
Les arrêts maladies pleuvent de façon vertigineuse aux urgences du CHU de Nantes. La CGT (majoritaire) tire la sonnette d’alarme et réclame la création de postes. La pénurie de lits d’aval et la fermeture de lits en médecine, faute d’effectifs, sont pointées du doigt.
SOS majuscule. Il y a urgence, une fois de plus, à se porter au chevet de l’hôpital. Les arrêts maladies pleuvent au service des urgences du CHU de Nantes. Selon le décompte de la CGT, syndicat majoritaire, 15 infirmières sur 39 sont actuellement en arrêt, de même que 14 aides-soignants sur 39
.
Cette flambée de l’absentéisme coïncide avec l’appel à déposer des arrêts maladies en nombre, lancé fin janvier par des personnels de santé des Pays de la Loire. Ce ne sont pas des arrêts de complaisance
, précise un agent touché. Toutes les personnes concernées ont fait constater par un médecin de ville leur état d’épuisement, de stress et de mal-être.
Cela fait plusieurs mois qu’un mouvement de grève est en place au sein de nombreux services du CHU, sans provoquer aucune réaction ni proposition tangible et durable de la part de la direction
, tempête une voix en interne.
À ce jour, l’accueil des patients aux urgences est limité
, énonce la CGT, qui sonne l’alarme. Selon nos informations, l’activité plâtre, pour les personnes victimes de fractures, est transférée tout ou partie vers d’autres établissements de santé, dont l’hôpital privé Confluent. La Zad (Zone d’attente départ, composée de boxes où attendent les patients qui vont rentrer chez eux ou être hospitalisés) esttotalement fermée
, précise un agent.De même qu’un quart des boxes de médecine
.
« Pertes de chance »
La CGT s’alarme des conditions d’accueil des patients et redoutedes pertes de chance du fait du manque de moyens
. Le syndicat réclame de nombreuses créations de postes. Des professionnels des urgences estiment que le cœur du problème concernela durée moyenne de séjour
aux urgences, anormalement longue
. On a déjà eu des gens qui ont attendu plus de 200 heures
, assure un infirmier.
La pénurie de lits de soins de suite et de réadaptation (SSR), en aval, est pointée du doigt, comme les nombreux lits qui restent fermés dans les services, faute d’effectifs suffisants
.
Signalements opérés
En ne répondant pas aux besoins des professionnels, la direction du CHU a dégradé volontairement la santé des professionnels qui ont dû se mettre en arrêt de travail pour sauver leur peau, malgré toutes nos alertes
, attaque Olivier Terrien, de la CGT, qui a opéré un signalement auprès de l’Agence régionale de santé et du procureur de la République de Nantes. Ces conditions de travail sont intolérables, dangereuses à la fois pour les professionnels mais aussi pour les patients qui sont pris en charge dans ces conditions
.
«Organisation interne adaptée»
Ce jeudi 9 février, la direction du CHU de Nantes indique : Le service des urgences adultes est confronté à plusieurs arrêts maladie de personnels infirmiers et aides-soignants depuis mercredi soir. L’accueil des patients des urgences en médecine n’a pas été interrompu la nuit dernière. L’organisation interne a simplement été adaptée. A 18h mercredi, on comptait 9 arrêts maladie de courte durée d’infirmiers et 6 arrêts maladie de courte durée d’aides-soignants ».
Selon le CHU, des mesures organisationnelles sont mises en place pour pallier cet absentéisme. La continuité d’activité est assurée et aucune nouvelle fermeture de lits n’est à signaler depuis la levée du plan blanc ».
Yan Gauchard (Presse Océan)