force son caractère strictement apolitique ». « Notre engagement est unique et sans équivoque : soutenir, valoriser et récompenser les fêtes de villages à travers tout le territoire français. »
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Fêtes traditionnelles subventionnées par des traditionalistes
Ça, c’est ce qu’elle dit. Le problème, peut-être, c’est qui le dit. C’est l’entreprise Studio 496 – 496 comme l’année présumée du baptême de Clovis avance L’Humanité – qui pilote l’association. Avec à sa tête Thibault Farrenq, candidat suppléant de l’alliance Ciotti-Le Pen aux dernières législatives en Vendée. On le retrouve aussi dans les milieux très catholiques, dans des initiatives comme Obole ou le Fonds du Bien commun. Tout comme Odile Téqui ou Thomas Meslin Sainte Beuve qui dirigent l’association Les plus belles fêtes de France.
Et on retrouve surtout Pierre-Edouard Stérin, le nouveau propriétaire du Biarritz Olympique. Le milliardaire très conservateur qui défend et finance une alliance de la droite et de l’extrême droite, à travers le désormais fameux plan Périclès. En début d’année, Pierre-Edouard Stérin est entré dans le capital de cette société Studio 496 qui a lancé l’association distribuant label, subventions et avantages aux fêtes présumées les plus belles de France.
Au départ, c’est l’association Les plus belles fêtes de France elle-même qui démarche. Pas n’importe quelle fête, celle du piment d’Espelette avec ses vingt milliers de participants. Par un coup de fil au printemps, au nouveau patron de la confrérie du Piment, Romain Casemajor, on promet monts et merveilles. Une adhésion gratuite, une réduction des droits à verser à la Sacem, une subvention de 2.000 euros plus un reportage photo et vidéo équivalent à 1.200 euros, et enfin l’inscription dans un futur Guide Michelin des Fêtes.
Espelette dit oui. La fête du piment fait alors partie des 12 premiers labellisés, avec la fête de Jeanne d’Arc d’Orléans ou encore le carnaval de Granville dans la Manche. Label décerné début juin dans un salon du Sénat à Paris, avec un message vidéo de Stéphane Bern, dans une cérémonie à laquelle assiste Romain Casemajor.
Par la suite, Lehengo Hazparne aussi est approché. L’association demande au président Patrick Coumet de candidater, avec les mêmes promesses, mais avec une adhésion payante. La mairie d’Hendaye voit passer sur un site officiel des possibilités de subvention. Le site de la Gazette des communes publie l’annonce promettant 145.000 euros de subventions. Axel Martinez de l’association organisatrice des Historiques de Bidache en entend parler dans les médias. En période de vaches maigres, tous candidatent et bénéficient du label.
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Ce ne sera pas des Puy du Fou partout
Les distributeurs du label semblent apprécier les reconstitutions historiques et les traditions gastronomiques. Les quatre fêtes du Pays Basque retenues sont dans ce cas comme les 60 labellisées en France et en Navarre. Moins une. Ayant pris connaissance de l’origine du label, la municipalité d’Hendaye a décidé de résilier son adhésion et de faire retirer le label. Une demande effectuée jeudi. Une mairie de gauche qui se fait subventionner une fête par des acteurs proches de l’extrême droite, ça jure un peu.
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Mais à la différence d’Hendaye, Les Historiques de Bidache, à ce stade, veulent conserver ce label. Axel Martinez, par ailleurs enseignant d’histoire et responsable de l’association organisatrice de l’événement, souligne que la députée socialiste Colette Capdevielle soutient aussi ce rendez-vous de début octobre réunissant des milliers de participants depuis trois ans. Axel Martinez plaide l’apolitisme de ce rendez-vous, et que, si des orientations idéologiques étaient réclamées par le label, il s’en débarrasserait. Ils plaident la bonne foi.
Patrick Coumet se défend aussi de toute récupération politique. L’association l’a annoncé par voie de communiqué de presse ce samedi 2 août : « Compte tenu de la proximité immédiate de la fête, le 10 août prochain, et des doutes soulevés quant au caractère apolitique de ce label, le Comité d’organisation du Lehengo Hazparne a décidé, par principe de précaution, de se désengager purement et simplement. Il tient à préciser qu’il n’a à ce jour pas touché la subvention promise.«
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