
Devant la centrale réformiste, le premier ministre a annoncé vouloir confier aux syndicats et au patronat la gestion de l’assurance-chômage et des retraites. En réponse, la première confédération proposera une date de mobilisation lors de l’intersyndicale de ce vendredi 29 août.
Par Naïm SAKHI.
François Bayrou poursuit son coup de poker menteur. Au lendemain de son annonce d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain, le premier ministre était l’invité des universités d’été de la CFDT, ce mardi 26 août, à Boissy-la-Rivière (Essonne).
« Je suis très sensible aux signes. En août 1925 était élu dans cette commune Marc Sangnier, un militant qui joua un grand rôle dans notre courant de pensée (la démocratie chrétienne – NDLR), a introduit le patron du Modem. C’est pour cela que nous partageons une couleur commune, l’orange. »
François Bayrou tend la main à la CFDT qui prépare la riposte
Passé la séquence historique, le premier ministre a détaillé les concessions qu’il se dit prêt à accorder aux cédétistes, sans toutefois proposer d’amendement à son plan d’austérité de 44 milliards d’euros. « Le fonctionnement des régimes sociaux a été en partie étatisé. C’est un mal français : l’État ne fait pas confiance à la société civile », a-t-il expliqué en plaidant pour « un changement de cap. » Le locataire de Matignon entend « faire confiance aux partenaires sociaux » « en leur confiant la gestion des principaux piliers du système de protection sociale, notamment les assurances-chômage et vieillesse », mais « avec le principe d’équilibre financier inscrit dans la loi ».
Sous le chapiteau, la stupeur des militants CFDT accueille le changement de pied du premier ministre. C’est lui qui avait saboté le « conclave » sur les retraites en refusant de revenir sur les 64 ans. Et dans la foulée de ses annonces budgétaires du 15 juillet, l’exécutif avait adressé aux organisations syndicales et patronales une lettre de cadrage salée concernant l’assurance-chômage, avec l’objectif de réaliser 2 à 2,5 milliards d’euros d’économies par an sur le dos des chômeurs de 2026 à 2029, puis 4 milliards à compter de 2030.
Devant la presse, Marylise Léon a souligné « l’attention particulière adressée à la CFDT » dans le discours de François Bayrou. Mais la secrétaire générale assure que sa centrale « n’est pas dupe ». Et « prend au mot » le premier ministre en lui demandant « d’abandonner son projet » de réforme de l’assurance-chômage.
Par ailleurs, la numéro 1 cédétiste a annoncé que sa centrale proposera, lors de l’intersyndicale prévue ce vendredi, « une date de mobilisation ». La CGT et Force ouvrière s’étaient déjà montrées disposées à cette démarche. « Quelle que soit l’issue du vote du 8 septembre, le 9, la question du budget restera la même », assume la responsable CFDT.
La CFDT ne négociera pas la suppression de deux jours fériés
Qu’importe le rapport de force qui se construit, François Bayrou reste droit dans ses bottes Si les députés lui accordent la confiance le 8 septembre, le premier ministre assure qu’un « effort spécifique pour les plus hauts revenus » sera demandé. « Les niches fiscales pour les ménages les plus riches et les grandes entreprises seront supprimées à chaque fois qu’elles sont inutiles », avec l’aide des commissions parlementaires, promet-il.
Un « rééquilibrage » que le locataire de Matignon souhaite en échange d’une simplification administrative. « Nous entendons plutôt flexibilisation du marché du travail, rétorque la numéro 1 cédétiste. Par ailleurs, le premier ministre se garde bien d’évoquer sa proposition de monétisation de la 5e semaine de congés payés. » En réponse et sous un tonnerre d’applaudissements, Marylise Léon a annoncé que sa confédération ne « sera pas autour de la table » pour négocier la suppression de deux jours fériés.
Ce jeudi, François Bayrou est attendu à la rencontre des entrepreneurs (REF), les universités d’été du Medef. « La relance passera par l’amélioration des conditions de travail », affecte-t-il. « Si c’est pour précariser, ce sera sans la CFDT », prévient Marylise Léon. Le locataire de Matignon conclut, plein d’audace : « Je serai votre porte-parole devant le Medef. »
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