Le camping de Kerolland, à Beg Meil, à Fouesnant (Finistère), est convoité par le groupe immobilier Giboire. Des habitués, attachés à ce site sans chichi et proche de la mer, se rebiffent.
Par Catherine JAOUEN.
« La classe moyenne est sacrifiée au profit d’une classe plus riche. » Voilà ce que l’on peut lire sur la pétition en ligne lancée par le collectif des usagers du camping de Kerolland (CDUCK), à Beg-Meil, à Fouesnant.
Propriétaires de mobil-homes sur le site de 3 hectares, ils ont appris, par courrier, la vente du camping 2 étoiles et son rachat par le groupe immobilier Giboire. Ces habitués de Kerolland craignent que leur petit paradis laisse la place « à un complexe hôtelier, des pavillons et un parking ».
« Un camping familial, à taille humaine »
« On n’a eu aucune nouvelle, juste un courrier », expose un propriétaire. Il croit savoir « qu’il y avait pourtant des repreneurs pour une poursuite d’activité, mais à chaque fois, ça a capoté. Kerolland est un camping familial depuis plus de quarante ans, à taille humaine. Or, cette vision du camping disparaît… Ils vont nous virer parce qu’on n’est pas assez riches. »
Dans la lettre datée du 31 janvier 2024, le groupe Giboire note qu’« après des années d’exploitation du camping de Kerolland, [le propriétaire] a souhaité tourner une page de son histoire familiale et professionnelle. C’est la raison pour laquelle le groupe Giboire s’est porté acquéreur de ce site et nous avons, ensemble, finalisé les conditions de cette cession. »
Le groupe explique s’être engagé « sans réserve afin d’assurer la continuité des services du camping a minima pour les deux prochaines saisons. »
De nouveaux contrats de location
De nouveaux exploitants auraient été « sélectionnés » afin « d’assurer l’ouverture 2024 et cela dès le premier week-end d’avril jusqu’au dernier week-end, comme habituellement ». Le courrier indique encore que de nouveaux contrats de location seront « au préalable » soumis aux propriétaires de mobil-homes.
La vente a-t-elle eu lieu ? Ou, à ce stade, seule une promesse de vente a-t-elle été conclue ou un compromis signé ? « Je suis sûre que ce n’est pas acté », avance une campeuse, qui a découvert Kerolland en 1980. Giboire assure le contraire : « La vente a été officiellement actée. »
Un autre habitué souligne aussi l’absence de Plan local d’urbanisme (PLU) à Fouesnant : il a été annulé en 2020. Dans l’attente de l’approbation d’un nouveau PLU, le règlement national d’urbanisme (RNU) s’applique.
« Ils nous ont pris pour des neuneus »
Outre la pétition, le collectif a créé une page Facebook. Il espère former un recours contre la vente et le projet immobilier qui en découlerait. « Ils nous ont pris pour des neuneus, poursuit cette quadragénaire. On a perdu une bataille, mais pas la guerre. »
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Dans son courrier aux propriétaires de mobil-homes, Giboire explique « qu’au-delà de ces deux prochaines années, nous réfléchissons bien entendu à l’évolution de ce site. Cette réflexion sera partagée et concertée avec les élus, les collectivités, les acteurs économiques, etc. »
Contacté, le représentant du groupe immobilier chargé du dossier assure qu’« il n’y a aucun projet précis arrêté à ce stade, il est à définir, et c’est là tout le sens de la démarche. Seule conviction, maintenir une activité économique créatrice d’empois à l’année. »
« Tourisme social »
Lors d’un récent conseil municipal à Fouesnant, le groupe d’opposition s’est inquiété de la préservation d’un « tourisme social ». Il a défendu l’idée « d’un rachat par la collectivité de ces parcelles, afin de proposer un camping municipal avec des tarifs attrayants ».
Le maire, Roger Le Goff, a répondu que « la collectivité n’avait pas pour ambition de racheter lesdites parcelles pour lesquelles la vente a déjà été réalisée ».
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