Flottille de la Liberté : tous les membres du Handala ont été libérés après avoir été détenus illégalement par Israël (H.fr-31/07/25)

Une partie de l’équipage (dont Chris Smalls, à droite) du navire « Handala » de la Flottille de la liberté, avant le départ du bateau pour Gaza, dans le port de Syracuse, en Sicile, le 13 juillet 2025. © Giovanni ISOLINO / AFP

Les 21 membres de l’équipage du Handala, navire de la Flottille de la liberté, ont été emprisonnés suite à leur arrestation dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet. Tous les volontaires ont fini par être libérés après avoir été détenus par les autorités israéliennes pendant cinq jours.

Par Tom DEMARS-GRANJA.

Le matin du jeudi 31 juillet signe la fin de la détention illégale des 21 membres du Handala, le dernier bateau en date de la Flottille de la liberté, dont l’objectif était de briser le blocus imposé à la bande de Gaza. Alors que leurs camarades avaient été évacués les jours précédents, les deux derniers volontaires détenus à la prison de Givon, le syndicaliste Christian « Chris » Smalls (États-Unis) et l’activiste Hatem Aouini (Tunisie), ont finalement été expulsés après cinq jours de détention. « Ils sont partis via la Jordanie, annonce le communiqué d’Adalah, l’organisation de défense des Droits de l’homme qui s’est occupé de leur défense. Aouini a été accueilli à la frontière par l’ambassade de Tunisie. »

Comme pour l’équipage du Madleen, l’armée israélienne n’a pas hésité à arrêter illégalement les membres du Handala, dans les eaux internationales, en pleine nuit. Comme pour l’équipage du Madleen, les 21 membres présents sur le chalutier norvégien ont été emprisonnés, puis poussés à une « expulsion volontaire », un document attestant l’entrée illégale sur le territoire israélien. Comme pour l’équipage du Madleen, la communication avec l’extérieur – dont leurs avocats – est complexifiée par les forces d’occupation.

« Agressé physiquement par sept individus »

« Plusieurs personnes ont accepté de signer ce papier infâme de manière à pouvoir témoigner le plus vite possible, annonçait, lundi 28 juillet au quotidien Libération, la porte-parole française de la Flottille de la liberté, Claude Léostic. La décision a été prise entre eux avant leur arrestation. » Trois signataires, la députée insoumise Gabrielle Cathala et les deux journalistes de Al-Jazeera, Mohamed El Bakkali et Waad Al Musa, ont été rapatriés dans la soirée de lundi.

Deux détenteurs de la nationalité israélienne, Huwaida Arraf et Bob Suberi, ont été libérés le même jour après avoir été entendus par les autorités locales. La quinzaine d’autres membres de l’équipage ayant refusé l’accord ont été, par la suite, présentés à un tribunal chargé d’examiner leur maintien en détention, selon un communiqué d’Adalah. Ils ont été, ensuite, détenus dans la prison de Givon, située à proximité de Tel-Aviv.

Ces derniers commencent, depuis, à être libérés au fil des jours. Sept volontaires ont ainsi été expulsés mardi 29 juillet : l’ingénieur Ange Sahuquet (France), la députée européenne Emma Fourreau (France-Suède), la scientifique Chloé Fiona Ludden (Royaume-Uni-France), l’infirmière Justine Kempf (France), le militant pour la justice climatique et sociale Antonio la Picirella (Italie), l’activiste Robert Martin (Australie) et la journaliste Tania « Tan » Safi (Australie).

Cinq autres détenus ont été transférés, mercredi 30 juillet, à l’aéroport et sont partis dans le courant de la journée : l’ingénieur marin Braedon Peluso (États-Unis), le comédien et enseignant Frank Romano (États-Unis-France), le membre du Réseau de solidarité contre l’occupation de la Palestine (RESCOP) Santiago González Vallejo (Espagne), l’ingénieur Sergio Toribio Sanchez (Espagne) et la militante Vigdis Bjorvand (Norvège).

Le traitement des otages par l’armée israélienne a largement été condamné à l’international, entre séances de tortures, viols et disparitions. La Freedom Flotilla Coalition a ainsi témoigné d’épisodes de violences sur ses réseaux sociaux, dans la soirée du lundi 28 juillet, suite aux alertes des avocats de Chris Smalls. Selon ces derniers, la figure états-unienne du combat syndical a été « agressée physiquement par sept individus en uniforme ».

Des « cellules surpeuplées et mal ventilées »

L’armée israélienne l’aurait notamment étranglé et frappé à plusieurs reprises, avec des coups de pied dans les jambes. De quoi laisser des traces visibles de violence sur son cou et son dos. « Lorsque son avocat l’a rencontré, Christian était entouré de six membres de l’unité spéciale de police israélienne, ajoute la Freedom Flotilla Coalition. Ce niveau de force n’a pas été utilisé contre les autres militants enlevés. »

Outre ce traitement discriminatoire, d’autres militantes ont dénoncé les abus des autorités israéliennes. Ont par exemple été pointées des « conditions de détention déplorables, notamment un manque de ventilation malgré une chaleur extrême et l’absence de produits d’hygiène de base pour les femmes ». De même, les représentants de Chris Smalls et Hatem Aouini ont fait état, mercredi 30 juillet, de « cellules surpeuplées et mal ventilées, sans climatisation ni air conditionné, malgré la chaleur estivale extrême ».

Ces derniers ont ainsi été « privés de produits d’hygiène de base et leurs couchages sont infestés de punaises », alors même qu’ils étaient « privés de cour » et qu’ils « restaient confinés toute la journée dans des pièces fermées ». Adalah ajoute, dans un communiqué publié lundi, que « plusieurs bénévoles ont rapporté que les autorités israéliennes avaient exercé une forte pression sur eux hier, les forçant à renoncer à leur droit de rencontrer un avocat ». En réaction à leur arrestation illégale, comme à leurs conditions de détention, les membres du Handala ont entamé une grève de la faim dès leur arrivée sur la terre ferme.

L’abordage de la flottille, réalisé dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet, a été diffusé sur YouTube, grâce à une caméra installée sur le navire. La vidéo montre l’équipage assis sur le pont du Handala, les mains en l’air, et sifflant le chant antifasciste italien « Bella ciao ». On voit ensuite les soldats israéliens les viser avec leurs armes, puis prendre le contrôle du navire. Les communications ont été coupées quelques minutes plus tard.

« Netanyahou a tous les droits »

Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer une énième apathie de la communauté internationale. « Netanyahou a tous les droits : génocide, crimes de guerre, assassinats d’enfants, kidnapping, a ainsi fustigé le fondateur de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, sur son compte X. Le courage et l’honneur, c’est de lui résister comme le font ces deux femmes (les élues insoumises Gabrielle Cathala et Emma Fourreau, NDLR) et leurs équipiers. » Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’avait jugé bon que de qualifier l’initiative d’« irresponsable », peu de temps avant le départ du navire.

« Cette impunité d’Israël doit cesser ! Il est parfaitement légal en plus d’être vital de livrer de l’aide humanitaire à Gaza par voie maritime y compris dans un contexte d’occupation ! », a enjoint la députée européenne Rima Hassan, elle-même victime de l’impunité d’Israël suite à son arrestation avec ses coéquipiers du Madleen. Si la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a réclamé la libération des deux élues françaises, le reste du champ politique est encore une fois resté silencieux.

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Source: https://www.humanite.fr/monde/armee-israelienne/violences-pressions-pour-accepter-une-expulsion-volontaire-chris-smalls-etrangle-et-frappe-israel-sen-prend-aux-membres-du-handala-en-toute-impunite

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/flottille-de-la-liberte-tous-les-membres-du-handala-ont-ete-liberes-apres-avoir-ete-detenus-illegalement-par-israel-h-fr-31-07-25/

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